Le pitch
Lionel Essrog est un détective privé atteint du syndrome Gilles de la Tourette (un trouble neurologique caractérisé par des tics moteurs et verbaux, amenant parfois à dire des grossièretés sans le vouloir). Après la mort de son mentor Franck Minna, assassiné sous ses yeux, Essrog part en quête de la vérité, et finit par dérouler le fil d’une sombre affaire de promoteur véreux qui a la mainmise sur New York à l’aube de sa rénovation.
Un casting VIP
Côté intrigue, on se situe à la fin des années 50. Pourtant, côté distribution, on se croirait revenu dans les grandes heures des années 90, et ça fait du bien ! Si Bruce Willis fait une brève apparition, son personnage est le pivot autour duquel vont ensuite évoluer Alec Baldwin – décidément redevenu bankable depuis ses très successful parodies anti-Trump du Saturday Night Live – et Willem Dafoe, l’homme à la filmographie longue comme le bras (Platoon, Né un 4 juillet, Sailor et Lula, Le Patient anglais…).
Mais Brooklyn Affairs signe surtout le retour de son rôle principal et réalisateur Edward Norton, l’acteur-caméléon dont tous les petits copains des nineties étaient fous depuis ses rôles marquants dans American History X et Fight Club. L’ex de Salma Hayek s’offre là un rôle sur-mesure, à la Actor’s studio qui, s’il ne lui apportera probablement pas cet Oscar tant attendu, porte le film par son interprétation très juste et sobre.
Ce qu’on en pense
Amateurs exclusifs de cinéma feel good ou de comédies romantiques, passez votre chemin. En revanche, les fanas de films noirs, de privés en imper et Stetson, de ville qui fume par les bouches d’aération, de jazz et du New York d’antan savoureront délicieusement ce bonbon pour cinéphiles. La réalisation, léchée, offre une vision scrupuleuse de la Grosse Pomme d’antan, des bouges d’Harlem aux rues inquiétantes d’un Brooklyn pré-gentrification, en passant par le Manhattan chic des années 50, alors que la ville entame sa mue. Le film dénonce les déviances du rêve américain, et met en exergue le contre-pouvoir possible exercé par quelques citoyens conscients des malversations de puissants censément indéboulonnables. Un film élégant dans sa réalisation, mais aussi engagé.
Brooklyn Affairs, de et avec Edward Norton, en salles le 4 décembre