Elle ne se pose pas de questions, elle fonce. A 32 ans, Claire Chicoine est aux manettes de Seize, la première boutique-atelier dédiée au DIY à Paris qu’elle a ouverte en à peine 3 mois. Avant de lancer sa boîte, cette brunette énergique avait un job stable en CDI, doublé de nombreux avantages. Quel a été le déclic, quelles leçons tire-t-elle du grand plongeon dans l’entrepreneuriat ? La jeune femme partage avec entrain son début d’expérience de girlboss. Accrochez-vous, ses idées fusent à toute vitesse !
Vous avez quitté un CDI confortable pour vous lancer dans le DIY, comment a réagi votre entourage ?
J’étais responsable marketing et communication à l’Office du Tourisme et des Congrès de Paris depuis 6 ans, un poste très confortable avec une équipe, un bon salaire, des entrées VIP un peu partout. La belle vie. Mais l’envie d’entreprendre à été plus forte que moi. Au départ, mon boss ne voulait pas me laisser partir et ma mère était réticente : « tu n’as quand même pas fait Bac +5 pour ouvrir une boutique de tricot ! ». Une fois lancée, ils m’ont soutenue. Moralité, il faut croire en soi et ne pas trop écouter les avis des autres.
Vous n’avez pas d’associés. Pourquoi ?
Je n’ai pas eu le temps de chercher! Une fois que j’ai eu l’idée, j’ai foncé et Seize a été créé en 3 mois.
En revanche, dès le départ, je me suis bien entourée. J’ai choisi des personnes compétentes sur des points précis : un architecte (Nicolas Thermed), une attachée de presse (Melody Patin / Agence Mazimel) et des créatrices de talent qui animent les ateliers. Broderie, tissage, tricot, bijoux... elles ont chacune leur spécialité. Avec Seize, j’ai fait émerger un concept, alors même si ce n’est pas moi qui donne les cours, je suis toujours présente.
Selon vous, on naît entrepreneuse ou on le devient ?
J’ai toujours été un peu cheftaine à la maison ! Je prenais les devants, les décisions, je savais où j’allais. Du côté de ma mère, ils sont tous commerçants. Petite, je tenais la caisse la caisse avec mes grands-parents, j’adorais jouer à la marchande.
Beaucoup d’entrepreneurs s’inspirent de concepts à l’étranger. Est-ce votre cas avec Seize?
Pas du tout. J’avais surtout envie d’ouvrir un lieu de rencontres pour les filles. Après avoir lancé mon blog de bons plans parisiens en 2010, j’ai commencé à organiser des happenings beauté dans des hôtels et des cafés. On se réunissait pour se faire maquiller, coiffer, papoter. Ensuite, j'ai participé à un cours de tricot avec Mlle Sophie, avec qui j'ai organisé des afterwork de tricoteuses. Ce qui me plaisait, c’était de créer des moments entre filles, des parenthèses où on parle de trucs de filles, comme le feraient des meilleures amies, alors qu’on venait de faire connaissance.
Le concept de Seize vient de là. Un lieu de vie ouvert aux rencontres, au partage, aux confidences et comme je me découvrais au même moment une passion pour les activités manuelles, le projet s’est imposé à moi.
Aviez-vous prévu un plan B au cas où ?
Je n’ai jamais prévu de plan B. Je ne me suis même pas posée la question et je pense qu’il ne faut pas se la poser ! Je faisais tout que pour ça marche, dans ma tête, je ne voyais pas les choses autrement.
Ce que vous auriez aimé savoir avant de monter votre boîte ?
Avoir des idées ça ne suffit pas ! Il faut bien structurer son business. J'ai lu qu’un entrepreneur passe près de 80% de son temps sur ce qui lui rapporte 20% de son chiffre d’affaires. Il faut rapidement identifier ses sources de revenus et s’y consacrer. Malheureusement, ce n’est pas toujours la partie que l’on préfère.
Vos cours de Arm Knitting ont fait le buzz. Comment repérez-vous les prochaines tendances ?
Je ne m’attendais pas à un tel engouement ! Je passe énormément de temps sur Pinterest et Instagram, c’est comme ça que j’ai repéré cette technique qui consiste à tricoter avec les bras, j’ai trouvé ça génial. Une heure après l’ouverture des réservations, le premier atelier était complet. Un an après, ça continue avec 700 kilos de laine écoulés cet hiver, sans compter les ventes de notre coffret Arm Knitting aux éditions Hachette.
De manière générale, j'essaie de proposer des projets dans l’air du temps, dans nos disciplies phares (tricot, crochet, tissage, broderie…), accessibles aux débutantes et qui ne durent pas plus de 4 h. Un atelier chez Seize, c'est comme une mini-thérapie. On y vient pour décompresser, s'offrir une parenthèse rien qu'à soi, faire des rencontres, apprendre une nouvelle technique et repartir fière de soi. Cette saison, il y aura beaucoup de broderie (pour customiser des paniers, t-shirts, tote-bags), du macramé et du crochet.
Avec un job passion, y a t-il encore de la place pour une vie privée ?
Je ne fais plus rien à côté ! Plus de week-end, plus de RTT… Lancer sa boîte, c’est très prenant, on ne compte pas ses heures. Mieux vaut bien calculer son coup avant de se lancer pour ne pas avoir de frustrations. Pour ma part, je venais d’avoir 30 ans, je n’avais pas d’enfant, je me suis dit c’est le moment. C’était ça ou quitter Paris, mais avant de quitter Paris je voulais monter mon business.
La vie sociale en prend un coup, je vois moins les gens mais je fais en sorte que les moments soient très qualitatifs. J’essaie de dégager du temps pour moi, notamment le lundi en matinée quand l'activité est plus faible, c’est important. Je vais au sport une fois par semaine, contre trois avant Seize. C’est important d’avoir un défouloir. Et je n’ai pas mes mails sur mon téléphone portable pour pouvoir couper !
Seize vient de sortir Couronnes de fleurs aux Éditions Marabout, 72 pages, 9,90€ et sortira fin avril DIY au fil des saisons, son best-of des ateliers avec plus de 60 projets/ tuto.
Découvrez aussi l’interview de Mathilde Lacombe.