Il est des documentaires qui vous donnent envie de retourner dans la rue pour chanter son droit à la parité. Elise Baudouin et Ariel Wizman signent pour Arte un manifeste résolument feel good sur les nouveaux codes du féminisme. Pop féminisme sera diffusé vendredi 6 novembre à 22h45, et c’est le rendez-vous à ne pas louper pour célébrer le girl power.
#youtoo ?
Entre l’affaire Weinstein et le #metoo qui en a découlé, la misogynie latente de Donald Trump et le taux de féminicides grimpant, ces dernières années ont été la scène d’un tournant pour la lutte. La preuve, il y a un an Paris accueillait la plus grande manifestation féministe jamais organisée. Narratrice du documentaire, Aïssa Maïga décrypte les icônes qui ont fait de la pop culture le fer de lance du nouveau féminisme. En somme, explique, enjouée, l’écrivaine Florence Montreynaud, “#metoo confirme ce que Beyoncé annonce : que le féminisme, c’est normal. C’est se révolter contre l’injustice et la violence”.
À commencer donc par Queen B (“Nouveau canon de la mère et de la femme”) et Maria Grazia Chiuri, D.A. de Dior. Toutes deux se sont servies du discours de l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, dans la chanson Flawless ou sur un t-shirt avec le désormais culte slogan “We should all be feminists”. L’auteure Leïla Slimani interroge quant à elle avec justesse l’objectif recherché : “Est-ce que le but du féminisme, c’est de devenir des hommes comme les autres ?” Ou bien l’idée ne serait-elle pas plutôt de changer le monde ? Vous avez une heure.
Un féminisme décomplexé
@Benoît Do Quang et @Morgan O'Donovan
Autre témoignage clé, celui de Roxane Gay, auteure américaine noire, bisexuelle, obèse et surtout tordante, qui développe dans son livre le concept décomplexant de “mauvais féminisme”. Parce que, oui, on a le droit d’aimer le hip hop et les comédies romantiques tout en se revendiquant féministe : “Il n’y a pas de réponse universelle”, non mais.
En fait, l’empowerment est à la portée de tous. Avec des messages à fond dans le girl power portés par Madonna, Shania Twain, Angèle, la jeune rappeuse française Chilla, No Doubt, Bikini Kill ou les Destiny’s Child, les succès dans les charts prouvent un réel désir de la femme de se sentir représentée. Peu importe le moyen ou la manière : les insolentes Spice Girls se fichent des règles et vont même jusqu’à plébisciter la rugueuse Margaret Thatcher, devenue cool simplement parce qu’elle a pris le pouvoir.
Le droit à la réussite… et à l’orgasme
Qu’il s’agisse des réseaux sociaux avec le compte Insta @tasjoui ou des clips explicites de rappeuses hypersexualisées comme Nicki Minaj ou l’ex-strip teaseuse Cardi B, la nouvelle génération prône son droit à la jouissance du corps. Mieux, ces dernières incarnent un nouveau féminisme pro sexe et pro dollars.
Du coup, on interroge avec le “slut shaming” l’image de la bimbo et de la putain, “pire étiquette qu’une femme peut avoir dans la société”. Auto-proclamée partisane du body-positivisme, la très sexy Emily Ratajkowski est-elle là pour flatter l’égo des hommes et les “faire bander”, ou bien fait-elle finalement avancer le droit de disposer de son image ?
Quant à elle, l’ex-escort Zahia (notre icône à nous, géniale dans Une fille facile de Rebecca Zlotowski), nouvel avatar de la lutte, revendique la liberté de vendre son corps puisqu’elle en est souveraine : “Je recherche le sexe ce soir, et alors ?”, assume celle qui a conquis son ascension sociale grâce à la prostitution et s’inspire de ces courtisanes “demi-mondaines” du 19e siècle, qui étaient les seules à pouvoir gérer leur fortune sans tuteur masculin. Et toc !
Pop féminisme, le vendredi 6 novembre à 22h45 sur Arte, déjà disponible sur www.arte.tv.
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