En ces temps moroses, les salles de spectacle deviennent l’échappatoire privilégiée pour passer une soirée hors de l’espace et du temps. À condition, bien sûr, que le show soit à la hauteur ! La rédaction s’est sacrifiée pour assister aux meilleurs seul·e·s en scène du moment. À vos résas.
Laura Felpin
La bête de scène : révélée par la grande porte à la télévision dans l’émission Quotidien grâce à ses personnages inoubliables, Laura Felpin grandit à Mulhouse et affine sa culture de l’humour et son sens de l’observation auprès de sa maman, clown de profession (tiens donc). Formée dans une école de théâtre et récemment remarquée dans la géniale série Canal+ 6 x Confiné·e·s, son tout premier spectacle Ça passe cumule 1h20 de ce qu’elle fait de mieux, sur Instagram ou à travers des sketchs coécrits avec son BFF Cédric Salaun (en guest sur scène pour des moments délectables).
Ça parle de quoi ? Laura Felpin alterne les personnages qui ont fait sa gloire et de nouveaux qu’elle incarne à la perfection (Vanessa Poteau vendeuse chez Sephora, l’Alsacienne en plein discours de mariage, la boomeuse aux lunettes rouges…) et les moments plus intimes, armée de son vrai journal intime Diddl d’époque. Avec pour fil rouge d’interroger la prétendue supériorité de l’être humain, aux habitudes parfois si absurdes… Les fans en redemandent.
Jusqu’au 30 avril, à partir de 25 € à la Comédie de Paris, 42 rue Pierre Fontaine, Paris 9e
© Sasha Marro
Fabrice Eboué
La bête de scène : après avoir grandi dans une banlieue aisée puis partagé le même lycée (mais pas la même classe) qu’Emmanuel Macron et s’être rapidement essayé au rap (en vain, de son propre aveu), Fabrice Eboué fait désormais figure de taulier pour la nouvelle garde du stand-up. Remarqué dès les premières heures du Jamel Comedy Club, l’humoriste joue Adieu hier, son quatrième spectacle après la sortie de Barbaque, son dernier film à l’humour (très) noir sur un couple de bouchers qui tue un vegan par accident… et provoque le cannibalisme de tout un bled.
Ça parle de quoi ? Sans aucun doute, Fabrice Eboué a passé le cap du vrai daron. Du coup, le voilà en 2022 un peu largué par les notions de réseaux sociaux, la cancel culture, le militantisme de façade ou encore les féministes qui se perdent dans leurs contradictions. Mais son dada à lui, ce sont aussi les affaires criminelles, et l’humoriste joue les profilers avec un certain intérêt pour Jonathan Daval, entre autres. En prenant à partie (comme toujours) deux sacrifiés dans le public, il confronte les générations avec un impressionnant débit, délivrant un texte intelligent et hilarant de bout en bout, maniant l’autodérision comme personne. Simplement jouissif.
Jusqu’au 16 avril, à partir de 25 € au Théâtre Déjazet, 41 boulevard du temple, Paris 3e
Panayotis Pascot
La bête de scène : c’est le retour tant attendu de Panayotis, connu depuis ses débuts à 17 ans chez Yann Barthès, une révélation sur scène et un passage du petit écran aux planches réussi. Du haut de ses 23 ans, il tient son public avec brio grâce à un débit ultra-rapide et bien rythmé pour 1h30 de fou rire.
Ça parle de quoi ? Une entrée sur scène fracassante en déblatérant sur son sérieux problème à embrasser des femmes... et c’est parti pour une chronologie hilarante de sa relation avec ses parents, avec ses potes, son coloc ou la psychologue : tout le monde en prend pour son grade. Touchant et un brin dragueur avec le public, on s’identifie facilement à son univers, ses craintes et ses passions qu’il expose avec éloquence : tout compte fait, Presque est une auto-psychanalyse cathartique bien tournée. N’oubliez pas vos mouchoirs, vous allez pleurer (de rire) !
© Alice Moitié
Philippine Delaire
La bête de scène : on vous avait déjà parlé de Philippine Delaire dans un article consacré aux humoristes à suivre sur Instagram… pendant le confinement. Après des études de psycho, une option impro aux Cours Florent et quelques rôles au cinéma face à Camille Cottin et Alex Lutz, elle se fait remarquer sur les réseaux avec ses vidéos de conversations entre deux personnages totalement exagérés avec un vrai fond de vérité (les mamans en compétition, les dealers d’attestation de +100km…). Depuis, la comédienne a fait du chemin. Après avoir récemment ambiancé la première partie de Maxime Gasteuil, son concitoyen bordelais, la voilà de retour à Paris pour continuer de jouer Télédrama, son premier spectacle déjà hyper rodé pour la petite salle du Bo Théâtre… plein à craquer.
Ça parle de quoi ? Philippine Delaire est totalement accro à la télévision. Pékin Express, Faites entrer l’accusé, Top Chef, The Voice : rien ne lui échappe. La comédienne en a carrément sorti un spectacle original, ultra-rythmé et hilarant, dans lequel elle prend à partie deux personnes du public qu’elle ne lâchera pas de tout le long. Avec une grande fraîcheur et une énergie étourdissante, elle enchaîne les états d’âme, imagine une émission tirée de son enfance catho-tratra et avoue adorer s'empiffrer quand les candidats de Koh Lanta partagent dix grammes de riz à 15.
Jusqu’au 27 avril à partir de 15 € au Théâtre Bo Saint-Martin, 19 boulevard Saint-Martin, Paris 3e
Tom Villa
La bête de scène : chroniqueur, journaliste, acteur, Tom Villa revient à l’humour, son amour de jeunesse. Un show à la façon d’une remise de Césars, dans lequel il accueille le public derrière son pupitre et endosse le rôle de maître des festivités dans la joie et la bonne humeur sapé en costume de cérémonie et souliers vernis.
Ça parle de quoi ? Tom Villa décerne les prix des meilleures (ou plutôt des pires) récompenses avec une pointe de cynisme. Ce one-man-show explore l’actualité politique avec répartie, lance des pics au public sur les gilets jaunes, ose un débat mouvementé sur les religions en France, l’écologie et les médias, et les célébrités : une satire comique de la société où il est lui-même le premier accusé. Un spectacle tordant pour tous les âges où le ridicule fait effectivement rire.
Jusqu’au 12 mars, à partir de 25 € à l’Européen, 5 rue Biot, Paris 17e
Cécile Marx
La bête de scène : elle est l’atout féminin de Bun Hay Mean à Paris et en tournée, s’est imposée en première partie de Marina Rollman à l’Olympia et enchaîne les vidéos originales sur Insta, entre les parodies de podcasts bidons et de Romy Schneider (devenue Romy Cheiper) ou d’autres dans lesquelles elle répond aux spams de Blablacar ou Pornhub. Dernière génération d’une dynastie d’artistes, Cécile Marx prend le relais avec Crue, son seule en scène osé et bourré de charisme, prometteur d’une carrière à suivre.
Ça parle de quoi ? Un peu de tout, de son passage en Belgique et les bizarreries de son système ferroviaire en passant par sa relation à l’alcool ou à la sexualité, sa façon de rendre drôle et touchant un drame de femme et même un intermède musical sur les chanteuses à messages qui défendent tout et rien sur Instagram. Mention spéciale à ses talents de devin lisant l’avenir dans le dictionnaire (préparez bien vos questions existentielles).
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