© Louis Josse / JMD PROD
C’est un succès autant littéraire que théâtral ! Publiée en 1938 par Kathrine Kressman Taylor, la nouvelle épistolaire Inconnu à cette adresse ne cesse d’être adaptée au théâtre partout dans le monde. Cette fois, ce sont Jean-Pierre Darroussin et Stéphane Guillon qui interprètent ce texte au Théâtre Antoine. Une réussite toujours aussi bouleversante.
L’amitié à l’épreuve du nazisme
Max Eisenstein, un juif américain d’origine allemande, et Martin Schulse, un Allemand de souche, sont des amis de longue date et associés d’une galerie d’art prospère à San Francisco. Martin retourne en Allemagne avec sa famille, entamant avec son compère une correspondance au moment où Hitler accède au pouvoir. Au fil de leurs lettres, l’écart entre les deux hommes s’agrandit. L’un bascule dans la monstruosité et l’autre dans la vengeance.
Comment un homme est-il amené à trahir son meilleur ami ? Servie par la nouvelle mise en scène de Jérémie Lippmann, cette nouvelle adaptation réussit à représenter ce moment de bascule, diffusant sur scène des archives vidéos, des sons de bruits de bottes de soldats ou encore les couleurs de l’Allemagne nazie happant les spectateurs dans une atmosphère qui se fait de plus en plus oppressante jusqu’à la fin de la pièce. Résultat : Inconnu à cette adresse fait toujours aussi froid dans le dos, et c’est terriblement nécessaire.
Un nouveau duo théâtral
Après Thierry Lhermitte et Patrick Timsit, Samuel Le Bihan et Bruno Solo, Jean-Paul Rouve et Elie Semoun ou encore Charles Berling et Gérard Darmon, ce sont maintenant Stéphane Guillon et Jean-Pierre Darroussin qui incarnent à à leur tour les personnages de Kathrine Kressman Taylor, pour la troisième et deuxième fois respectivement… et pour la première fois ensemble !
Tour à tour, les comédiens embarquent les spectateurs dans leur amitié si forte, leur tourmente, leur angoisse, leur lâcheté et leur colère. Alors que Jean-Pierre Darroussin choisit d’incarner un Max gardant la tête haute, Stéphane Guillon pousse le curseur dans son interprétation de Martin : sa diction et sa fougue se rapprochent de celles de Hitler. On en tremble dans la salle et les souffles en sont coupés jusqu’à la scène finale déchirante. À voir et à revoir.
Jusqu’au 13 avril au Théâtre Antoine.
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