Tout Paris en parle et pour cause : en racontant, avec une plume divinement dosée, la révolte d’une quinquagénaire contre le patriarcat et le capitalisme, le nouveau roman de Nina Bouraoui jette un pavé dans la marre. D’abord écrit pour une pièce de théâtre, on vous explique pourquoi Otages est à lire de toute urgence.
Une intrigue coup de poing
Depuis que son mari l’a quittée, Sylvie rumine. Cette mère de deux enfants, ouvrière dans une entreprise de caoutchouc, noyée par la charge mentale, ne supporte plus d’étouffer la violence qui gronde au fond d’elle. C’est pour se libérer des injonctions liées à son sexe et à sa condition qu’elle décide de dire non, jusqu’à commettre un acte irréparable. La force de Nina Bouraoui dans son dernier roman ? Créer un personnage dans lequel il est difficile de ne pas se reconnaître en tant que femme.
Une plume singulière
C’est à travers une écriture fluide que l’auteur de Mes mauvaises pensées sait frapper là où ça fait mal. Loin d’une plume purement incisive, Nina Bouraoui nous promène (presque) tranquillement avant de porter son coup ultime (on ne peut pas en dire plus sans vous spoiler)... jusqu’à nous mettre K.O.
Un réquisitoire contre la violence faite aux femmes
Plutôt que de se contenter de sa plume puissante et de son art du récit maîtrisé à la perfection, l’auteur franco-algérienne nous livre aussi un roman social de haute volée. En creusant le quotidien de plus en plus lourd de Sylvie, on découvre au fil des pages un réquisitoire contre un patron harceleur, un mari parti soudainement, un inconnu violent sexuellement, un silence trop pesant... Bref, l’occasion d’explorer l’air de rien l’éternel déséquilibre du rapport de force hommes-femmes.
Otages de Nina Bouraoui, Roman, JC Lattès, 170 pages, 18 €
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