Pour sa toute première série En thérapie, le binôme de réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache (Hors normes, Le sens de la fête, Intouchables) s’intéresse à la psychanalyse en suivant un thérapeute et ses patients au fil de leurs séances au lendemain des attentats du Bataclan. Une ôde au pouvoir de la parole quand tout fout le camp, en 35 courts épisodes diffusés sur Arte.tv dès le 28 janvier. Pourquoi vous allez adorer ?
Un casting démentiel
Toledano & Nakache ont l’habitude de bien s’entourer. Pour mener à bien cette adaptation d’une série israélienne, les inséparables ont casté une flopée d’acteurs capables de tendre l’émotion d’un huis-clos très minimaliste
Dans l’ordre des épisodes, Mélanie Thierry tire la corde sensible dans le rôle d’une jeune chirurgienne de garde la nuit des attentats, qui flirte ouvertement avec son psy. Impérial, Reda Kateb est policier à la BRI, traumatisé par son intervention nocturne au Bataclan et sceptique quant à l’efficacité d’une thérapie.
La prometteuse Céleste Brunnquell (nommée au César 2020 du meilleur espoir féminin pour Les Éblouis) enfile les plâtres d’une championne de natation venue pour attester à son assurance que son accident n’était en rien une tentative de suicide. D’un autre côté, Pio Marmaï (toujours divinement survolté) et Clémence Poésy campent un couple en crise face à l’envie d’avortement de l’épouse.
Mais le personnage au cœur de l’intrigue reste l’empathique et stoïque docteur Dayan, interprété par Frédéric Pierrot, repéré dans Polisse, Fiertés et Hors Normes. En face de lui, sa “contrôleuse” Carole Bouquet est la nécessaire psy du psy, n’hésitant pas à le mettre face à ses contradictions quand lui-même commence à craquer et se détourner de sa propre famille.
Une trame ultra-léchée en deux lectures
Le tour de force d’En thérapie réside dans l’intelligence de son découpage non linéaire, puisque chaque épisode choral de 25 minutes suit un patient. Du coup, selon ses préférences et son temps de cerveau disponible, on décide de suivre une lecture par épisode ou bien par personnage. De quoi s’initier à la parole de façon rapide à la pause déj’ ou bien en binge-watchant les 35 épisodes à la suite le week-end prochain.
On ressent d’ailleurs dans le montage le travail de toute une équipe de scénaristes, de réalisateurs, de D.A. et d’adaptateurs intervenant sur la définition du lieu et des personnages, dont certains ont véritablement aidé chaque acteur à s’abandonner totalement dans son rôle, de sorte qu’ils ne fassent plus qu’un. Et c’est précisément ce qui fait que la lecture devient parfaitement fluide, couplée à la musique composée par Yuksek, figure de la French Touch.
Ceci n’est pas une série sur les attentats
Bien que l’attaque du Bataclan en novembre 2015 représente un repère de temps, seuls deux personnages (la chirurgienne et le flic) consultent pour trouver une solution au choc émotionnel qu’ils viennent de vivre. Les autres s’installent dans une démarche beaucoup plus personnelle, obligeant le docteur à jongler entre les états d’âme de ses patients et les degrés de gravité de leurs discours.
En fait, En thérapie invite complètement le spectateur à désacraliser une pratique parfois impressionnante, bien que particulièrement répandue en France. Alors, on prend rendez-vous ?
En intégralité sur ARTE.TV du 28/01 au 27/07/21
Sur ARTE le jeudi à 20h55 du 4 février au 18 mars 2021
© Carole Bethuel ou Les Films du Poisson
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