Annoncé depuis plus de trois ans, Starmania, le mythique spectacle de Michel Berger et Luc Plamondon créé en 1979, renaît grâce à une équipe cinq étoiles à la Seine Musicale jusqu’au 29 janvier. Après trois heures de show dantesque, le verdict est sans appel : toutes les générations reprennent en cœur Les Uns contre les autres.
Une prophétie musicale
Qui n’a pas fredonné le temps d’une soirée karaoké Quand on arrive en ville, Le Monde est stone ou Le Blues du Businessman ? Devenue une véritable machine à tubes, on en oublierait presque l’histoire de Starmania. L’enfant chéri du théâtre français Thomas Jolly (éblouissant Richard III de Shakespeare et Thyeste de Sénèque) s’est replongé dans la dramaturgie originelle. Le metteur en scène, chargé de la cérémonie d’ouverture des JO 2024 à Paris, a ainsi retravaillé la profondeur narrative.
La dystopie d’hier a ainsi rejoint la réalité et les paroles qui étaient au futur se conjuguent désormais au présent. La montée des extrêmes droite, les catastrophes environnementales, les attentats terroristes, l’explosion de la téléréalité, les questions de genre : c’est fou de constater à quel point Michel Berger et Luc Plamondon avaient eu du flair quant aux futurs possibles du monde…
Amour, gloire et rock’n’ roll
Monopolis, une ville désertée par le soleil et déshumanisée, est le théâtre d’affrontements idéologiques et de chassés-croisés amoureux. Huit personnages partent en quête de reconnaissance et de pouvoir : Zéro Janvier, un mix de Donald Trump et d’Elon Musk, est en passe de gagner la présidentielle face à l’écolo new age Gourou Marabout (qui avait disparu des adaptations de 1988 et 1993). Pendant ce temps-là, Sadia et Johnny Rockfort organisent la rébellion depuis leur Q.G., l’Underground Café, où travaille la serveuse automate Marie-Jeanne, amoureuse en secret de Ziggy qui préfère les hommes et rêve de chanter dans l’émission Starmania, présentée par la solaire Cristal. L’action s’emballe quand cette star médiatique est enlevée par le gang des Étoiles Noires, et tombe amoureuse de Johnny. En parallèle, Zéro Janvier se rapproche de Stella Spotlight, une star du cinéma déchue au bord du suicide…
Un show tout feu, tout flamme
Raphaël Hamburger, le fils de France Gall et de Michel Berger, qui est à l’origine de ce projet pharaonique, voulait retrouver la profondeur tragique du premier Starmania. Mission accomplie : on assiste à une véritable tragédie contemporaine. Il faut dire que le fils s’est donné les moyens d’honorer la création paternelle. Avec une réorchestration menée de main de maître par Victor Le Masne, les chorégraphies physiques et fiévreuses de l’immense Sidi Larbi Cherkaoui, la scénographie surprenante d’Emmanuelle Favre, les costumes du D.A. de Vuitton Nicolas Ghesquière et l’incroyable light show de Thomas Dechandon (lives des Chemical Brothers), tout est réuni pour en mettre plein la vue… et les oreilles.
Jusqu’au 29 janvier, puis en tournée jusqu’en juin 2023.
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