Dans Patrick Melrose, série adaptée des romans autobiographiques d’Edward St. Aubyn, le grandiose Benedict Cumberbatch (Sherlock Holmes, Dr Strange…) campe un dandy héroïnomane brisé par un père toxique. Une mini-série au pitch tragique mais dotée d’un humour féroce et d’un casting de haute volée. Dérangeant ? Oui. Et pour ça : immanquable.
Le pitch destroy chic
“Le salopard a enfin claqué”. En une réplique, le décor est posé. Téléphone dans une main, seringue dans l’autre, Patrick Melrose apprend la mort de son père. L’aristo british, dandy ultra-camé et mondain à la dérive, doit se rendre à New York pour récupérer les cendres de ce cher papa qui a détruit sa vie.
Oscillant entre les temporalités, la série en 5 parties nous plonge des années 1960 à 2000 dans le passé de Patrick, petit garçon entouré d’adultes détraqués. Après avoir été violé par son père (c’est le propos de l’épisode 2, tout en scènes suggestives et non-dits oppressants), le jeune Patrick plonge dans la spirale de l’autodestruction. Alcool, drogues, pétages de plombs, tentative de suicide… Ses bad trips sont filmés dans un style déjanté digne du film Trainspotting.
L’humour noir so british
Glauque et noire, la série n’en est pas moins férocement drôle. On y retrouve tout ce qui fait le sel des romans de St. Aubyn. À savoir : un dézinguage en règle de la haute société (dépravée et hypocrite jusqu’à la moelle), des répliques assassines et des situations tragi-comiques. Comme la scène où Patrick, venu se recueillir sur la dépouille de son père, se plante de salle (et donc de cadavre) et se retrouve nez-à-nez avec une veuve juive. De l’humour caustique comme on aime.
Gloire à Benedict Cumberbatch
Aussi producteur exécutif du show, le comédien anglais, ultra bankable depuis ses performances dans Sherlock Holmes, Hawking et Imitation Game, livre une prestation sidérante. Son génie ? Insuffler distinction et fragilité à ce personnage borderline mais toujours tiré à 4 épingles. Abruti par les cachetons, ruisselant en détox ou shooté à l’héroïne… Cumberbatch se donne à fond et ça se voit. Le reste du casting est à la hauteur avec l’excellent Hugo Weaving dans la peau du père abject, Jennifer Jason Leigh (qui joue la mère), Allison Williams (Marnie de Girl), Indira Varma (Game of Thrones)... Bref, que du bon.
Verdict ?
Peut-on guérir les blessures de l’enfance ? C’est la question centrale de cette série coup de poing, aussi stylisée dans la forme que forte sur le fond. Avec en prime un numéro d’acteur qui restera dans les annales. Foncez !
Le 25 mars à 21h sur Canal+
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