En bonne Parisienne, vous savez qu’il est difficile de se présenter à un dîner sans connaître un seul titre des 567 romans de la rentrée littéraire. Pire, pour être au comble du chic, il faut connaître LES livres à lire, du nouveau Samuel Benchetrit à Salman Rushdie en passant par Christophe Boltanski. Ça vous dit un petit pense-bête ? Ce qu’il faut dire même si vous n’avez pas lu ces pépites du moment :
Le livre le plus branché : Reviens de Samuel Benchetrit
À moins d’avoir passé vos vacances dans une campagne paumée sans réseau ni wifi, vous savez que Samuel Benchetrit vient de se marier à notre Vanessa Paradis nationale. Si cette raison ne vous suffit pas à lire le dernier roman de l’auteur-réalisateur, sachez qu’il faut avoir lu Reviens ne serait-ce que pour avoir une référence d’un livre hilarant. Car en plus d’être l’homme du moment, Samuel Benchetrit sait faire preuve d’un humour fin et grinçant dans son roman entre fiction et auto-fiction où il raconte le quotidien plus que bancal d’un écrivain en panne. Fasciné par la téléréalité (et plus particulièrement Quatre mariages et une lune de miel sur TF1), harcelé par son ex-femme inquiète pour leur fils parti faire le tour du monde, incapable d’écrire son manuscrit sur Pline l’ancien, amoureux d’une infirmière bègue... Le narrateur (auteur ?) nous replonge dans l’univers si particulier de Samuel Benchetrit qu’on avait déjà adoré dans La nuit avec ma femme (2016).
Reviens, Samuel Benchetrit, Grasset, 252 pages, 19 €
Le livre le plus intello: Le guetteur de Christophe Boltanski
Après La Cache (2015) qui avait obtenu le prix Femina et présentait Myriam, l’autoritaire grand-mère de Christophe himself, le journaliste va cette fois creuser du côté de sa mère Françoise qui, après sa mort, se présente à lui comme une énigme. Vieille dame nerveuse, esseulée et paranoïaque, Christophe découvre la triste fin de vie de sa mère à qui il n’a pas assez rendu visite. En faisant le tri dans ses affaires, il découvre des ébauches de romans noirs. Pourquoi sa mère n’a-t-elle pas continué à écrire ? En parallèle, telles des pièces de puzzle qui se rassemblent, la trame narrative retrace la jeunesse d’une certaine Françoise, une étudiante fermement engagée dans les rangs du FLN au début des années 1960... On découvre au fil des pages, et grâce à l’habile construction du roman, le passé de cette femme que son propre fils ignorait, les secrets puissants d’une si proche inconnue.
Le guetteur, Christophe Boltanski, Stock, 288 pages, 19 €
Le livre le plus politique : La maison Golden de Salman Rushdie
Règle numéro 1 : vous ne pouvez pas ignorer l’existence de Salman Rushdie, auteur britannique culte des Versets sataniques (1988) qui lui a valu (et lui vaut toujours) une fatwa. Pourquoi est-il un auteur culte ? Déjà parce qu’il est devenu la tête de proue de la lutte contre l’obscurantisme religieux, ensuite parce qu’il est à l’origine d’un nouveau genre littéraire, le « réalisme magique » qui mêle réalité, mythe, et fantaisie. Une fois ce petit récap bien en tête, feignez d’avoir lu le dernier-né de cet auteur en lisant (et en mémorisant) ceci: La maison Golden n’est ni plus ni moins une satire politique des États-Unis. À travers une histoire autour d’une riche famille indienne (un père et ses trois fils) exilée à New York, l’auteur balaye le climat politique et économique de l’Amérique, d’Obama à Trump en passant par sa femme Melania (incarnée par une jeune russe qui se marie avec le père pour son argent). Avec une touche de fantastique qui ajoute de la dimension au réel, Salman Rushdie n’y va pas de main morte pour caricaturer des individus obsédés par l’argent, dénués de toute conscience morale et politique. Le résultat ? Une œuvre brillante qui interroge intelligemment l’identité, la vérité et le mensonge.
La maison golden, Salman Rushdie, Actes Sud, 416 pages, 23 €
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