Elle a sorti non pas un mais deux livres en janvier. Puissante, audacieuse et super drôle, la sexperte Maïa Mazaurette est clairement la fille à suivre en 2020.
La bio d’une hyperactive
Maïa Mazaurette a 41 ans. Et pourtant, elle a un CV plus rempli que bien des cadres condescendants en fin de carrière. Auteure de plus d’une vingtaine de romans, essais, bandes-dessinées, nouvelles et autres guides LOL, elle est aussi journaliste et chroniqueuse de la rubrique la plus lue du Monde (le journal).
Devenue sexperte, la quadra cool, qui hume comme personne les changements sociétaux au travers de nos sexualités (ou l’inverse), apporte une analyse nécessaire dans de nombreux médias et dans ses livres, depuis New York, où elle vit depuis plusieurs années. Elle nous foutrait des complexes si elle n’était pas aussi détendue, souriante et assurément humble. Ok, elle nous fout des complexes. En plus, sa couleur de cheveux est trop cool.
L’art du titre
On aurait dû le sentir rien qu’au choix de son pseudo. Maïa a l’art de la formule, et donc l’art du titre. Peut-on être romantique en levrette ?, Rien ne nous survivra, le pire est avenir, Ma vie sexuelle est plus grosse que la tienne, Encyclopénis, jusqu’au petit dernier, Sortir du trou, lever la tête, y’a pas à dire, ça claque.
On n’est pas des trous
Ça claque en couv, et en plus, comme dirait Popeye, “ça casse pas ce qu’il y a dedans”. Parce que sous ses airs “rigolo”, Sortir du trou, lever la tête est un essai intelligent et important pour la sexualité féminine.
“Au risque de briser tout suspense, cet essai défend la thèse simple qu'aux femmes on a inventé un trou : anatomique, psychologique. Et que sur ce trou, sur cette absence, nous avons construit la pyramide de nullité que constitue notre sexualité contemporaine”, dit l’auteure en préambule.
En gros, il n’est pas trop tard pour déconstruire toutes les idées qu’on nous a mises dans la tête depuis notre adolescence, et notamment celle qu’on était “un trou”. Car si, pendant des millénaires, l’idée d’une dive masculinité a présenté les sexes comme compatibles, avec d’un côté le “trou”, réceptacle passif, et de l’autre le pénis venu combler cette béance idiote, il n’en est rien.
Comme on a longtemps réduit la femme à son vagin, zappant au passage son clitoris, on a aussi réduit l’homme à son phallus, omettant sa sexualité interne. Selon l’auteure, pour jouir vraiment, l’homme et la femme auraient tous les deux besoin d’une double stimulation externe et interne, qu’on leur interdit, ce qui les mène à leur perte (entendez : une sexualité pathétique).
En bref, comme on n’utilise qu’une infime partie de nos cerveaux, c’est pareil sous nos couettes. Du coup, on s’ennuie vite à rejouer des milliers de fois la même éternelle scène de cul dans notre chambre. Résultat : on préfère regarder Netflix plutôt que d’explorer les mille et une saisons de notre plaisir pourtant disponibles. Laver nos cerveaux de l’idée qu’on ne peut s’amuser qu’en s’emboîtant, c’est ouvrir à nos vies sexuelles des perspectives infinies. Ouah.
Le sexe selon Maïa
On suit bien l’actu culturelle, les sorties ciné, on papote entre potes des bouquins du moment, des tendances food, des derniers restos, on se fait le replay de Quotidien pour ne pas être largué côté buzz politique. Pour le cul, c’est pareil. Suivre les évolutions de nos sexualités, c’est aussi important que de savoir si Harry et Meghan ont pris un garant pour leur appart’ au Canada. Alors on s’abonne à la sexperte sur Insta. Et pour rattraper son retard, on se procure aussi Le sexe selon Maïa, ses chroniques depuis 2015 réunies et illustrées.
“Le nombre de rapports sexuels décroît. L'âge de la première expérience recule. Nous consommons plus de pixels que de partenaires. Le sexe nous déçoit. À moins que nous ne décevions le sexe”, dit-elle. Nous, on n’a vraiment pas envie de décevoir le sexe.
Sortir du trou, lever la tête, Maïa Mazaurette (21 €)
Le sexe selon Maïa – Au-delà des idées reçues (22.90 €)
Instagram : @mazaurette
Découvrez aussi Laurie Peret : L'humoriste bi-gout qui monte et Le clito : organe de plaisir ou symbole militant ?