Mathilde Lacombe, Wonder Boss de Birchbox et maman épanouie

Interview de Mathilde Lacombe, fondatrice de Brichbox

Mais comment fait-elle ? A tout juste 30 ans, la fondatrice de Birchbox (ex Joliebox) est déjà maman de trois enfants qu’elle a eus en à peine trois ans. Epatant. La jeune femme au visage de poupée et à la silhouette gracile jongle entre sa vie de famille nombreuse à Reims, son job de rêve à Paris et sa présence sur la blogosphère et les réseaux sociaux. Ses secrets ? Elle les dévoile dans son premier livre Une question d’équilibre (First Editions). Rencontre avec une instinctive qui ne cache pas son ambition et garde la tête sur les épaules en toutes circonstances.

Interview

Avant Birchbox, vous aviez une idée fixe : devenir rédactrice en chef du Elle. D’où vient cette ambition ?

J’ai découvert une collection incroyable de Elle chez une amie de mes parents quand j’avais 10-11 ans. C’était décidé : je serai rédactrice en chef du Elle plus tard. Je ne vous raconte pas la tête de la conseillère d’orientation, et pourtant je n’en démordais pas, y compris durant mes études. J’ai fini par intégrer le Elle en stage puis en tant que pigiste aux pages Vie Privée.

Je sentais une conviction au fond de moi. J’ai toujours eu un tempérament très déterminé. Certains comptent sur leur chance, je pense plutôt qu’il faut bosser dur pour se donner les moyens d’y arriver. Donc oui, j’ai de l’ambition, mais je ne cherche pas à écraser les autres sur mon passage.

le diable s'habille en prada film

Une fois au Elle, vous lâchez tout pour lancer Joliebox. Désillusion ou nouvelle lubie ?

Un matin, je tombe sur une vidéo d’une YouTubeuse américaine qui dévoile un nouveau concept génial : une box mensuelle contenant des échantillons de produits de beauté pour un prix dérisoire. Ça a fait tilt, il fallait vite le lancer en France. Le hic ? Je n’osais pas en parler à ma rédactrice en chef Anne-Cécile Sarfati. Elle m’avait fait confiance, je ne voulais pas la décevoir. C’est elle qui a pris les devants. Elle m’a convoquée dans son bureau. J’ai pleuré. Je devais m’avouer à moi-même que le Elle n’allait pas être mon job pour la vie. Sur le moment, c’était dur, mais je me suis sentie soulagée. J’ai décidé de quitter le Elle pour me lancer.

Vous n’aviez pas peur de tout perdre ?

C’était un sacré pari, il faut se rappeler qu’on était les premiers à lancer le business des boxes en France. On n’avait pas de recul, mais Anne-Cécile m’a rassurée : “Si tu te plantes avec tes associés, tu peux revenir”. Et puis, je n’étais pas toute seule. Mon cousin Martin m’a accompagnée dès le départ. C’est lui qui m’a présenté ceux qui allaient devenir nos trois associés. Que des garçons ! L’équipe s’est montée en 15 jours, on était hyper complémentaires. Et surtout, on s’est rendu compte qu’il y avait un vrai intérêt pour le projet. Une fois l’idée présentée sur mon blog, 3000 personnes se sont inscrites sur liste d’attente en 24h.

Joliebox est la traduction française d’un concept américain. Il suffisait de copier ?

Non, ça ne s’est pas passé comme ça ! On a tout de suite proposé aux fondatrices de Birchbox de lancer le marché français ensemble, mais elles préféraient se concentrer sur les US pour commencer. On a donc repris l’idée pour l’adapter aux attentes des françaises. Aux Etats-Unis, la box était très girly et contenait des petits échantillons. Nous, on voulait du haut de gamme : une box noire, de vrais formats voyage, de belles marques...

Marques produits de beauté format voyage

Comment avez-vous vécu la fusion entre Joliebox et Birchbox ?

La fusion était une évidence. C’était plus intelligent de s’allier avec le n°1 mondial que d’avoir un nouveau concurrent sur le marché ! Au quotidien, ça n’a rien changé.

Les vraies évolutions ont eu lieu avant. En tant que fondatrice, j’avais la main mise sur tout. Puis, j’ai dû apprendre à déléguer. C’est un vrai challenge. Aujourd’hui, je suis Brand Director. Je ne suis plus du tout dans l’opérationnel, je supervise. Je n’ai plus à répondre aux mails à 2h du matin, mais l’adrénaline du début me manque parfois. De retour de congés maternité, je me suis rendu compte que la boîte marchait sans moi, je me suis demandé à quoi je servais ! Quand on crée sa boîte, il faut sans cesse se remettre en question.

birchbox

Vous dites ne pas être à l’aise avec le management, surprenant de la part d’une entrepreneuse

Dans l’esprit des gens, monter sa boîte c’est forcément avoir envie d’être cette girlboss qui donne des ordres à tout le monde. Ce n’est pas mon cas. A 23 ans, je n’avais pas d’expérience de management, j’ai appris sur le tas, j’ai fait plein d’erreurs. Il y a des gens qui adorent driver des équipes, moi je préfère insuffler mes idées.

Vous avez eu 3 enfants en 3 ans. Que dites-vous aux mamans qui culpabilisent à cause de leur job ?

Que je culpabilise aussi ! Pour arriver à tout concilier, il faut faire des concessions. J’ai toujours eu envie d’avoir des enfants jeune et de bosser, donc je fais en sorte d’allier les deux au mieux. Mais il faut être lucide : si on veut créer sa boîte et réussir, on ne passe pas sa journée au square avec ses enfants sur la balançoire. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai écrit mon livre Une question d'équilibre (First Editions).

maman de 3 enfants

Certains vous reprochent votre image de femme parfaite, comment réagissez-vous?

Je prends beaucoup de recul vis-à-vis des critiques. Je sais que je suis heureuse, que je m’occupe de mes enfants et que j’ai un mari génial. Mais tout n’est pas parfait.

A la naissance de notre troisième enfant, mon mari s’est mis à son compte pour bosser à la maison et pouvoir gérer les petits. Ça signifiait mettre une croix sur un salaire parce que pour l’instant il ne gagne pas sa vie. Et oui, trois enfants de 4 ans, c’est épuisant. Ce sont des choix de vie. Je n’aime pas me plaindre sur les réseaux sociaux, je préfère envoyer un message positif. Et dans l’ensemble, j’ai une communauté bienveillante.

Vous semblez très inspirée par vos lectures. Un livre à recommander ?

Chère Ijeawele, un manifeste pour une éducation féministe de l’auteure africaine Chimamanda Ngozi Adichie. Ce livre est génial et se lit très vite. Il ouvre les yeux sur la place de la femme et son avenir. C’est une vision du féminisme qui, pour une fois, ne s’inscrit pas par rapport aux hommes.

Chère Ijeawele, un manifeste pour une éducation féministe

A 30 ans, vous êtes mariée, maman, girlboss, blogueuse. What’s next ?

Je viens tout juste de lancer mon nouveau blog MathildeLacombe.com pour remplacer La Vie en Blonde qui a disparu suite à un énorme bug de serveur cet été. Beauté, maternité, entrepreneuriat, on y retrouve mes sujets de prédilection avec une version en anglais. Pour le reste, à suivre...

Livre de Mathilde Lacombe, First Editions

Une question d’équilibre, Mathilde Lacombe, First Editions, 19,95 €.

Suivez Mathilde Lacombe sur son blog.

 

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