Ses 10 commandements pour bien s’exprimer en public

Amelie Blanckaert

© Amélie Marzouk

Qui n’a jamais rêvé de s’exprimer avec aisance et naturel, devant un public conquis tombé sous le charme ? Présentations de projets, prises de parole en réunion, conversations badines ou grands discours : l’éloquence est un art qui s’apprend.

Ex-professeure de littérature et fondatrice de son “Agence de convictionBureau 121, Amélie Blanckaert nous délivre ses 10 astuces géniales issues de son livre Votre parole vaut de l’or, qui est une véritable bible du genre pour tous les orateurs en devenir.

On ose prendre la parole

Pour commencer, il faut se jeter à l’eau, plonger dans la piscine, admettre que nous sommes tous des apprentis orateurs et que ce n’est pas grave si l’on ne trouve pas le mot parfait du premier coup. “Andrée Putman, une grande prêtresse de la décoration que j’aime beaucoup, disait cette phrase : « Ne pas oser, c’est déjà perdre ». Le meilleur remède face à la peur, c’est donc l’action”, nous démontre Amélie Blanckaert. “La parole, ça se prend, ça ne se reçoit pas, c’est un acte de prise de pouvoir !” Alors que la bonne éducation voudrait qu’on vous la donne, il s’agit donc d’oser prendre la parole  “Si vous attendez qu’on vous la donne, vous resterez silencieux très longtemps !”, s’amuse-t-elle.

On s’entraîne jusqu’à la perfection

Héler un taxi, demander l’addition au restaurant, poser une question alors que tout le monde semble déjà d’accord… On peut aussi s’entraîner devant quelqu’un ou même devant son téléphone pour parler de son projet. Il s’agit de préparer son message, son contenu et sa forme : “La préparation, c’est respecter plusieurs étapes, à commencer par se préparer soi-même et connaître son sujet sur le bout des doigts.” Voilà qui évitera d’avoir l’air de débarquer en amateur.

On trouve les mots justes

Toutes les bonnes formules sont des formules travaillées. “Le Yes we can n’est pas sorti  de la cuisse de Jupiter !” Il faut d’abord faire un travail d’exploration en cherchant dans un dictionnaire et surtout lire tout le temps, lire partout pour se nourrir de l’esprit des autres. “Dès que vous lisez, vous apprenez la langue et vous devenez plus fin.” Pour finir, on favorise la recherche du mot juste en prenant son temps : “En parlant lentement, il est plus facile de trouver ses mots, parce qu’on ne se précipite pas. Vous ne pouvez pas brusquer votre pensée, ni aller plus vite que votre intelligence.

On utilise des figures de style

La répétition permet d’ancrer le message, et l’analogie de rendre clair instantanément l’idée que l’on veut transcrire. “Andrée Putman utilisait une expression que j’aime beaucoup : « Je suis la femme bicyclette, quand j’arrête de pédaler je tombe. » Il n’y a pas mieux que les analogies pour exprimer ses idées et stimuler l’esprit.” Preuve ultime qu’il est plus facile de convaincre et d’émouvoir par l’image que par le raisonnement.

On séduit en jouant des tours

Mais pas au sens classique du terme, en usant de ses artifices féminins ou masculins ! La séduction dans l’art de la persuasion réside dans le fait de donner envie, car la raison ne suffit pas lorsqu’il s’agit de convaincre à l’oral. Le langage du corps, l’art de poser sa voix, de jouer des silences, de savoir écouter autant que parler, l’art de raconter des histoires, tout ça, c’est séduire : “Si je vous parle dans ma barbe pendant une heure avec seulement une litanie de chiffres et de concepts, vous ne serez pas convaincu·e·s, vous serez lassé·e·s, vous serez perdu·e·s et vous décrocherez.”

On adopte une meilleure gestuelle

“Il faut savoir être bien aligné·e, et bien positionner ses jambes, tout part de là !”, affirme-t-elle fermement en se redressant pour nous montrer l’exemple. Le fait de se tenir droit permet déjà de gagner en autorité, de mieux respirer et de mieux poser sa voix. Il ne faut surtout pas se fermer, car n’oublions pas que parler reste un acte de générosité. Il faut ouvrir ses yeux, ouvrir sa bouche, pas seulement pour parler mais aussi pour sourire, utiliser ses bras et ses mains pour se diriger vers son interlocuteur. “Après, il s’agit de trouver son style. Un geste n’est jamais bon s’il est automatique, s’il n'est pas réfléchi ou s’il est artificiel.”

On apprend aussi à se taire

“Il est aussi important de savoir parler haut et fort que de savoir se taire !”, assène Amélie Blanckaert. La parole marquante est celle qui se trouve au bon endroit, au bon moment, et qui ne s’encombre pas de trop de mots. Afin d’être mieux retenue, il faut que cette même parole soit entrecoupée de silences. Comme le disait Confucius : “Le silence est un ami qui ne trahit jamais.” À méditer !

On anticipe les catastrophes

“La meilleure façon d’anticiper, c’est d’admettre que l’imprévu est la règle.” Un retard en réunion, un ordinateur qui ne s’allume pas, une grève de transport… Savoir qu’il faut être hyper préparé·e·s pour être hyper à l’aise nous aide à affronter l’imprévu. Il faut pourtant se rendre à l’évidence : on ne peut pas tout contrôler ! “Il est donc absolument nécessaire d’apprendre à être flexible et à s’adapter, plutôt que de vouloir absolument s’en tenir à ce qui était initialement prévu.” Clin d'œil aux stressé·e·s de l’emploi du temps chronométré au millimètre près : advienne que pourra !

On se pare d’un uniforme powerful

“Personnellement, j’aime être en pantalon, je m’y sens forte. Je suis assez classique, souvent en bleu marine, c’est ma couleur fétiche. Pantalon, veste, chemise blanche et manchettes, c’est sans doute ma tenue préférée pour convaincre. Je ressens le besoin d’être discrète avec le temps, pour être plus originale dans mon propos.” Chacun·e son uniforme et sa fantaisie : le plus important est de se sentir à l’aise dans sa tenue pour ne pas être déconcentré·e par un quelconque inconfort vestimentaire.

On soigne sa sortie

Une conclusion, ça se tra-vaille. Cela peut se faire sentir par un acte de résumé de la pensée, ou un effet de boucle (lorsqu’on commence par une évocation, une histoire, une matière, une question et que l’on termine dessus). “Qui trop embrasse mal étreint”, dit le proverbe. Alors au moment opportun, il faut savoir se taire, savoir s’arrêter, clore son propos et admettre qu’il a une fin. “De même qu'il « faut savoir partir à point » comme le dit La Fontaine avec Le Lièvre et la Tortue, il faut savoir clore à point, pour ne pas perdre l’autre et ne pas perdre en crédibilité.” Comme au théâtre, donc, soigner sa sortie est un art à ne surtout pas négliger !

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