La rentrée littéraire des Parisiennes

Livres à lire en janvier

Qui dit rentrée littéraire dit plus de 500 nouveautés, soit des centaines d’auteurs à la plume bien affirmée. Pas de panique, la team Do It in Paris s’est chargée de faire le tri parmi ces tas de belles surprises. La promesse de Camille Laurens, le récit poignant d’un père endeuillé signé Philippe Besson, un nouveau témoignage intime pour Vanessa Springora, une incursion passionnante dans les archives de la maison Chaumet… Les découvertes à lire absolument, c’est par ici que ça se passe !

 

Un roman feel good qui infiltre le milieu de l’influence 

Les Influentes d’Adèle Bréau 

Le bon bouquin : Les Influentes d’Adèle Bréau 

Le pitch : Anne, une mère de famille dont la petite entreprise consiste à vendre ses créations cousues main, voit sa vie chamboulée quand Beyoncé s’affiche avec l’une de ses combishorts. Blanche, la rédac’ chef de l’immense magazine Attitude, la repère immédiatement et met le grappin sur sa célébrité montante. Dans un monde de plus en plus régi par les réseaux sociaux, Myrtille, jeune styliste dans l’ère de son temps, se rend bien compte qu’il faut se mettre à la page et promouvoir les jeunes talents avec les outils du moment.

À grands coups de lives sur Insta, de stories, de crossposts et de hashtags, le monde de l’influence infiltre celui de la mode. Mais quand vous faites collaborer une maman qui n’aime pas vraiment être sous le feu des projecteurs, une rédac’ chef conservatrice qui abhorre les influenceurs sans talent et une styliste toute fraîchement débarquée dans le milieu à l’occasion de la Paris Fashion Week, ce sont trois mondes très différents qui se fritent, pour le meilleur et pour le pire. 

Pourquoi vous allez adorer ? Quelle que soit votre vie, il est possible de retrouver un peu de soi dans les personnages de Blanche, Anne et Myrtille. L’interconnexion des vies, des aspirations et des talents des Influentes nous rappelle La Tresse de Laetitia Colombani et ses récits de la vie de trois femmes fortes qui s'entrelacent. Et qui mieux qu’Adèle Bréau, directrice de la mode chez Gala et auteure du très remarqué L’Heure des Femmes paru en 2023, pour délivrer avec autant de malice un portrait de la fashionsphère ? On se faufile avec elle dans les coulisses des grandes rédactions de magazines et au sein des évènements les plus courus, au fil d’un récit tantôt critique (tant vis-à-vis des influenceurs que des rédacs’ à l’ancienne), tantôt nostalgique de ce milieu fait de strass et de paillettes, faisant de son roman un petit bonbon franchement drôle et édifiant. 

 

Splendeur et misères au cœur de la Place Vendôme

Briller de Laurence Cossé

Le bon bouquin : Briller de Laurence Cossé

Le pitch. Les bijoux de Marie-Étienne Nitot pour Napoléon, les joyaux des Dolly Sisters, le diadème soleil de la princesse Irina Youssoupoff, nièce du tsar Nicolas II ou encore les émeraudes des princesses Romanov : ces trésors sont tous issus d’une seule et même maison de haute-joaillerie à l’histoire truffée d'anecdotes. Fondé en 1780 par Marie-Étienne Nitot, Chaumet n’a, dès lors, cessé de passer entre les mains de familles de passionnés : les Nitot de l’Empire, les Fossin de la Restauration, les Morel du second Empire, et bien sûr les Chaumet dès 1889.
La maison se fait la gardienne d’un savoir-faire hors du commun mais aussi de tout un tas de secrets confiés par leur clientèle. L’histoire de Chaumet est aussi entachée par une flopée de disparitions : les pierres précieuses des joyaux de la Couronne, en partie dérobées en 1792 puis vendues et dispersées en 1887, les parures napoléoniennes fondues ou remontées sous la Restauration… Il  faut dire que la vie d’un bijou est riche en mésaventures, et c’est ce qui fait le délice et l’imprévisible de ce voyage dans le temps.

Pourquoi vous allez adorer ? Après avoir imaginé une librairie idéale qui ne vendrait que des chefs-d’oeuvre dans Au bon roman ou encore de s’être penchée sur la construction de l‘Arche de La Défense, enjeu de luttes politiques inimaginables, avec La Grande Arche, Laurence Cossé s’invite entre les murs d’une maison de haute-joaillerie parisienne. Fort d’une documentation ultra-pointue, résultat de recherches poussées parmi les archives de la maison Chaumet, le roman fait revivre des personnalités brillantes de l'Empire à nos jours dans un jeu de récits aussi historique que romanesque. L’auteure nous plonge sans mal dans les coulisses de cette fabuleuse épopée familiale qui illumine la place Vendôme depuis 1780.  

 

Un roman cruel sur l’amour et ses désillusions

 La promesse de Camille Laurens

Le bon bouquin : La promesse de Camille Laurens

Le pitch. Ce roman commence par la fin, par ses dernières lignes. Claire y découvre la preuve, celle que l’on attend tout le récit. Pourquoi commencer par la fin, demanderez-vous ? Parce qu’elle permet de dérouler aisément la suite, même si par là, la narratrice rompt une promesse. Reprenons là où tout à commencé, lors de ce dîner aux chandelles, alors que Claire fait une promesse à son amant, une promesse qu’elle sait d’avance qu’elle ne tiendra pas. Et là où tout se termine : devant un tribunal. 

Mais comment Claire Lancel se retrouve-t-elle à raconter son histoire devant la justice ? Rien de plus simple : c’est le début puis la fin d’un couple, mais en accéléré. Une histoire d’amour qui aurait pu être sensationnelle si seulement il n’y avait pas eu tous ces mensonges et ces manipulations. Entre Claire et Gilles, ça a été le coup de foudre puis rapidement la désillusion, la découverte de l’amour masculin pervers, et puis il ne reste plus rien, à part peut être une question : “Ce que nous avions vécu, était-ce de l'amour ?

Pourquoi vous allez adorer ? Camille Laurens n’en est plus à son coup d’essai, son nom résonne sur la scène littéraire depuis la sortie de son premier roman Index en 1991. Avant La promesse, il y avait Fille, dans lequel l’auteure aborde avec douceur la transmission aux femmes et l’importance des mots dans leur construction. Ici, l'écrivaine déploie la tension d’un thriller et nous entraîne dans la quête de vérité de l’héroïne. De son style incisif, Camille Laurens raconte un couple, son ascension et sa chute, et questionne ainsi le narcissisme contemporain, l’absence d’empathie, mais aussi ces yeux que l’on ferme quand tout devient moche.

 

Le récit d’une quête identitaire hors du commun

Patronyme de Vanessa Springora

Le bon bouquin : Patronyme de Vanessa Springora

Le pitch. Tu écris un livre sur ton père ? Tu es bien tolérante, après tout ce que t'a fait ce salopard !” Et pourtant, c’est le récit dans lequel se lance Vanessa Springora à la mort de celui-ci. Alors qu’elle est en route pour La Grande Librairie, elle est appelée pour venir identifier le corps sans vie de son père, qu’elle n’a pas vu depuis 10 ans. Un homme toxique, mythomane, hypermnésique et misanthrope qui, dans ses dernières années, avait plongé dans la folie. Alors qu’elle s’apprête à vider les 35 m² qu'occupait Patrick Springora, l’auteure se heurte à une découverte des plus étranges : deux photos, datant de la fin des années 1930, de son grand-père paternel portant les insignes nazis. Horrifiée, elle se lance dans une quête de vérité. 

Mais qui était vraiment ce “réfugié tchécoslovaque qu’on m’a toujours présenté comme un héros” ? Elle lance ses filets en Tchéquie, d'où son grand-père est originaire, interroge les archives allemandes, débusque des témoins en Moravie, fouille son passé français, le tout dans une quête d’identité quasi obsessionnelle. De petites avancées en grands découragements, en passant par des doutes, des réflexions et des impasses, l’auteure livre le récit de son enquête généalogique. Le travail est titanesque, mais le compte rendu est sublime ! 

Pourquoi vous allez adorer ? Le nom de Vanessa Springora n’est plus inconnu depuis son premier roman Le consentement, témoignage d’une relation d’emprise lorsqu’elle  avait 14 ans avec le célèbre écrivain Gabriel Matzneff : un texte fulgurant qui avait permis de faire bouger la justice française. Avec Patronyme, l’auteure livre de nouveau une quête intime, alternant fiction et analyse, récit de voyage et légendes familiales. Elle interroge le mythe de ses origines, les péripéties de son nom de famille, le mystère entourant les figures masculines de son enfance et dénonce la puissance dévastatrice du non-dit.

 

Un roman puissant sur le harcèlement scolaire

Vous parlez de mon fils de Philippe Besson

Le bon bouquin :Vous parlez de mon fils de Philippe Besson

Le pitch. Pourquoi Hugo a-t-il perdu pied face aux persécutions de deux gamins stupides et cruels ? C’est la question que se pose Vincent, alors qu’il suit le cortège de personnes venues honorer la mémoire d’Hugo, son fils de quatorze ans. Entouré de sa femme Juliette et de leur fils cadet Enzo, et alors que la “marche blanche” suit son cours dans les rues de Saint-Nazaire, le père de famille se laisse aller à un dialogue intérieur. 

Vincent se remémore “La première fois qu'elle m'a glissé à l'oreille : ‘Je crois qu'il se passe quelque chose avec Hugo, il n'est pas bien’”, et puis déroule les souvenirs de l’enfer vécu par son fils, l'inexorable montée de la cruauté gratuite, le harcèlement et le mal-être. Les questions s’entremêlent : quelle est leur part de responsabilité ? En quoi ont-ils failli, lui et Juliette ? Et surtout, comment pardonner la bêtise et la violence des harceleurs, la lâcheté de l'institution ? 

Pourquoi vous allez adorer ? Philippe Besson, à qui l’on doit déjà L'Enfant d'octobre, qui retrace l’affaire Grégory, Les Jours fragiles, centré sur les derniers jours d’Arthur Rimbaud, ou encore Un soir d’été, sur un fait divers jamais résolu sur l’île de Ré, a l’art et la manière de raconter des histoires bouleversantes. Avec Vous parlez de mon fils, l’auteur dresse un puissant réquisitoire contre l’un des pires fléaux de notre époque : la violence ordinaire. En nous dévoilant ses pensées les plus intimes, le narrateur analyse l’intolérance, les mécanismes du harcèlement, les failles de l’institution scolaire, l’impuissance des adultes mais aussi le deuil et les complexités des relations familiales. 

Découvrez aussi les films à voir pour bien commencer l’année et les séries de janvier à ne pas rater



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