© Emila Medková - Jane Graverol
Quel meilleur endroit que le temple ultime des surréalistes et ancien atelier d’Émile Bernard, Suzanne Valadon ou encore Maurice Utrillo, pour accueillir l’exposition la plus captivante du moment ? Le musée Montmartre inaugure “Surréalisme au féminin ?”, une rétrospective consacrée aux oubliées de l’histoire de l’art qui pourraient bien avoir dépassé leurs pairs masculins en matière de technique et de créativité. On vous embarque à la découverte de ces femmes incroyables !
Le surréalisme à travers le monde
Piqûre de rappel : le mouvement surréaliste (1924 - 1969) se présente comme un courant artistique et littéraire ayant pour but de libérer la création de toute contrainte et logique. Historiens de l’art pointilleux s’abstenir : l’expo assume pleinement une version agrandie du mouvement, où les créations des femmes apparaissent parfois comme les plus audacieuses du surréalisme.
Elles exploitent avec brio des thématiques complexes (la féminité, le désir entravé, la nature, la politique…) et se démarquent par une pluralité de médiums utilisés dont la peinture, le collage et même le cinéma grâce au travail de Maya Deren. L’exposition présente plus d’une cinquantaine d’artistes de France, d’Angleterre, de Belgique ou encore du Danemark.
L’émancipation par l’art
En 1924, André Breton écrit le Manifeste du Surréalisme, règne en maître du mouvement et il est difficile pour les femmes de s’imposer entièrement dans le surréalisme : des figures très connues dans les années 50 - 60 sont pourtant effacées de l'histoire de l’art par les universitaires et galeristes car considérées comme de simples muses. Cependant, l’expo montre comment celles-ci ont innové, en se moquant aussi de leurs collègues hommes et en proposant des œuvres singulières, rarement vues dans d’autres musées.
On s’extasie devant le tableau d’Ithell Colquhoun “La cathédrale engloutie”, montrant un genou submergé dans une mer pastel, on s’émerveille d'une vitrine de clichés de la photographe tchèque Emila Medková et on rit devant l’accrochage érotique de Mimi Parent et Marcel Duchamp “Couple de tabliers”. Cerise sur le gâteau, la dernière salle montre comment ces femmes ont même dépassé le surréalisme en s’inspirant du mouvement abstrait, célèbre en Amérique et en Europe de l’Est au début du 20e siècle et développé à Paris dans les 50’s. Une expo non-conventionnelle au message hautement girl power qui fait plaisir à voir dans un musée.
Et après ?
On s’installe au sublimissime Jardin Renoir, avec une vue plongeante sur les vignes et les toits de Montmartre, pour savourer un goûter dans la cour du musée avec une part de cheesecake et un bon thé fumant.
Exposition “Surréalisme au Féminin ?” du 31 mars au 10 septembre. Ouvert tous les jours de 10h à 19h. 01 49 25 89 39. 15 €.
© Dorothea Tanning
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