La Maison de Balzac consacre sa toute nouvelle exposition au thème du mariage au XIXᵉ siècle, exploré à travers les œuvres de l’écrivain et les dessins souvent humoristiques de ses contemporains. Entre citations de l’auteur de La Comédie Humaine et caricatures tordantes, ce portrait de la société d’il y a 2 siècles s’avère particulièrement édifiant. Une expo engagée, lovée dans une superbe maison avec jardin dans le 16e arrondissement. Vous avez jusqu’au 30 mars 2025 pour en profiter !
Le mariage : une tragédie ?
Balzac, même si pas exactement féministe au sens moderne du terme, aborde des thèmes avant-gardistes comme l’entente charnelle ou l’injustice faite aux femme devant l’adultère. À travers des extraits de textes et de dessins ultra-lol de ses contemporains, l’expo nous enseigne comment étaient perçues les femmes au XIXe siècle et à quel point elles étaient tributaires de leur statut marital, en vraies Desperate housewives.
Saviez-vous que les femmes étaient classées en 3 catégories ? Celles comme il faut, bons partis à marier ; celles comme il en faut, dont le statut précaire oblige à chercher un protecteur (incluant les prostituées !) ; et enfin les loseuses, trop vieilles, malades et usées… Quoi qu’il en soit, la femme est tenue de remplir son devoir conjugal, une obligation bien vilaine que Balzac, penseur avant-gardiste, est parmi les premiers à qualifier de viol. Comme il l’écrit, Hé bien, le mariage, tel qu’il se pratique aujourd’hui, me semble être une prostitution légale ! Balzac, une girlboss ?
Source de comédie
Fou rire de l’expo : la série d’aquarelles d’Émile Charles Wattier qui représente la descente aux enfers d’un couple marié, de la résignation à la haine. Qui dit haine pour sa conjointe dit rapidement tromperie. Le divorce ayant été supprimé en 1816, l’adultère se répand comme une traînée de poudre. Sauf que pour les hommes, c’est un loisir que de s’amuser avec des courtisanes, tandis que pour les femmes, c’est 3 ans de prison. Bonne ambiance. Le thème des hommes cocus et infidèles est d’ailleurs une grosse inspi pour les artistes et caricaturistes de l’époque, comme le montre bien le dessin de Gavarni, représentant un homme trompeur et défiant le juge en procès tandis que sa maîtresse baisse la tête de honte.
Coup de cœur pour cette expo qui propose aussi un parcours olfactif : les parfums viennent illustrer les œuvres et les thèmes. On profite aussi du jardin de la Maison lovée au cœur du 16e, avec sa sublime vue sur la Tour Eiffel. Une expo ultra-importante et engagée à ne pas rater !
Illusions (conjugales) perdues, Maison de Balzac, 47 rue Raynouard Paris 16e. Jusqu’au 30 mars 2025. Entrée à 9 €.