Simon Stone, le metteur en scène australien réputé en France pour ses productions théâtrales comme Medea, fait sensation cette saison. Sa dernière production ? Une version drôle, brillante et hyper contemporaine du célèbre opéra de Verdi (remember Pretty Woman avec Julia Roberts dans sa robe rouge…).
Inspiré du roman d’Alexandre Dumas La Dame aux Camélias, cet opéra en 3 actes modernise comme jamais le tragique féminin de Verdi.
Une Traviata où selfies, influenceurs, conversations Whatsapp et réseaux sociaux ont le droit de cité, ça donne quoi ? Décryptage.
Le tragique féminin verdien
Acte I - Le champagne coule à flots. Le rideau s’ouvre sur une soirée mondaine où Violetta Perry, party girl sulfureuse, rencontre le jeune bourgeois Alfredo, follement épris d’elle, interprété par Benjamin Bernheim. Malgré sa quête de liberté, Violetta succombe.
Mais cette idylle s’effondre lorsque Giorgio (Ludovic Tézier), père d’Alfredo, implore Violetta de renoncer à cette liaison scandaleuse qui, selon lui, compromet la réputation familiale et le mariage de sa fille. Violetta se sacrifie. Malgré des millions de followers, comment survivre à un tel chagrin ?
Place au sublime “Addio del passato” entre paillettes et mascara qui coule, sous la direction du maestro Michele Mariotti. Sublime !
Une mise en scène au pays des Kardashian
Simon Stone, transporte remarquablement bien l’œuvre de Verdi au XXIème siècle en plaçant Violetta Perry comme la fille ultra connectée, 24h/24 sur les réseaux, égérie d’une marque de parfums, extrêmement soucieuse de son image.
Entre selfies Instagram version duckface, photos de soirées, le personnage de Violetta se renouvelle brillamment via les projections sur grand écran de ses posts Facebook et conversations SMS sur la scène du Palais Garnier.
Pretty Yende, la nouvelle star de l’Opéra
Pretty Yende, la star soprano sud-africaine, incarne le rôle de Violetta à la perfection. Celui d’une femme plus que jamais dans l’air du temps, hyper digitale et indépendante.
Récompensée par le 1er prix à Operalia, cette artiste de 34 ans s’annonce déjà comme la révélation lyrique mondiale avec une volonté forte : amener de la diversité à l’Opéra. Car l’origine n’influe pas sur ce qu’elle appelle le “don” de la voix. Une belle démonstration que, décidément, c’était pas mieux avant.
Au Palais Garnier, jusqu’au 16 octobre, à partir de 25 € la place.
© Charles Duprat / OnP
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