Que vaut The Father, le film de Florian Zeller qui a raflé 2 Oscars ?

The Father

Comment imaginer que la première réalisation du dramaturge chéri de Saint-Germain-des-Prés rencontrerait un succès mondial ? C’est Robert Hirsch qui le jouait sur scène en France. Succès devenu international, Le Père, premier film de Florian Zeller, vient de rafler deux Oscars : meilleur scénario et meilleur acteur pour son magistral interprète Anthony Hopkins face à Olivia Colman, impériale. The Father est LA claque à voir ce printemps.

Oublier sa vie

Dans la solitude de son bel appartement londonien, les journées d’Anthony paraissent rythmées par ses petites habitudes de vieil homme. Ouvrir les rideaux, ranger les courses, écouter de l’opéra, préparer le thé. Sauf qu’ici, ce n’est pas chez lui. Il ne s’en souvient pas, mais il vient d’emménager chez sa fille Anne, qu’il voit rentrer mais ne reconnaît pas. Son mari ? Encore moins. Pire : les visages reconnus un jour semblent échangés avec d’autres le lendemain. “Nonsense”, se dit-il en VO, criant au complot.

À 81 ans, Anthony devient un fardeau. Crée des tensions entre les époux. Envoie balader les aides à domicile les plus patientes et bienveillantes. Mais surtout, il se rend bien compte que ce qui semblait réel hier n’a plus aucun sens aujourd’hui, et que c’est lui qui perd les pédales sans pouvoir rien y faire.

Un thriller psychologique

Pénétrant dans ce cerveau brillant souffrant de démence sénile - une forme d’alzheimer, le spectateur est lui-même trimballé entre les vérités des uns et les incohérences des autres, ne sachant plus qui croire.

Un peu comme Anthony, qui voudrait (se) faire confiance mais semble rattrapé par la raison qu’incarne son entourage en miroir de sa réalité. À la façon d’un thriller psychologique, Florian Zeller joue avec notre crédulité face à ce charismatique bonhomme aussi troublé que troublant. Qui croire ?

Le casting de ses rêves

Le dramaturge français ne rêvait que de ces deux-là pour incarner son binôme père-fille. Heureusement pour lui, Anthony Hopkins et Olivia Colman ont accepté le projet, séduits par la force de leurs personnages.

Bien leur en a pris : le Gallois s’en tire avec un Oscar évident du meilleur acteur, quand la Queen de The Crown offre des scènes absolument bouleversantes. Comme Benjamin Button qui redeviendrait petit garçon, le vieillard devient dépendant des autres, ne mérite pas ses gifles et pleure à chaudes larmes, jusqu’à déclencher les nôtres.

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