© Emilie BEMB
C’est l’un des spectacles qui fait le plus parler de lui en ce moment, et pour cause : quand la reine Fanny Ardant revient fouler les planches, le Tout-Paris s’extasie et se rue sur la billeterie. Adapté du roman de Laurence Plazenet avec Catherine Schaub à la mise en scène, La blessure et la soif raconte une femme consumée par la passion. Au Studio Marigny, l’incandescente actrice déroule une partition d’une intensité remarquable.
Histoire d’A
Au XVIIe siècle. Madame de Clermont, orpheline de bonne famille, est élevée au couvent et mariée à un homme “de trois fois son âge” à qui elle donne quatre garçons. Devenue Duchesse, elle mène une vie paisible loin des tourments de l’amour… jusqu’au jour où elle rencontre Monsieur de La Tour, chevalier blessé au combat, dont elle s’éprend au premier regard et avec qui elle va vivre une passion dévorante qui va la consumer. La blessure et la soif prend alors des airs d’hymne à l’amour fou…
Divine Fanny Ardant
Plus envoûtante que jamais, la plus belle voix du cinéma français, inoubliable Mathilde dans La femme d’à côté, signe un retour flamboyant sur les planches dans le rôle de cette amoureuse transie. La magie opère dès que le rideau s’ouvre. Fanny Ardant est seule sur scène, plongée dans la pénombre, superbe dans sa longue robe bleue satinée. On savoure le privilège d’être si près d’elle, de l’avoir rien que pour nous pendant 1h30. Dès les premières phrases de ce dense monologue, clamé avec une fluidité époustouflante, l’icône du cinéma nous embarque dans cette folle histoire d’amour qui va sceller à jamais la destinée d’une femme et d’un homme.
La voilà qui nous emporte dans un tourbillon de sentiments à la force d’un très beau texte, d’une mise en scène minimaliste résolument mystique, de sa gestuelle pleine de grâce, de la beauté de son regard qui dit tout, de l’intensité de son jeu et de sa voix chaude qui plongent la salle, pleine à craquer, dans une vive émotion. La joie, la jouissance, la souffrance l’embrasent : Fanny Ardant épouse tous ces sentiments dans une justesse prodigieuse et fait vibrer les spectateurs à l’unisson. Dans le tragique de cette histoire d’amour qui en appelle au cœur et au divin, la comédienne est tout simplement magnifique.
Quand la pièce s’achève, toute la salle est debout pour la saluer dans un tonnerre d’applaudissements. Fanny est émue aux larmes, nous aussi. On quitte le théâtre, chamboulés et heureux. Et sur le chemin du retour, on se rappelle de ses paroles souvent reprises en interview : “L’amour, c’est la grande histoire de la vie.”
La blessure & la soif, jusqu’au 1er juin.
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