Qui a dit que les bons livres drôles ne couraient pas les rues ? Si cette rentrée littéraire est aussi belle que sombre, une petite pépite d’humour s’est invitée dans les 481 romans sortis cet hiver. Dans Les magnolias, Florent Oiseau réussit l’exploit de nous faire rire à gorge déployée en nous parlant de vieillesse, de précarité et de secrets de famille… Trois raisons pour se jeter sur ce drôle de bijou.
Un livre qui redonne le sourire
Pour Florent Oiseau, aucun doute : on peut bien rire de tout. Y compris de la fin de vie, des maisons de retraite, de l’ennui ou de la pauvreté. Parce que personne ne l’appelle pour lui proposer ne serait-ce qu’un rôle de cadavre dans une série télé, Alain occupe ses journées à lister des noms de poneys imaginaires, à gérer son ami Rico obsédé par les sandwichs beurre-flageolets ou à rendre visite à la voluptueuse Rosie dans sa camionnette. Le jour où une surprise l’attend dans la maison de retraite des Magnolias qu’il explore tous les dimanches, la vie d’Alain s’apprête à prendre un nouveau tournant : sa grand-mère lui demande soudainement de l’aide pour mourir… avant d’oublier sa requête le lendemain.
À peine le temps de reprendre son souffle que le roman nous réserve des tournants de plus en plus absurdes…. Un délice.
Légèreté versus profondeur
En abordant, avec un humour mordant, les sujets qui effraient à peu près la totalité de l’humanité, le jeune auteur dégoupille la grenade autant qu’il dédramatise nos pires angoisses. La vieillesse est ainsi incarnée par une grand-mère punk à la vie passée rock’n’roll, la dépression par un vieil oncle qui n’aime “qu’écrire et maudire l’humanité”, la précarité par un narrateur malgré tout amoureux de la vie “au point d’en adorer ses désillusions”. Avec une plume en dentelle et des personnages irrésistibles, le roman parvient à nous faire sourire au désespoir. Une maîtrise de haute volée pour un auteur de seulement vingt-neuf ans.
Un mélange dosé de Desproges, Houellebecq et Dubois
En plus d’être drôle, la plume de cette jeune pousse prometteuse flirte déjà avec celles des plus grands. Tandis que son cynisme croustillant nous rappelle l’humour noir de Pierre Desproges, Alain, le narrateur-looser est aussi étrangement attachant que les personnages paumés de Michel Houellebecq. Cerise sur le gâteau, la philosophie qui émane malgré tout des sujets graves abordés dans le livre nous fait penser à la sagesse de Jean-Paul Dubois et de son dernier roman couronné du Prix Goncourt, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon. Fabuleusement lumineux.
Les magnolias, Florent Oiseau, Allary Editions, 17,90 €
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