Le Suicidé : une satire emballante à la Comédie-Française

Ne vous fiez pas à son titre : Le Suicidé, pièce de théâtre quasi séculaire de Nicolaï Erdman, est une comédie ! Et c’est justement la troupe de la Comédie-Française qui s’attaque cet automne à ce monument de la dramaturgie russe dans une mise en scène survoltée signée Stéphane Varupenne. Une satire sociale aussi drôle que grinçante, tirant avec malice sur l’absurde avec un soupçon de surréalisme. Un véritable banger qui pousse à la réflexion, à réserver au plus vite avant que les billets ne s’envolent. 

 

Previously, en pleine famine sous Staline…

Nous sommes en 1929 en URSS. Staline opère un tournant totalitaire particulièrement violent. Les “laissés-pour-compte” de la révolution russe ont perdu tout espoir et patientent dans la peur. Parmi eux, Sémione Sémionovitch Podsékalnikov, un authentique looser sans emploi, vivotant grâce au maigre salaire de sa jeune épouse. Dans leur appartement miteux habite également la belle-mère de Sémione. 

En pleine nuit, il prend des envies de saucisson à ce chômeur pathétique mais, suite à un énorme quiproquo, les deux femmes s’imaginent qu’il est en vérité parti se suicider. Les voisins s’en mêlent, la (fausse) nouvelle se propage. À son retour, d’étranges visiteurs (intellectuel, commerçant, religieux, artiste…) souhaitent faire de sa mort à venir un acte engagé à la faveur de leur combat. Sémione se laissera-t-il convaincre de jouer les martyrs, lui qui n’avait même pas prévu de mourir ?

 

Un vaudeville qui n’a pas pris une ride

C’est simple, le message politique de cette pièce pourrait tout aussi bien s’entendre à notre époque. C’est pourtant dans celle d’Erdman que Stéphane Varupenne a souhaité poser sa mise en scène, installant le premier acte dans une kommunalka, ces immeubles de promiscuité où toilettes et cuisine se partagent entre voisins, donnant l’impression d’observer des souris en cage.

Sur les planches, que du lourd également. Dans le pull informe de Sémione, Jérémy Lopez continue de jouer les caméléons (il nous éblouissait déjà comme Roméo en 2015), donnant la réplique à Adeline d’Hermy et Florence Viala en duo féminin. Hilarant, Serge Bagdassarian campe un intellectuel manipulateur, certain de mieux comprendre le monde que le reste de la plèbe (mais a-t-il vraiment tort ?). Pour qui se laissera porter par sa fantaisie et sa force, ce spectacle donne des envies de révolution !

Le Suicidé d’après Nicolaï Erdman mise en scène Stéphane Varupenne avec la troupe de la Comédie-Française, jusqu’au 2 février 2025, matinées à 14h, soirées à 20h30. Billets de 5 € à 48 €. Réservations sur comedie-francaise.fr.

© Vincent Pontet, coll. Comédie-Française

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