Si la pornographie n’est plus réservée aux hommes depuis un bout de temps, beaucoup de femmes oscillent encore entre fascination, dégoût et culpabilisation devant ces images issues de l’industrie du sexe.
Heureusement, Claire Richard est là pour vous remettre les idées en place et vous décomplexer de mater du porno tranquillou comme n’importe quel mec. Dans son livre Les chemins de désir (adaptation textuelle de sa fiction radio sur Arteradio), la journaliste explore sans jugement le désir féminin à travers l’apprentissage de la pornographie d’hier et d’aujourd’hui. Pourquoi ce livre est à mettre entre toutes les mains.
Pour son personnage universel
Dans ce livre singulier et finement écrit, Claire Richard met en scène l’évolution d’une jeune fille qui nous ressemble. C’est après un déjeuner du dimanche chez ses grands-parents que la narratrice, pré-ado, tombe pour la première fois sur une pile de B.D. érotiques.
Premier choc : son entrejambe réagit carrément aux dessins de femmes nues aux seins énormes. Rebelote lorsqu’elle tombe, à Angoulême, sur une planche de B.D. inspirée du roman cul(te) Une histoire d’O de Pauline Réage : une brune volcanique domine une blonde innocente avec un fouet. Commence alors l’exploration d’une jeune fille pour son corps et son propre désir : d’abord seule avec le souvenir de ces images et son pommeau de douche, puis avec des émissions télé type Carré rose sur M6 puis sur les sites Internet qui commencent à foisonner dont le bien célèbre YouPorn…
Parce qu’on peut mater du porno tout en étant féministe
Vous culpabilisez de mater du porno tout en défilant dans la rue pour défendre le droit des femmes ? Soufflez un bon coup et rassurez-vous : la pornographie n’est pas forcément l’ennemie du féminisme. Un certain type de porno (notamment présent sur Youporn) se concentre davantage sur le plaisir de la femme en s’affranchissant de la fameuse trilogie “pipe-pénétration-éjac’ faciale” : exit le porno hétéro qui met en scène des corps féminins exclusivement destinés à faire éjaculer des hommes.
L’auteure-narratrice, pourtant elle-même hétéro, clame ainsi haut et fort que regarder du porno lesbien (qui est profondément axé sur le plaisir féminin) est “un acte profondément féministe”. God Bless Youporn !
Parce que le porno stimule l’imagination
Si le porno a souvent mauvaise presse, s’il est taxé de déformer l’imaginaire des jeunes, la narratrice (et sûrement l’auteure) insiste sur le fait qu’il a aussi le pouvoir d’ouvrir l’accès à des zones inconnues de soi-même. Par exemple, ce n’est pas parce que vous vous sentez 100% hétéro que vous ne pouvez pas être diablement excitée devant des vidéos lesbiennes.
À l’époque, la jeune femme du livre découvre pour la première fois ce champ des possibles grâce à l’ancêtre de Youporn, Revebebe, qui a vingt ans cette année. Le site recense autant d’histoires érotiques que de thèmes plus ou moins pointus : langue anale, branlette espagnole, boules de geisha...
Dans cette “grande arborescence des fantasmes du monde”, notre héroïne apprend à tracer son propre chemin de désir. Si dans sa vie affective, elle se sent attirée par le sexe opposé, la figure de la “femme lesbienne soumise” lui offre bien plus d’orgasmes que ses relations sexuelles avec des hommes. À méditer...
Les chemins de désir, Claire Richard, Seuil, 12€
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