Le temps pourri qui persiste à Paris correspond finalement plutôt bien au nombre de films trop cool qui sortent au cinéma cet été. Entre des suites attendues, une comédie musicale démente, des œuvres épiques présentées – voire primées – à Cannes et déjà en salles ou des pépites restaurées qui reviennent sur grand écran, découvrez notre shortlist des films à booker absolument. À vos pass sanitaires !
Titane
On avait déjà un peu flippé devant Grave, le portrait gore d’une jeune étudiante en véto qui se découvrait des pulsions cannibales, ovationné par la Semaine de la Critique à Cannes. Titane, le nouveau film de Julia Ducournau, vient carrément de remporter la Palme d’Or et signe une nouvelle ère sous le signe de l’audace. Il faut dire que sous les traits de Vincent Lindon (plus gaulé que jamais) et surtout la novice Agathe Rousselle, cette satire radicale, dystopique et clivante, narre l’histoire abominable d’une femme à qui l’on a implanté une plaque de titane dans le crâne à la suite d’un accident. Devenue une danseuse / serial killeuse attirée par les voitures, elle tombe enceinte de l’une d’elle (oui, oui) et, pour échapper à la police, décide de se faire passer pour le fils disparu d’un pompier qui l’engage dans sa caserne. Un hommage évident au Crash de David Cronenberg qui ne vous laissera certainement pas de marbre, qu’on aime ou qu’on déteste.
En salles depuis 14 juillet
OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire
C’est probablement l’événement le plus attendu de l’été. La sortie du nouvel opus d’OSS 117 avec Nicolas Bedos derrière la caméra fait trépigner d’impatience les aficionados de Hubert Bonisseur de la Bath, dont les aventures sur grand écran ont été moult fois retardées par la crise sanitaire. Fichtre. L’heure a sonné, et Pierre Niney rejoint Jean Dujardin pour mener à bien une nouvelle mission : aider un dirigeant africain à se débarrasser de milices rebelles. Si certains regrettent le manque de risques dans les dialogues de l’espion affreusement raciste, homophobe et mysogine, les autres se réjouissent de ce nouveau binôme délicieusement barré.
En salles le 4 août
Benedetta
Ouf ! 4 ans après la fin de son tournage, Benedetta sort enfin au cinéma. 11 fois nommé à Cannes (mais rentré bredouille) et tiré d’une histoire vraie, le dernier film de Paul Verhoeven avec Virginie Efira, Charlotte Rampling, Daphné Patakia et Lambert Wilson joue sur l’ambiguïté d’une nonne que l’on soupçonne de péchés machiavéliques. Au XVIIe siècle, la peste fait rage en Italie. Sœur Benedetta Carlini enchaîne les miracles mais se fait repousser par sa communauté à mesure que son homosexualité s’affirme. Un drame sentimental qui fait déjà jaser pour ses scènes érotiques en milieu religieux et son affirmation d’une liberté sexuelle prônée depuis toujours par le réal’ néerlandais...
En salles le 9 juillet 2021
Kaamelott - Premier volet
Des années que les fans de la première heure l’attendaient. Alexandre Astier crée un véritable buzz autour de Kaamelott au cinéma, premier volet de ce qui s’annonce comme une trilogie. Joie. Pour accompagner le cast central du Royaume de Logres, à nouveau, les acteurs français les plus tordants pour coller à cet univers pythonesque, dont Alain Chabat, Géraldine Nakache, Christian Clavier, Guillaume Gallienne ou encore Clovis Cornillac, et même Sting en guest. Ou comment l’ex-Roi Arthur organise la résistance, dix ans après l’avènement au pouvoir de Lancelot du Lac. Drôle, grandiose et fidèle à l’esprit de la série : Kaamelott a carrément franchi le million d’entrées pour sa première semaine, à l’épreuve du pass sanitaire.
En salles le 21 juillet
In The Mood for Love
Le cinéma Le Balzac projette cet été et pour quelques séances seulement le chef-d’œuvre de Wong Kar-Wai, dans une copie restaurée 4K exceptionnelle. Primé à Cannes et aux César, la caméra voyeuse du directeur chinois suit la relation adultère de deux amants trompés chacun de leur côté, et qui tombent fous d’amour et de désir l’un pour l’autre dans le Hong Kong moite des années 60. Ou comment conjurer la solitude en réduisant la distance, et rendre le platonique diablement érotique. La photographie, la bande originale démente, la lumière et l’absence de scénario ont fait d’In The Mood For Love un film majeur, à (re)découvrir absolument.
En salles le 21 juillet
Annette
Neuf ans après Holy Motors, Leos Carax signe une étonnante comédie musicale qui a eu l’honneur d’ouvrir le dernier Festival de Cannes. Du nom de la petite fille du couple, Annette présente Marion Cotillard et Adam Driver formant un couple passionnel mais dysfonctionnel. L’un humoriste célèbre et l’autre grande cantatrice, tous deux sont animés par un profond besoin de reconnaissance, mais le chemin de leurs gloires se croise à mesure que l’une monte et l’autre descend. À voir en gardant en tête la prouesse de chansons enregistrées en live et l’onirisme à toute épreuve de Carax, réalisateur trop rare.
En salles le 7 juillet
© 2021 - UGC
The Suicide Squad
Que les déçus du premier film de 2016 se rassurent : rien à voir. On retrouve bien sûr dans The Suicide Squad le seul intérêt de cette version, à savoir Harley Quinn, la maîtresse du Joker totalement timbrée, incarnée par la malicieuse Margot Robbie. Au casting de cette nouvelle aventure cette fois signée James Gunn (Les gardiens de la galaxie), et donc bien plus punk et drôle (ouf) que la première, s’ajoutent carrément Idris Elba, le catcheur star John Cena, Sylvester Stallone (à la voix) et toujours Joel Kinnaman et Viola Davis. Le pitch ? Affublés d’une nouvelle mission par le gouvernement, les super-méchants sont extirpés de leur prison pour aller massacrer des guérilleros, néo-nazis et autres charmant ennemis dans la pampa d’une île lointaine. Les fans jubilent enfin...
En salles le 28 juillet
Bonne mère
Aussi à l’aise devant que derrière la caméra, la prolifique actrice Hafsia Herzi signe un second film en tant que réalisatrice, deux ans après Tu mérites un amour, qui avait été sélectionné à la Semaine de la critique à Cannes et à Angoulême. Cette fois présenté dans la catégorie Un certain regard, Bonne mère se situe dans les quartiers nord de Marseille où elle a elle-même grandi. Jeu de mot donc, le titre évoque à la fois ces racines sudistes et le caractère de son personnage principal, une matriarche qui cumule les jobs pour élever seule ses 5 enfants avec dignité, force et douceur, en attente du procès de son fils. L’actrice non-professionnelle Halima Benhamed n’aurait pas pu rêver d’incarner un rôle plus personnel et poignant pour cette première expérience.
En salles le 21 juillet
Space Jam : nouvelle ère
Les natif·ve·s des 90’s ont forcément été bercé·e·s par les improbables dialogues entre Bugs Bunny et Michael Jordan, stars de Space Jam, un film générationnel mélangeant animation et acteurs. L’équipe des Looney Tunes revient fouler le terrain de basket dans cette nouvelle aventure sportive décapante avec, cette fois, l’icône des Lakers LeBron James. Avec un débat d’actu en prime : le choix de désexualiser le personnage de Lola Bunny (dont la VF est campée par la chanteuse Angèle et par Zendaya en VO), véritable vamp en 1996 et dépourvue de sex-appeal en 2021. Les puristes s’insurgent, le réalisateur Malcolm D. Lee prône la modernité. Et toc...
En salles le 21 juillet
© 2021 - Warner Bros
Désigné Coupable
C’est le thriller judiciaire de l’été. Oublié des Oscars cette année, Kevin Macdonald (Le Dernier Roi d'Ecosse, Whitney) revient avec un casting badass (Tahar Rahim, Jodie Foster, Shailene Woodley, Benedict Cumberbatch en tête d’affiche) pour porter son adaptation d’une troublante histoire vraie. Ou comment Mohamedou Ould Slahi, capturé par le gouvernement américain, a été détenu à Guantanamo sans jugement ni inculpation. Soupçonné à tort d’être un cerveau d’Al-Qaïda, le repenti (dont le cousin était proche d’Oussama Ben Laden) a passé 14 ans derrière les barreaux, torturé et humilié. L’épopée judiciaire d’un innocent enfermé dans la pire prison du monde, à l’épreuve de la dignité humaine.
En salles le 14 juillet
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