Rencontre avec Sophie Guillon, Directrice Général de Valmont

Interview de Sophie Guillon, directrice générale de Valmont

Sophie Guillon a 31 ans dans le métier, vous explique sans sourciller que son instinct vaut toutes les études de marché. Et comment ne pas la croire ? Valmont s’est propulsé parmi les marques beauté les plus successful avec plus de 60 personnes au siège social et 120 références distribuées dans 52 pays. Alors qu’elle s’apprête à ouvrir une Maison Valmont qui mixe art et beauté à Paris, cette active-woman revient sur sa carrière et ses conseils pro.

Comment êtes-vous tombée dans la crème ?

Je suis intéressée depuis toute petite par le processus de fabrication des produits. Je touchais, j'écrasais, je disséquais, je démontais tout. J’ai fait des études de business spécialisation marketing international, j’ai commencé à travailler chez Sanofi Beauté en tant que responsable de l’export. Trois ans après notre rencontre à Paris, je suis partie rejoindre mon mari qui est Suisse. J’ai continué de travailler pour Yves Saint Laurent Beauté. Evidemment, pour une Parisienne, la Suisse n’est pas forcément un choix immédiat.

Comment êtes-vous arrivée à la tête de Valmont ?

Au bout de 7 ans et avec deux enfants en bas âge, j’ai quitté Yves Saint Laurent. En 2000, j’ai rejoint à temps partiel l’entreprise de mon mari - que son père avait racheté. J’ai vu l’état des projets et c’est vite devenu un temps plein.

La société était déjà dynamique. En arrivant dans l’entreprise, mon mari a développé l’export, consolidé les affaires... Nous sommes deux hyperactifs. Il a fait passer la société de 4-5 marchés à une quinzaine en 10 ans. Et moi je suis passée d’une gamme de 15 produits à 120… Et c’est vrai que depuis 3 ans, on sent un véritable engouement pour Valmont.

Travailler avec son mari, c’est compliqué ?

C’est bien mais difficile au départ. Il faut savoir définir les territoires de chacun en priorité, puis tout devient facile. Les produits, la technique, la com’, c’est mon domaine, lui c’est la Direction Artistique. Mon mari, qui dirige aussi la Fondation Valmont, est un artiste.

Comment prenez-vous le tournant du digital ?

Je crois énormément au “Brick and Click” en continuant à miser sur les cabines et l'expérience. On s’est fait connaître avec les esthéticiennes et les instituts de beauté, Françoise Morris, notamment, puis par les spas by Valmont.

Cela dit, aujourd'hui, tout passe par Internet et les réseaux sociaux. On vient de mettre en ligne 13 sites e-commerce cette année, ça a été les 12 travaux de Valmont ! Le plus difficile, ça a été la Chine populaire avec la barrière de la langue et de la technique.

Pour les réseaux sociaux, entre les photos d’inspirations, les tutos, Instagram, le travail avec les agents d'influenceurs... On a recruté 6 personnes juste pour ça !

Pouvez-vous définir les valeurs de Valmont ?

L’amour de la qualité, et de la promesse tenue. On a longtemps flirté entre la cosmétologie et le médical. Une chose est sûre : quand vous commencez à utiliser des produits Valmont ça se voit, lorsque vous arrêtez, ça se voit aussi… Donc vous ne pouvez jamais arrêter !

Comment définir la clé de votre succès ?

L’authenticité ! Les gens sentent une sincérité. Ça peut vous paraître fou, mais je travaille sans études de marché, je fonctionne à l’instinct, je sais ce qui va marcher ! Et ça fonctionne... Au fond, je fais de la sociologie appliquée. Je pense mes produits en pensant aux femmes. Je n’hésite pas à faire rectifier des formules a priori parfaites, mais qui ne correspondent pas à mon intuition…

Les Parisiennes aiment la tendresse. Les Russes, elles, ne sont pas tendres : elles veulent de l’efficacité. Les Asiatiques sont très techniques, prêtes à dépenser beaucoup mais à condition d’avoir des produits qui tiennent leurs promesses. Je fais des produits pour toutes ces femmes.

Le crédo de la marque ?

Au départ, c’était ”bien vieillir”. Vingt ans plus tard, c’est “ vieillir avec bonheur”.

Que diriez-vous à une femme qui accepte mal ses premières rides ?

Le bonheur vient de l'intérieur, il ne vient pas de la peau… Les crèmes ne sont pas un produit miracle, elles donnent la possibilité de travailler une apparence jeune. Or, il faut savoir basculer de l’apparence à l’essence.

Avez-vous un conseil ?

C’est toujours facile de se lamenter, mais il y aura toujours plus malheureux que vous, il faut apprendre à se contenter de ce que l’on a, apprendre à lâcher prise dans un monde du visuel, et compenser par de l’humour, de l’auto-critique et de l'autodérision. Ça ne sert à rien de passer son temps chez le médecin esthétique si l’on n’a rien à l'intérieur.

Comment appréhendez-vous les nouvelles notions green ?

La cosmétique bio, je n’y crois pas, et j’espère que j’ai le droit ! Mais bien sûr, on prend en en considération l’environnement, une façon de penser naturellement des nouvelles gammes de la marque comme “Détox O2”. On a fait une crème à base d’extrait de capucine qui transporte l’oxygène dans les tissus.

Un coup dur dans votre parcours ?

J’ai dû reconstituer toute mon équipe fin 2015… Tout le monde est parti au même moment, une coïncidence liée à des mutations (comme nous sommes en Suisse, nous travaillons essentiellement avec des expats). Bref, je me suis retrouvée toute seule. J’étais terrorisée. Je n’y connais rien techniquement, mais je sais diriger. Alors je suis allée parler directement avec mon touilleur de crème. Au début, il ne comprenait rien à mon jargon… Et puis on a fini par y arriver. On a mis au point un carton.On a adoré travailler ensemble !

Aimeriez-vous voir vos enfants reprendre le flambeau ?

Mon fils de 20 ans fait des études d’avocat en affaires comme son père, mais ne souhaite pas travailler avec nous. Ma fille de 21 ans suit mes traces, elle aimerait reprendre la direction du groupe. Elle est actuellement en stage à Hong Kong. Elle est très curieuse et très portée sur la gestion et le management. Je vais aussi l'emmener davantage sur les produits, la “matière”.

 

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