Si les concours de mini miss et les enfants de stars ont presque toujours existé, l’explosion des réseaux sociaux a donné naissance à de nouvelles petites starlettes aux centaines de milliers de followers pour le meilleur… et souvent pour le pire. Dans trois romans qui ont le vent en poupe, Olivier Bourdeaut, Delphine de Vigan et Eliette Abécassis se penchent sur les dérives de la notoriété digitale chez les petits.
Florida d’Olivier Bourdeaut
Pour qui ? Les fans de Little Miss Sunshine.
Le pitch. À sept ans, pour la plus grande fierté de sa mère, Elizabeth remporte un concours de mini miss. Le début d’une descente aux enfers pour cette petite fille qui souhaite être autre chose que la poupée de sa mère obsédée par son physique. Lassée d’être coiffée, habillée, parfumée, maquillée, auto-bronzée pour tenter de monter sur la première marche du podium, Elizabeth décide de transformer son corps pour gagner en liberté. En grossissant à vue d’œil, en déformant son corps à outrance à coup de pompes, de tractions et d’abdos, Elizabeth en est sûre : elle ne sera plus la princesse de personne.
La morale de l’histoire. Dans un roman souvent hilarant, sans concession et génialement féroce avec les concours de mini miss, Olivier Bourdeaut prend à bras le corps le problème de l'objetisation et d’hypersexualisation des petites filles.
À travers le journal d’une vengeance à l’écriture crue voire trash, l’auteur nous envoie en pleine tête les conséquences désastreuses du culte du corps et de la beauté. À bon entendeur…
Florida de Olivier Bourdeaut chez Finitude (19 €)
© Serge Corrieras Opale Leemage
Les enfants sont rois de Delphine de Vigan
Pour qui ? Les adeptes de la téléréalité.
Le pitch. Lorsque Clara s’empare de l’enquête de la disparition de la petite Kimmy, la jeune policière découvre un monde tentaculaire qu’elle ignore : celui de la téléréalité d’Instagram et de Youtube qui met en scène des tout petits. Car la mère de l’enfant disparue, Mélanie, est suivie par des millions d’abonnés sur son compte Happy Récré sponsorisé par des marques pour enfant. L’objectif de cette mère de famille ? Gagner sa vie en filmant tous les instants du quotidien de ses progénitures Sammy et Kimmy. Des courses au repas en passant par le coucher, les internautes sont invités à interagir et à donner leur avis sur les stories et publications du compte Happy Récré. Qui peut bien en vouloir à cette famille apparemment parfaite et à cette mère qui ne souhaite que le meilleur à ses enfants ?
La morale de l’histoire. En revenant, au début de son roman-thriller, sur le célébrissime bain de foule de Loana sur les Champs à sa sortie du Loft en 2001, l’auteure star de Rien ne s’oppose à la nuit nous donne le ton. Car sans vous spoiler, on vous le donne en mille : les enfants de Mélanie, cette mère influenceuse, ne grandiront pas en adolescents ou en adultes équilibrés (cf Loana qu’on a connue en meilleure forme). Parce qu’il subsiste toujours un vide juridique sur les droits des enfants médiatisés dès leur plus jeune âge, Delphine de Vigan nous invite à redoubler de vigilance sur la course à la notoriété créée par les réseaux sociaux.
Les enfants sont rois de Delphine de Vigan chez Gallimard (20 €)
© Francesca Mantovani, Editions Gallimard
Instagrammable d’Eliette Abécassis
Pour qui ? Celles qui attendaient Les Liaisons dangereuses 2.0 ou une version parisienne de Gossip Girls.
Le pitch. Née au début des années 2000, Sacha est sur le point de commettre l’irréparable après la publication d’un mystérieux post Instagram. Fascinée par la famille Kardashian ou Chiara Ferragni aux 17 millions d’abonnés, le monde de cette jeune Parisienne des beaux quartiers réside dans son téléphone dont elle ne se sépare jamais. Comment Sacha peut-elle consoler son amie Lou lorsque sont diffusées sur Snapchat des images d’elle en pleins ébats sexuels ? Comment espérer sortir avec Jules, l’ex de Jade, la célèbre influenceuse aux 750 000 abonnés ? Pourquoi cette fameuse Jade s’intéresse-t-elle soudain à elle ?
La morale de l’histoire
En parlant de l’une de ses héroïnes aux nombreux followers, Eliette Abécassis résume l’absurdité de la spirale de notoriété créée par les réseaux sociaux : “Elle salue sa communauté telle une présentatrice son auditoire, une journaliste ses spectateurs, ou un mannequin vedette à la fin d’un défilé, car elle est tout cela à la fois, et pourtant elle n’est rien.”
Après avoir enquêté sur la question pendant plusieurs années, l’auteure et mère d’ado soulève une question vertigineuse sur laquelle la justice ne s’est presque pas encore penchée : comment la génération qui a grandi avec les réseaux sociaux pourrait-elle ne pas être dépassée par la violence et la dépendance qu’elle induit ? Un roman coup de poing efficace pour mettre en garde les parents sur cet univers inquiétant et encore trop peu connu des plus de trente ans.
Instagrammable de Eliette Abécassis chez Grasset (17 €)
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© Sam Taylor/Netflix