C’est l’histoire d’une princesse qui refuse de devenir reine. L’anti-conte de fées vécu par Lady Di se résume dans le nouveau film de Pablo Larraín, qui s’était déjà attelé à montrer la détresse d’une icône dans Jackie en 2016. Sombre et angoissant, Spencer, disponible sur Amazon Prime Video le 17 janvier, nous ramène aux vacances de Noël infernales qui auront poussé la princesse de Galles à divorcer de son royal mari.
Perles, haute couture et grosse dépression
En 1991, Diana ronge son frein. Au bout du rouleau, devenue boulimique dans l’indifférence générale, épuisée par les paparazzi et les infidélités à peine cachées de Charles, elle rejoint sa belle-famille pour les fêtes de Noël à Sandringham, la demeure de la Reine au bord de la mer… et ville natale de la princesse. Du petit déjeuner au dîner, ses quatre tenues du jour (mention spéciale pour la robe blanche Chanel de l’affiche, sublime) sont prévues à l’avance pour elle, totalement privée de libre arbitre.
La cocotte minute est prête à exploser, et toute la Royal Family sur place le voit bien, d’Elizabeth à William et Harry en passant par le personnel. Alors, quand elle constate que son mari lui offre le même énorme collier de perles qu’à sa maîtresse (coucou Camilla, jamais loin et croisée plus tôt à la messe), la coupe est pleine. Le soir, Diana se perd dans la lecture d’une biographie d’Anne Boleyn, reine martyre épouse d’Henri VIII, et se compare, cherchant le moyen d’échapper au pire, elle, et d’épargner ses enfants.
Épatante Kristen Stewart
Très attendue au tournant après la performance remarquée d’Emma Corrin dans The Crown, l’Américaine Kristen Stewart (Twilight, Cafe Society) s’avère franchement bluffante dans les escarpins casse-gueule d’un mythe… anglais adoré de tous. Émouvante de mystère, de fragilité et de détermination à la fois, l’actrice sert ce tourbillon infernal, cette emprise qui a failli la rendre folle, avant de se ressaisir.
On la force à se peser (une tradition pendant les fêtes), à suivre les horaires imposés à la lettre, on l’espionne, on la traque jusque dans les frigos où elle vient se gaver, on l’empêche d’aller visiter la maison de son enfance, et, pire, elle n’a pas voix au chapitre quant à l’éducation de ses propres enfants. Princesse : une vie de rêve seulement pour celles qui rentrent dans le moule…
Qu’en a-t-on pensé ?
Si la performance de Kristen Stewart convainc, les autres personnages restent quasi inexistants, partant sans doute du principe que les spectateurs auront déjà déroulé leur avis à leur sujet avec The Crown. On aurait apprécié pouvoir se reposer sur des rôles forts en face et des dialogues plus poussés pour nous faire comprendre la détresse de Lady Di, plutôt que de tout miser sur une mise en scène à grosses ficelles (musique oppressante qui s’étire, regards en coin appuyés, hallucinations de science fiction…).
Seule Sally Hawkins (une des meilleures actrices du moment, géniale dans La forme de l’eau de Guillermo del Toro), se voit octroyer le joli rôle imaginaire de Maggie, habilleuse et confidente de Son Altesse Royale. Aussi, la complicité évidente avec ses enfants est joliment approchée, et l’on s’attache forcément à cette princesse seule contre tous au destin hors norme.
Disponible le 17 janvier sur Amazon Prime Video.
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