“Disparus Brian Jones, Jim Morrison, Eddie Cochran, Buddy Holly…” On connaît la complainte de l’Ex-fan des sixties, petite baby doll, tristement chantée par une Jane Birkin pleurant ses idoles du rock’n’roll. Pourtant, passée la sidération d’un public à qui on avait vendu l’illusion d’êtres immortels et déifiés prématurément disparus, la scène rock connut une seconde déferlante inattendue qui allait marquer de façon fulgurante et irréversible la société : celle du glam rock.
Dans un excellent documentaire écrit et réalisé par Christophe Conte, ex-journaliste aux Inrocks et rock critic habité, Arte offre avec Glam rock, grandeur et décadence un voyage passionnant dans l’odyssée d’un mouvement glitter émancipateur.
Le glam rock, c’est quoi ?
Les Beatles sont séparés. Lennon est définitivement parti faire des “bed-ins” avec Yoko, Elvis met le cap à Vegas, Hendrix, Joplin et Morrison viennent de tirer leur révérence à 27 ans, laissant exsangue une génération portée par deux décennies tonitruantes et libératrices. Bref, après des années d’insouciance et de suprématie, le rock’n’roll a la gueule de bois. La télévision a pris place dans tous les salons, couleur en prime, et l’émission britannique Top of the pops, lancée en pleine explosion du rock anglais, se cherche de nouvelles figures. L’une des premières images du documentaire d’Arte montre un Marc Bolan over-chevelu, scintillant et maquillé, apparu sur les petits écrans d’un public qui, sans le savoir, accueillait alors les premières heures du glam rock. Entendez les cinq années qui virent se succéder Bowie, Elton John, Mick Ronson, Lou Reed, Alice Cooper, Roxy Music, Freddie Mercury et autant de morceaux devenus cultes qui firent le lit du mouvement punk qui lui succéda.
Une émancipation identitaire sur platform shoes
Outre le domaine purement musical, le glam rock est le témoin d’une autre mutation. Lorsque Bowie assume son androgynie et met en scène Ziggy Stardust, son double transgenre et transhumaniste, c’est toute une société qui se retrouve face à l’évidence d’une autre possibilité identitaire. The Kinks chantent ingénument que “les filles seront des garçons et les garçons des filles”, Alice Cooper clame qu’une identité alternative à la norme est possible. Les genres se floutent, des hommes ondulent en combis lamées, on assiste à une véritable révolution qui inspire aujourd’hui plus que jamais la scène artistique et la mode gaga de ce “croisement entre la fripe hippie et la mode bourgeoise issue des dandies du XIXe siècle, le tout monté sur des talons surdimensionnés et saupoudré de paillettes”.
La voix de Rebecca Manzoni
On ne saurait trop vous conseiller de plonger dans ces images d’archives habilement compilées, qui font osciller pendant 54 minutes entre trémoussement et nostalgie, le tout bercé par la voix envoûtante de Rebecca Manzoni, que les auditeurs de France Inter connaissent bien. Chaque matin, elle leur raconte à 7h24 la pop et les tubes and co avec la douceur acoustique requise en ces heures indues. Vendredi à 22h30, laissez-la mettre des paillettes dans votre nuit.
Documentaire Glam rock, grandeur et décadence. Diffusion vendredi 27 septembre à 22h30 sur Arte
En ligne du 20.09 au 25.11 sur arte.tv.
Découvrez aussi le nouveau film de Cédric Klapisch et Portrait de la jeune fille en feu.