L’Amour sous algorithme s'affiche comme le documentaire le plus grisant jamais imaginé à propos d’une application de rencontres. Librement adapté du livre éponyme de la journaliste Judith Duportail dont l’enquête a secoué Tinder en 2019, ce docu réalisé par Jérôme Clément-Wilz défie les lois techniques de l’application la plus rentable de l’Apple Store et fait ainsi le constat de nos amours contemporains à l'heure de #metoo et de la crise sanitaire.
Une enquête choc et ultra-rodée
Si, sur le papier, Tinder se targue d’être une entreprise progressiste et engagée, la réalité est toute autre. Discrimination, misogynie, stéréotypes, sexisme... À y regarder de plus près, l’application est la reine des normes de genre, du male gaze et des inégalités. Comment se fait-il que personne ne s’y soit jamais frotté ?
“La femme qui a osé défier Tinder”, titrait The Times. Il fallait une journaliste aussi forte et téméraire que Judith Duportail, qui pour les besoins de son enquête, a bravé les menaces et lobbys d’une multinationale hyper puissante, pour récupérer le brevet de l’application mais aussi les quelques huit cents pages de dialogues induites par ses quatre années d'utilisation régulière.
Dans son livre L’Amour sous Algorithme, publié aux Editions Goutte d’Or en 2019, cette Carrie Bradshaw 2.0 explique comment elle a réussi à récupérer l’intégralité des données récoltées à son propos par Tinder, afin de décortiquer ses rencontres, ses refus, ses tentatives, ses échecs… et ainsi cracker les secrets les mieux gardés de l’application.
Un réalisateur accro aux sujets sociétaux
Comme le livre avant lui, ce super-docu fait toute la lumière sur le fonctionnement de Tinder et explore l’impact de ce dernier sur nos vies privées. Brillamment réalisé par Jérôme Clément-Wilz, amateur de documentaires chocs sur des phénomènes de société comme l’alcoolisme avec Voyage au cœur de l’alcoolisme, les soirées clandestines avec Quand tout le monde dort, la religion ou encore, ici, la sexualité, L’Amour sous algorithme vient s’inscrire dans la lignée des autres réalisations troublantes du cinéphile.
Ce film assez terrifiant retrace une rencontre banale du XXIe siècle, à travers un rendez-vous donné sur Tinder par une femme. Ce mini-documentaire de 50 minutes doit son efficacité à sa bande-son, imaginée par Rone, maître de la musique électronique, et à son décor futuriste, filmé à l’espace Niemeyer dans le 19e arrondissement de Paris.
Le pitch d’une rencontre
Le documentaire décortique en particulier l’une de ses rencontres, soigneusement consignée par l’app : le fameux “Match 664”. Il est 8h45, le 22 février 2017, lorsque Judith se décide à chatter sur Tinder : “Rapporte-moi un café et un orgasme”, lui envoie-t-elle.
On plonge alors de manière vertigineuse dans l’univers intérieur et fantasmé de cette utilisatrice hors pair, entre ses doutes, ses espoirs, ses craintes mais aussi ses très nombreux questionnements : “Va-t-il me trouver cool ? Est-il particulièrement beau ou simplement photogénique ?”… Autant d’interrogations qui trottent inévitablement dans les têtes des utilisateurs et utilisatrices de l’appli.
Algorithmicien, sociologue, P.D.G. d’une appli de rencontre, professeur, journaliste data… Des spécialistes se penchent ensuite sur “le cas Judith” pour en dénicher les secrets les mieux gardés. Pour la petite histoire, le “match 664” sera consommé. Quant à l’orgasme, on repassera…
L’Amour sous algorithme, disponible sur francetv
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