© Claude Pocobene
Dix ans après la première représentation des Chatouilles ou la danse de la colère, Andréa Bescond remonte sur scène pour interpréter sa propre histoire au théâtre de l’Atelier. Un seule en scène rythmé par la danse et le rire, qui continue de bouleverser et de faire réagir sur l’épineux sujet de la pédophilie.
Une œuvre cathartique
Installée dans sa trentaine, Odette se retrouve dans le cabinet d’une psychologue avec sa mère. Les deux femmes sont tendues, leur relation semble rompue et Odette est particulièrement détestable. Qu’est-il arrivé à cette jeune femme dont la carrière de danseuse s’est brusquement arrêtée ? Des flashbacks remontent jusqu’à l’enfance d’Odette, de ses cours de danse classique en passant par sa consécration au conservatoire, jusqu’à ses premières comédies musicales et sa chute due à ses addictions à l’alcool, à la drogue et au sexe. Ce qui a mené Odette à cet enfer, c’est l’inimaginable : durant toute son enfance, un ami de ses parents lui faisait des “chatouilles”, comprenez des viols pédophiles et des agressions sexuelles à répétition.
Avec Les chatouilles, Andréa Bescond nous embarque dans sa tourmente qu’elle exorcise par la danse. Quand elle n’a plus les mots ou la force d’exprimer ce qu’elle ressent et ce qu’elle a vécu, elle danse à travers les plus grandes épreuves de sa vie et en interprétant de façon schizophrénique tous les personnages qu’elle a côtoyés : elle-même enfant, adolescente et adulte, mais aussi les policiers ou encore sa mère qui ne l’a jamais crue.
De la vie à la scène
Après une carrière prestigieuse de danseuse, c’est seulement à l’arrivée de son second enfant en 2010 qu’Andréa Bescond ressent le besoin d’écrire et de mettre en scène son histoire, son traumatisme. En 2014, elle dévoile Les Chatouilles ou la danse de la colère, mis en scène par Éric Métayer et présenté au Festival Avignon Off. C’est un succès : prix d’interprétation féminine d’Avignon critique off, Molière en 2016 et deux Césars en 2019 pour son adaptation au cinéma.
Une œuvre particulièrement nécessaire à ce jour, alors que 20 000 plaintes pour abus sexuel sur mineur sont enregistrées chaque année en France. Depuis maintenant 10 ans, Andréa Bescond reçoit après chaque représentation des témoignages de ces victimes. C’est pour elles qu’elle remonte sur scène, après avoir passé le rôle à Déborah Moreau pendant un temps. On ne peut qu’admirer cette femme qui a le courage de revivre son trauma à chaque représentation pour clamer haut et fort : “Vous n’êtes pas seul·e·s !”
Du jeudi au samedi à 21h jusqu’au 1er juin.
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