Une expo flamboyante à l’Institut du Monde Arabe

L'Expo Baya à l'institut du monde arabe à Paris

C’est le shoot de beauté dont on avait besoin. L’Institut du Monde Arabe propose une rétrospective flamboyante et colorée de l'œuvre de Baya, l’artiste algérienne la plus singulière du XXe siècle. Zoom sur celle qui a conquis son époque grâce à son talent, son âme rayonnante de couleurs à la croisée des mythes orientaux et de l’imaginaire. L’exposition Femmes en leurs jardins révèle son œuvre florissante avec, pour toile de fond, une Algérie troublée, depuis la colonisation jusqu’à son indépendance.

Il était une fois les contes de Baya

Baya, artiste algérienne

Les œuvres de Baya sont très fortement imprégnées des contes populaires de son enfance. Son univers, à la fois onirique et enchanteur, se déploie à travers ses illustrations de femmes, de végétation, d’animaux et d’instruments de musique qui viennent frapper aux portes de l’imagination des visiteurs.

Le monde intérieur de Baya est riche, nourri par l’imaginaire collectif de son Algérie natale où elle y est le témoin des traditions qui lui sont inhérentes : les femmes qui travaillent la terre deviennent une source d’inspiration pour ses sculptures, et les contes transmis à l’oral selon le respect des traditions infusent dans les dessins de la jeune femme. Instantanément, on y retrouve son identité visuelle, son style et surtout son cœur.

Une œuvre solaire malgré sa condition

De son vrai nom Fatma Haddad, Baya connaît les difficultés de la période coloniale en Algérie. Enfant, elle n’est pas scolarisée mais révèle tous ses talents de création en apprenant à maîtriser seule le langage des formes et des couleurs : heureuses dans leurs jardins d’Eden, les femmes qu’elle peint sont sublimées par une palette de couleurs ultra-riche, et portent des vêtements dont la mise en abyme est si jolie que les robes deviennent des tableaux dans le tableau.

La route vers la notoriété

Marguerite Caminat (la mère adoptive de Baya) est persuadée du talent de sa petite protégée. Grâce à ses relations dans le monde culturel, l’art intime et épuré de Baya commence à séduire le Tout-Paris. Le galeriste Aimé Maeght est conquis, André Breton signe la préface du catalogue de son exposition, Vogue lui consacre une double page en 1948 signée par Edmonde Charles-Roux et Picasso est impressionné par ses sculptures lors d’un séjour à Vallauris

Le parcours de l’expo : chronologie et évolutions des toiles

L’enfance de Baya, ses premiers dessins, ses sculptures, ses toiles où les femmes sont reines, où le thème de la mère et l’enfant se dévoile à travers les yeux de la jeune orpheline : dans une seule et même grande pièce, les thèmes de prédilection de l’artiste s’offrent au regard avec une étonnante harmonie. Il faut dire qu’après la guerre, Baya ne se remet au travail qu’en 1963, consacrant les dernières années de sa vie à son œuvre, afin d’honorer ce “don qu’elle a reçu”. Le format de ses toiles s’agrandit, et les femmes sont désormais représentées en compagnie de fleurs, d’oiseaux et d’objets du quotidien comme les instruments de musique, des fruits, des meubles… mais toujours dans leurs jardins.

Baya, icône de la peinture algérienne, jusqu’au 26 mars 2023 à l’Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés Saint-Bernard, Paris 5e, ouvert du mardi au vendredi de 10h à 18h, tarif 6€, réservations en ligne conseillées

Et toujours...

L’extraordinaire expo de l’Institut du Monde Arabe

© La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan
© Laziz Hamani
Bienvenue dans les villes éternelles de de Samarcande, Boukhara et Khiva, lieux de rencontres uniques entre les peuples des steppes, de l’Inde, de la Perse, de la Chine et du monde arabo-musulman. À l’occasion de l’exposition Sur les routes de Samarcande, merveilles de soie et d’or, l’Institut du Monde Arabe accueille pour la première fois, du 23 novembre au 4 juin, de magnifiques pièces encore jamais exposées (costumes d’apparat nimbés d’or, bijoux…) comme une invitation au voyage et à l’enchantement.

Pouvoir et apparat

L’art du tapis en Ouzbékistan

C’est sous le règne de l’émir de Boukhara qu’est relancée la sériciculture (l’élevage de vers à soie), pratique grâce à laquelle les plus magnifiques ouvrages seront confectionnés. L’artisanat de luxe est né : au XIXe siècle, Boukhara (Ouzbékistan) devient la capitale de l’artisanat et de la broderie d’or, le zardozi.

L’exposition appelle à la déambulation à travers un dressing d’époque hyper luxe composé de calottes (costume traditionnel ouzbèke porté aussi bien par les femmes que par les hommes), et de robes talismaniques (portées à l’époque uniquement par les personnes de haut rang). Les apparats équestres, quant à eux, sont incroyablement somptueux : si le cheval est le prolongement de son cavalier, son équipement se doit d’être raffiné et ostentatoire, afin que sa puissance soit visible aux yeux de tous.

© La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan
© Laziz Hamani

Vestiaire féminin et habillage d’intérieur

bijoux confectionnés en turquoises, corail, argent ou pierres semi-précieuses.

Robes chemises, pantalons, camisoles, chapeaux, chaussures, foulards… Le vestiaire féminin se compose de plusieurs pièces à la coupe unique, mais c’est à la qualité du tissu qu’on distingue les classes sociales et aux couleurs qu’on devine le statut matrimonial de la femme. Cependant, le travail de l’artisanat autour de l’or est réservé aux hommes, car selon les croyances de l’époque, “L’or se ternit au contact des mains et du souffle d’une femme”... C’est pourquoi les bijoux des femmes sont plutôt confectionnés en turquoises, corail, argent ou pierres semi-précieuses.

Côté intérieur, les suzanis (qui désignent “faits à l’aiguille” en langue persane) sont de grandes pièces de tissus brodées de fils de soie, destinées aux décorations murales, aux couvertures de lits, taies d’oreillers ou rideaux. Ces créations uniques jouent le rôle de porte-bonheur et assurent une vie prospère et heureuse aux jeunes couples mariés. Le nombre et la qualité des suzanis à l’intérieur d’un foyer dépendent du statut social et de la famille.

En Ouzbékistan, l’art du tapis est maîtrisé depuis de nombreuses années. Ce sont les femmes, expertes dans le tissage de tapis et le feutrage, qui produisent les tapis pour l’aménagement et le confort domestique. Là encore, les motifs choisis ont pour vocation de d’assurer la protection de la maisonnée.

Sur les routes de Samarcande, merveilles de soie et d’or du 23 novembre au 4 juin à l’Institut du monde arabe, ouvert du mardi au vendredi de 10h à 18h et le samedi et dimanche de 10h à 19h réservations en ligne, tarif 12 €

© La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan
© Laziz Hamani

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