Les nouveaux romans à déguster au soleil

Une fausse biographie qui sillonne le cœur de Bardot, le fabuleux destin de la cuisinière des Kennedy, un énième roman d’aventures pour Erri de Luca, la biographie d’Alexander Mc Queen et de John Galliano qui fait un tabac aux États-Unis… Alors que le soleil pointe timidement le bout de son nez, on file attraper un banc dans un joli parc pour dévorer les derniers bons romans. Les pépites littéraires du moment, c’est par ici que ça se passe ! 

 

Mc Queen et Galliano, splendeurs et décadence 

Le bon bouquin : Dieux et Rois de Dana Thomas

Le pitch. Alexander McQueen et John Galliano, rise and fall aurait pu être le sous-titre de ce récit extraordinaire. Parce que oui, il est autant question d’une ascension fulgurante que d'une chute violente. Au début des années 1990, la haute couture française est réservée à une poignée de sociétés familiales dont les couturiers sont rois. C’est dans cet univers calfeutré que le duo britannique fait son entrée avec pour mots d’ordres, sophistication, décadence et spectaculaire. Givenchy, Dior, Margiela... ils insufflent à ces maisons quelque peu ronflantes un souffle visionnaire, une modernité sans pareille. 

Les maisons de mode se sont dès lors transformées en industries mondiales attirées par le profit. C’est l’origine de la chute de ces deux couturiers qui, eux, ne vivaient que pour la création artistique. Broyé par les rouages de la mode, Alexander McQueen se donne la mort en 2010, tandis que John Galliano sombre dans l’alcool et voit sa carrière exploser en vol à la suite de propos antisémites proférés en terrasse d’un café parisien. Des débuts si grands, si remarqués, qu'aucun n’aurait pu se douter de la violence de la chute.

Pourquoi vous allez adorer ? Après avoir rencontré un franc succès dans le monde anglo-saxon (depuis 2015), le livre consacré aux deux génies de la mode est enfin traduit ! Grande spécialiste de la mode, on doit à Dana Thomas autant d’articles pour le New York Times que d’ouvrages, dont l’enquête Luxe & Co, révélations sur les dessous de l’industrie du luxe ou encore Fashionopolis, le vrai prix de la mode et ce qui peut la sauver. L’auteure a l’art et la manière de trouver les mots justes pour faire le récit de destins hors du commun. Ce dernier est le fruit de plus de quatre années d’investigations afin d’être fidèle à la jeunesse, l'ascension, le talent, les folies créatives puis les désillusions de ces créateurs.

 

Une partie de Mikado en italie

Le bon bouquin : Les règles du Mikado de Erri de Luca

Le pitch.Un jour, tu m’as écrit que j’avais changé ta vie. Je ne le vois pas ainsi. Une rencontre peut servir d’amorce, mais c’est la vie qui change les personnes et non l’inverse.” Lorsqu’une jeune tzigane fait irruption dans la tente d’un vieil horloger pour lui demander de la cacher, l’un comme l’autre sont loin de se douter que cette rencontre bouleversera toute leur vie. Au cœur des montagnes enneigées, à la frontière entre l’Italie et la Slovénie, la jeune fille raconte son histoire, celle de sa famille et du mariage forcé qu’elle lui destinait. L’une croit au destin et lit les lignes de la main, l’autre interprète notre vie comme une partie de Mikado, seul jeu capable de mettre de l’ordre dans le chaos du monde.

Débute une relation faite de dialogues nocturnes, d’échange de connaissances puis d’une correspondance qui durera longtemps pour se transformer en cahier retrouvé avant une ultime lettre adressée à un défunt. La jeune fille se retrouve seule avec pour seul souvenir ce carnet, témoin muet des confessions du vieil homme, ultime lègue en hommage à leur relation passée. Brillant ! Poignant !

Pourquoi vous allez adorer ? Erri de Luca, à qui l'on doit Montedidio, ou plus récemment Impossible ou encore Grandeur nature, n’a plus à prouver son immense talent pour les récits de vie. Avec Les règles du Mikado, l’auteur livre un roman d’une intensité constante, pose des mots sur cette relation touchante entre une jeune fille de quinze ans prise au piège par son destin et un vieil homme enfermé dans sa considération de la vie. D’une écriture dense et délicate, alors que chaque mot révèle des significations plus profondes, l’écrivain fait l’introspection de deux personnes que tout oppose et que la vie a pourtant fait le choix de réunir.

 

La cuisinière idéale du clan Kennedy 

Le bon bouquin : La cuisinière des Kennedy de Valérie Paturaud

Le pitch.To Andrée, with love and gratitude. The Kennedy Family.” Tel est l’hommage laissé sur la couronne de fleurs qui orne la tombe d’Andrée Imbert, dans ce petit cimetière du Vaucluse. Qui était cette femme ? Abandonnée sur le parvis d'une église, confiée à l'assistance publique puis à des fermiers, la jeune fille connaît un début de vie chaotique,  qui ne pouvait laisser présager le destin qui l'attendait. C'est dans la Drôme provençale, au cœur d’une cuisine aux saveurs de thym, de sarriettes et d’origan que la jeune fille apprend les plaisirs d’une cuisine authentique et familiale. C’est ensuite à Lyon qu’elle se forme à une cuisine plus sophistiquée. C’est le début d’une grande aventure culinaire…

Derrière toute famille importante se cache un(e) talentueux(se) cuisinier(e). La  cuisinière des  Kennedy suit le rêve américain de cette petite Française qui, grâce à son talent pour la cuisine, a travaillé pour les plus grands : les frères Lumière, Albert Camus, les Gallimard, et les Kennedy. C’est au sein du clan qu’elle connaîtra ses plus belles années, les accompagnant dans les plus jolis comme dans les mauvais moments. 

Pourquoi vous allez adorer ? Tu n’auras de chance que celle que tu iras chercher.”, écrit Andrée Imbert dans une lettre à son petit-fils Alain. Forte de ses investigations et de l’aide de ses petits enfants, Valérie Paturaud (Nézida) dresse le portrait de cette femme hors du commun. Courage, persévérance, force de travail, générosité,... La vraie nature de cette cuisinière transparaît sans mal à travers l’écriture délicate de l’auteure. Le must ? L’histoire savoureuse est ponctuée de recettes extraites du carnet personnel d’Andrée Imbert mais aussi de photographies privées et de certains de ses échanges écrits avec la famille Kennedy.

 

Une lettre d’amour à BB

Le bon bouquin : Mes nuits sans Bardot de Simonetta Greggio

Le pitch. « On a cru me connaître parce qu'on m'a vue nue. Personne ne sait qui je suis vraiment. » Lorsque la narratrice s’installe à Saint-Tropez, tout près de La Madrague, elle est bien décidée à percer le mystère Brigitte Bardot. Chaque nuit, le même rituel, elle marche jusqu’à sa maison dont les portes restent inlassablement closes. Alors, elle dépose une lettre sous le caillou devant sa porte, simplement pour s’assurer que BB est toujours là, avec ses chiens et ses souvenirs. Loin de l’ignorer, l’actrice recueille les lettres, les lit et revisite sa propre vie.

Colette, Roger Vadim, Marilyn Monroe, Marguerite Yourcenar, Brando, Trintignant et Serge Gainsbourg… Les grandes figures artistiques s'invitent, les souvenirs s’entremêlent : les hommes, l'amour, la fidélité, la maternité, le cinéma, le retranchement auprès des animaux et puis le droit à l'oubli. Du scoop ? L’exclusif est délaissé au profit d’une solide documentation, de faits qui viennent construire ce roman épistolaire, et qui dessinent le portrait de cette femme attachante.

Pourquoi vous allez adorer ? Simonetta Greggio, à qui l’on doit déjà La Douceur des hommes ou encore la Dolce Vita, finaliste du prix Renaudot, livre ici un récit d’une grande justesse et rend à Bardot ce qui lui appartient. Productrice pour France Culture de documentaires consacrés à Virginia Woolf, Elsa Morante et Mussolini, ce n’est pas la première fois que l’écrivaine s’essaye à dresser le portrait d’une personnalité. On pourrait considérer que tout a été dit sur Brigitte Bardot, et pourtant… Sa pertinence, sa répartie, sa modernité et cette mythique liberté qui font qu’elle existe et à qui Simonetta Greggio rend un touchant hommage.

 

Un grand roman bercé par le vent et les embruns

Le bon bouquin : Cézembre de Hélène Gestern 

Le pitch. Yann de Kerambrun est issu d'une lignée d'industriels bretons spécialisée dans le transport maritime. À l’approche des cinquante ans, après un divorce et la mort de son père, il quitte son poste de professeur d’histoire à la Sorbonne pour s’installer dans la maison familiale de Saint-Malo. C’est face à la mystérieuse île de Cézembre, et au cours d’une vie désormais rythmée par les marées, que Yann se replonge dans les archives de son arrière-grand-père Octave. 

Carnets, notes, photographies, lettres,... autant de vieux souvenirs qui vont peu à peu révéler les secrets de sa famille. Ses recherches le mèneront finalement face à un meurtre, un cold case vieux de cent ans. En entrouvrant les portes de son passé, en découvrant les tourments et les failles de cette légende familiale, Yann espère se trouver. Le récit mystérieux et passionnant de cette famille sur trois générations se lie étrangement à celui d'une petite île d'apparence anodine : Cézembre. Brillant ! 

Pourquoi vous allez adorer ? Hélène Gestern avait déjà brillé par le passé avec le délicieux roman 555 qui contait le destin rocambolesque d’une partition jusqu’alors méconnue composée par Domenico Scarlatti. Nul besoin donc de prouver son talent et pourtant… L’auteure livre ici une éblouissante saga familiale rythmée par une écriture sublime, à la fois tendre, sensible et poétique. Le souvenir et ses conséquences sur le présent, la mélancolie du deuil, la quête de la vérité, le pouvoir de la mémoire et de l'amour, mais aussi le goût des archives, le décryptage des photographies, les secrets de famille… Tous les thèmes chers à l’écrivaine se mêlent avec délicatesse pour former un récit d’une grande qualité. 

Mais aussi... 

Le bon bouquin : Sur l'ile de Elizabeth O'Connor

Sur cette petite île isolée du Pays de Galles, où se côtoient douze familles, quelques moutons et une poignée de homards, vit Manod, une jeune fille en quête d'une vie plus grande. La découverte d'une baleine échouée et l'arrivée de deux ethnographes anglais qui espèrent étudier la culture insulaire se révèle une aubaine, tant un aperçu de la vie en dehors de sa communauté qu'un moyen d’évasion. De poèmes en chant celtique, de dessins en broderies, le travail est titanesque pour rendre justice au tissu social de cette communauté. La perte, l'isolement, le folklore d'une vie bercée par les caprices de la nature... Elizabeth O'Connor aborde avec justesse la vie de cette communauté, et livre un premier roman poétique d'une délicatesse extraordinaire !

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