Breaking news ! Un roman inédit de Françoise Sagan débarque en librairie ! Non vous ne rêvez pas. Si l’écrivaine iconique est bien décédée en 2004, son fils Denis Westhoff a retrouvé un manuscrit inachevé dans les affaires de sa mère. Au programme : des notables de province caricaturaux, des hôpitaux psychiatriques, des mères maquerelles bienveillantes et des cabriolets qui roulent trop vite. Pourquoi vous allez adorer le phénomène saganesque de la rentrée :
Un roman 100% Sagan
Audace, humour grinçant, élégance : les accros à Sagan ne seront pas déçus. Soixante-cinq ans après Bonjour tristesse, l’écrivaine n’a rien perdu de sa plume caractéristique dans ce manuscrit qui dépeint le monde étriqué de notables de province obsédés par l’argent. Dans un récit hors du temps où il est illégal de refuser de coucher avec son mari, où les cabriolets roulent à toute vitesse et où les femmes sont soit idiotes, soit profiteuses, on retrouve avec joie le sarcasme acerbe du “charmant petit monstre”.
Une petite mise en bouche saganesque ? “... Il serait plus compliqué, et plus ennuyeux encore, d'expliquer pourquoi les Cresson eux-mêmes avaient fait leur fortune dans le cresson, les pois chiches et autres petits légumes (...) Ce sujet inintéressant demanderait, du moins à l'auteur, plus d'imagination que de mémoire.” Un pur régal.
Des personnages hilarants et caricaturaux
Comme à son habitude, Sagan ne fait pas de cadeau et n’épargne personne : ni les hommes, ni les femmes. Chez elle, les bourgeois sont exagérément snobs et les salauds particulièrement épouvantables : fils de Henri Cresson, un riche industriel antipathique ayant fait fortune dans les légumes, Ludovic se remet tout juste d’un grave accident de voiture après avoir passé injustement des années dans un hôpital psychiatrique, bourré de médicaments (doit-on y voir Sagan herself ?).
Persuadée d’avoir pour mari un désormais détraqué, sa femme Marie-Laure, une “sophistiquée sans culture” se moque de lui et se refuse obstinément à son lit tandis que Fanny, sa mère, ne reste pas insensible au charme de son gendre... Tous les personnages campent sur leur position au cœur de cette demeure aussi gigantesque qu’austère. C’est donc bien une Sagan indomptable que l’on retrouve dans ce roman rocambolesque et emprunt de désespoir où les gens vivent ensemble “comme des animaux de triste compagnie”.
Un trésor inespéré
Si le roman nous laisse malgré tout un petit goût d’inachevé, l’histoire du manuscrit suffirait à faire un bon pitch de bouquin. Dans la préface, Denis Westhoff, le fils de Françoise Sagan, raconte avoir découvert ce roman presque par miracle après que tous les biens de la romancière aient été vendus, donnés ou saisis. L’ouvrage avait été tellement photocopié que les contours des lettres étaient à peine lisibles. S’il reconnaît avoir retouché le roman, Denis a pris soin de laisser intact le style et le ton (reconnaissable entre mille) de sa mère. Un trésor inespéré et inattendu donc. Comme si de là-haut, l’intrépide Sagan continuait de jouer ses pirouettes inattendues, une clope à la main et un sourire aux lèvres.
Les Quatre coins du cœur, Françoise Sagan, Plon, 19€
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