Elle est aujourd’hui la voix la plus écoutée du judaïsme libéral et l’une des seules (et premières) femmes à pratiquer le métier de rabbine en France. Dans son dernier ouvrage très médiatisé Réflexions sur la question antisémite, Delphine Horvilleur explore les origines de l’antisémitisme dans le monde et interroge son lien avec la misogynie.
Féministe, moderne et people, pourquoi cette femme de 45 ans fascine-t-elle son époque ? 3 choses à savoir sur cette rabbine qui a le vent en poupe.
Des débuts (très) loin de la religion
Née en 1974 à Nancy dans une famille juive traditionaliste mais pas trop (du genre à prendre la voiture le jour de shabbat pour aller à la synagogue, ce qui est interdit), Delphine Horvilleur a d’abord étudié la médecine en Israël et le journalisme. Diplômée de l’école de journalisme du CELSA dans les années 2000, elle devient stagiaire à Libération puis correspondante en Israël pour France 2.
Sauf qu’une idée lui trotte derrière la tête depuis quelque temps : persuadée de pouvoir communiquer par télépathie avec ses grands-parents, elle décide de quitter France Télévision afin d’étudier la Torah et le Talmud. Le problème ? Aucun centre d’études des textes à Paris n’accepte de femmes ! Qu’à cela ne tienne, ce rejet scellera le destin de cette passionnée qui s’envole aux States. C’est décidé, Delphine Horvilleur deviendra l’une des rares rabbines de France.
Une rabbine moderne et féministe
Symbole de la modernité religieuse, troisième femme à être devenue rabbine en France, Delphine Horvilleur n’hésite pas à s’engager pour faire une meilleure place aux femmes dans les religions monothéistes. Sa propre expérience en est l’exemple parfait : le jour de sa prise de fonction dans la synagogue de Beaugrenelle en 2008, alors que les fidèles les plus âgés étaient déjà peu enclins à accepter une femme comme rabbin, Delphine Horvilleur s’est présentée avec... un bébé dans le ventre !
Of course, sa défense du mariage pour tous, son combat pour l’égalité homme-femme (les hommes et les femmes prient même ensemble dans sa synagogue du 15e arrondissement) et son ouverture d’esprit sur les mariages inter-religieux font sacrément grincer des dents dans le milieu religieux. Vous avez dit poussiéreux?
La rabbine des people sur tous les fronts
En plus d’être rabbine, directrice de rédaction de la revue Tenou’a, maître de conférence, philosophe et écrivaine, Delphine Horvilleur est également mère de trois enfants. Sa large couverture médiatique, elle la doit à son intérêt pour toutes les communautés (et pas seulement la sienne) et sa balade entre différents univers. Comme ses amis Caroline Fourest ou Raphaël Enthoven, la rabbine se bat pour l’universalisme, lutte contre le communautarisme et la compétition victimaire.
Résultat : tous les people se bousculent pour l’avoir lors de leurs cérémonies religieuses. Dernièrement, la rabbine a officié lors de l’enterrement de Sonia Rykiel, Elsa Cayat (la psy de Charlie Hebdo), Emmanuèle Bernheim ou encore la cinéaste rescapée d’Auschwitz Marceline Loridan-Ivens. Bref, difficile de ne pas admirer cette wonderwoman.
Réflexions sur la question antisémite, Delphine Horvilleur, Grasset, 16€
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