Un roman gothique par la descendante de Stephen King, un Inventaires des rêves féminins pour l’auteure d’Americanah, l’histoire bouleversante d’une mère et de sa fille signée Peter Heller, un récit post-colonial au cœur de la côte australienne,... Les coups de cœur littéraires du mois d’avril, c’est par ici que ça se passe !
Une ode à la vie entre femmes
Le bon bouquin : La Pommeraie de Peter Heller
Le pitch. “Ce sont eux, ta famille. Des gens solides et justes, si ce n’est envers eux-mêmes. Incapables d’accepter le prodige de leur propre magie.” Frith a grandi avec sa mère Hayley dans une cabane au pied des montagnes du Vermont, où toutes deux survivent grâce à leur pommeraie. De cette enfance faite de moments simples, bercée par les poèmes, Frith ne conserve que des souvenirs heureux.
Alors qu’elle est enceinte de son premier enfant, elle s’interroge sur son héritage et ce qu’elle transmettra à son tour. De sa mère traductrice, elle conserve l’amour des mots et un goût certain pour la poésie. De Rosie, leur plus fidèle amie, elle garde les plaisirs simples de la vie et puis la délicatesse des tapisseries. De l’absence de père, il ne reste que des souvenirs lointains, fruits de son imagination. Frith est sereine d’élever son enfant seule, comme sa mère avant elle. Ce sera une fille, elle le sent…
Pourquoi vous allez adorer ? Peter Heller, écrivain de “plein air”, à qui l’on doit La constellation du chien ou Peindre, pêcher et laisser mourir, a l’art et la manière de camper un décor, une atmosphère. La limonade fraîche bu sous le porche, le silence soudain qui clôture une longue journée d’été, les plongeons dans la cascade de la carrière, et puis l’odeur des pulls en laine qui grattent, du Dr Pepper et des brioches tout juste sorties du four. Une histoire bouleversante de vie naturelle, de féminité, d’amitié, de transmission mère-fille et bien sûr de poésie ! Finalement, ce décor, on y est si bien qu’on ne veut plus le quitter.
L’histoire d’un hôtel qui sait tout sur ses résidents
Le bon bouquin : L’hôtel de Daisy Johnson
Le pitch. Lieu de mythes et de secrets, ce lieu a une aura très spéciale. Avant même la construction de l’hôtel, et alors qu’il n’était qu’une étendue de vide, une atmosphère étrange régnait. On y a noyé ce qu’on croyait être une sorcière, on a fait construire un hôtel néo-gothique sur sa terre maudite, on y a vu défiler bon nombre d’employés et autres directeurs, on y a hébergé des amis, des amants, des membres de la famille, on y a ri, pleuré, on y a parlé fort, on y a chuchoté, mais surtout on y a eu peur.
“Il est plus vaste au-dedans qu’au-dehors. N’allez pas dans la chambre 63. Les portes et les fenêtres changent parfois de place.” Ces nouvelles racontent l’hôtel, son histoire de vieille bâtisse devenue personnage emblématique pour ses visiteurs. On y découvre une fresque de personnages hors du commun. Ceux-là même qui continuent de hanter les lieux bien après la tragédie… le mystérieux incendie qui a tout ravagé.
Pourquoi vous allez adorer ? Daisy Johnson est considérée par beaucoup comme la descendante de Stephen King. En digne héritière du maître du roman noir et de l’étrange, elle a le don pour manier les mots. En témoignent d’ores et déjà Sœurs et Tout ce qui nous submerge. Aux frontières du fantastique, de l’imaginaire et de la réalité, d’une écriture simple presque cinglante, elle raconte la peur, l’horreur et l’effroi. L’écrivaine fait dans l’économie de mots et c’est tant mieux, elle a ainsi tout le loisir de camper une ambiance qui nous imprègne et ne nous lâche plus, même le livre refermé. En nous invitant à séjourner dans cet hôtel, Daisy Johnson nous livre un petit chef-d’œuvre de littérature gothique.
Un récit personnelle sur la réalité des femmes
Le bon bouquin : L’inventaire des rêves de Chimamanda Ngozi Adichie
Le pitch. “J’ai toujours rêvé d’être connue, telle que je suis vraiment, par un autre être humain.” Ainsi débute l’histoire de Chia, écrivaine voyageuse qui se plaît à inventorier ses conquêtes, l’une des protagonistes de notre histoire. Elle partage le récit avec trois autres femmes, sa cousine Omelogor, qui a fait carrière dans la finance, leur amie commune Zikora, avocate, abandonnée par son compagnon quand elle lui apprend qu'elle est enceinte, et Kadiatou, fine cuisinière et tresseuse hors pair, réalise son rêve américain en devenant femme de chambre dans un hôtel de luxe.
Leur point commun ? Venues d’Afrique de l’Ouest, elles ont toutes immigré aux États-Unis et ont toutes des rêves qu’elles comptent bien accomplir : l’une se refuse au mariage pour vivre de sa plume, une autre veut un enfant quel qu’en soit le prix, ou encore combattre les injustices faites aux femmes. Alors que les rêves de Kadiatou s'effondrent suite à un incident au sein même de l’hôtel, faisant pleinement écho à l’affaire Strauss-Kahn, les destins des autres femmes viennent s’imbriquer, se coller, pour ne former qu’une seule et même voix qui interroge : les rêves des femmes seraient-ils plus difficiles à atteindre ?
Pourquoi vous allez adorer ? “Le but de l'art est d'observer notre monde et d'en être ému, puis de s'engager dans une série de tentatives pour le voir clairement, l'interpréter et le questionner.” écrit l’auteure dans sa préface. Avec L’inventaire des rêves, Chimamanda Ngozi Adichie, à qui l’on doit Americanah ou encore le texte Nous sommes tous des féministes, prouve une nouvelle fois son don pour raconter les femmes et le pouvoir de leur solidarité. D’une plume toujours fine et légère mais bien plus expansive et profonde, l’écrivaine livre un récit profondément personnel sur les désirs des femmes. Si ses héroïnes se plaisent à rêver d’amour, à papoter, à partager plats savoureux et plaisanteries, elles sont avant tout des femmes noires qui questionnent l’impact qu’a leur couleur de peau sur leur parcours, et sur le regard des autres.
Un récit au cœur des légendes Australiennes
Le bon bouquin : Les Sirènes d’Emilia Hart
Le pitch. Australie, 2019. À la suite d’un incident des plus étranges, Lucy quitte précipitamment l’université pour aller se réfugier chez sa sœur Jess. Cette dernière vit depuis peu à Comber Bay, lieu de toutes les légendes depuis le naufrage de 1801. Mais lorsque Lucy arrive dans sa maison délabrée, perchée au sommet d’une falaise battue par les vents, elle ne trouve personne. Faute de pouvoir se reposer sur sa sœur, elle part à sa recherche.
Afin de mieux fouiller le présent de Jess, Lucy plonge dans le passé de cette ville, l’histoire d’un naufrage tragique, les récits d’hommes disparus dans des circonstances mystérieuses et le destin d’un nourrisson découvert dans une grotte. Les pièces du puzzle s'emboîtent les unes après les autres, à la manière d’une enquête policière. Mais tout est bouleversé lorsque viennent s’y mêler les voix des femmes qui se sont échouées sur cette côte des centaines d’années auparavant. Elles chuchotent à Lucy l’histoire de deux sœurs, il y a deux siècles, dans un monde où les hommes étaient maîtres.
Pourquoi vous allez adorer ? Emilia Hart n’en est pas à son coup d’essai. Avant Les Sirènes, il y a eu La Maison aux Sortilèges, qui contait les destins entremêlés de femmes extraordinaires séparées par plusieurs siècles. Adepte du réalisme magique, l’écrivaine a créé un univers reconnaissable parmi tous, elle mêle les mythes et légendes populaires, se réfère à des événements historiques, intègre juste ce qu’il faut d’étrange et dresse le portrait de femmes hors du commun. Ce récit à double chronologie, mêlant folklore et légende, nous plonge dans l'histoire tragique de certains des premiers colons d'Australie, des femmes exilées et transportées en Nouvelle Galles du Sud pour être utilisées comme des biens humains. De cette ambiance sombre et envoûtante, on ne ressort pas indemne.
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