Ça sent le sable chaud, le monoï et le sel qui colle à la peau. Le filtre “Chaleur” est activé sur Instagram. Bienvenue dans Une fille facile, le conte d’été de Rebecca Zlotowski (Planétarium, Belle Épine) mettant en scène la désormais actrice Zahia Dehar, enfin adoubée de son nom complet.
Celle qui fut “le cadeau d'anniversaire” de Franck Ribéry défraie à nouveau la chronique. Normal, la bombe emballe tous les critiques ciné depuis la présentation du film à la Quinzaine des réalisateurs.
C’est d’ailleurs à Cannes qu’elle donne la réplique à Mina Farid, Benoît Magimel et Nuno Lopes, sous le soleil exactement. Et pour cerner l’enjeu, une citation d’ouverture : “La chose la plus importante à toute la vie est le choix d’un métier : le hasard en dispose” - Blaise Pascal.
“Un film de pulsion, de soleil, de sexe et de plaisir” pour Rebecca Zlotowski
Naïma, 16 ans, vit chez sa maman à Cannes et ne se sépare pas de son BFF. À cet âge charnière, elle semble pour le moment vouloir travailler en cuisine ou comme actrice. Un été, sa cousine Sofia débarque dans sa vie. Plus âgée que Naïma, douce, gracieuse, bien roulée dans ses robes transparentes et parée d’accessoires griffés, elle prend en main l’initiation de sa protégée.
La beauté magnétique de Sofia leur ouvre les portes d’un yacht amarré sur le vieux port et habité pour les vacances par deux compères, qui les prennent rapidement sous leurs ailes. Naïma comprend vite que sa cousine est en fait une authentique michto, et se laisse progressivement séduire par son mode de vie.
Portraits de femmes
Comment ne pas fondre pour Sofia quand elle se lance naïvement dans un karaoké de L’amour à la plage et capte le regard du bel Andrès ? Dans Une fille facile, le duo complice Rebecca Zlotowski / Zahia Dehar pose la question du rapport de force entre hommes et femmes quant au sexe, à l’argent et à la culture. Si la star du casting irradie, elle ne vole jamais la vedette à la jeune Mina Farid, dont la jolie spontanéité jure parfois avec le cadre rodé de l’ex-escort.
Apothéose du film, le personnage de Clotilde Courau, la petite cinquantaine pimpante, reçoit les acolytes dans sa villa pour un déjeuner d’anthologie. Là, vexée par l’outrancière fraîcheur de Sofia, elle essaie de la coincer sur sa culture générale. No spoil ! Pour connaître l’issue de cette scène jouissive, il faudra réserver votre place...
Zahia, nouvelle icône
Comme hypnotisés, on découvre avec fascination cette véritable créature faite pour l’amour, dont la posture princière et la diction délicieusement anachronique évoquent immédiatement Brigitte Bardot.
Par ailleurs, s’il est une chose qu’on ne peut lui enlever, c’est la constance dans son discours. Depuis des années, et notamment lors de son interview classée culte C’est qui la pute ? pour Antidote en 2017, elle revendique sa liberté et un féminisme universel qui ne ferait pas de différence entre les femmes. Loin d’être une simple bimbo, Zahia incarne donc un savant mélange de glamour rétro et de prises de positions diablement modernes. Bref : une chic fille.
Une fille facile, en salles le 29 août.
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