Elle est l'ambassadrice de la campagne "Poursuis Ton Rêve Quoi Qu’il Arrive", déployée par Bridgestone dans le cadre de son partenariat avec les JO. Une philosophie de vie qui lui colle à la peau : “Ça m’a tout de suite parlé parce que c’est mon histoire”. Ou l’itinéraire de cette femme extraordinaire, qui jongle avec des études à Science Po et une carrière de boxeuse jusqu'au championnat du monde en 2008. Mais tout s’écroule avant les J.O. de 2012 ! Une entreprise et un bébé plus tard, Sarah décide de renfiler les gants, remonter sur le ring et devient médaillée d’or à Rio en 2016.
A travers cette campagne, c’est de l’audace dont Sarah souhaite parler : “J’ai poursuivi mon rêve, j’ai fait de sublimes rencontres, je me suis réalisée. Le chemin était magnifique, même si j’ai échoué. Croire en ses rêves pour ne pas traîner de regrets, c’est formidable”.
Boxeuse, c’est une vocation ?
Quand j’ai commencé à 14 ans, les femmes n’avaient même pas le droit d’avoir une licence ni de faire de la compétition. Au départ, je faisais du Taekwondo, mais ma salle a brûlé... En cherchant un autre endroit dans les alentours pour continuer, je suis tombée par hasard sur une salle de boxe et le prof m’a proposé de tester. J’ai adoré. J’ai trouvé ça super et ludique, avec des stratégies de boxe et de combat. Tout le corps était en jeu.
Le premier combat officiel de femmes a été autorisé en 1999. Je suis devenue championne de France la première année, et je suis partie combattre à l’étranger. J’ai pris petit à petit confiance. Mais à l’époque, il n’y avait pas de modèles de femmes à qui s’identifier, pas de Jeux Olympiques possibles, pas de sponsors pour en vivre. Impossible de se projeter.
Comment avez-vous commencé à envisager le métier de boxeuse ?
C’est venu petit à petit à force de gagner des titres. Je pensais même décrocher après les championnats du monde en 2008, car mes études commençaient à pâtir de mes entraînements. J'espérais avoir une médaille, mais je ne pensais pas gagner le titre de championne du monde. On nous a annoncé à ce moment-là qu’on allait avoir le droit de participer en tant que femme aux Jeux Olympiques. D’un coup, ça devenait concret. Un rêve palpable. J’avais 4 ans pour le préparer. J’ai eu quatre belles années très bien classée sur le plan mondial.
Et là, tout s’écroule ?
J’ai perdu le dernier combat qui m’aurait permis d’aller aux Jeux Olympiques de Londres en 2012. J’ai craqué mentalement. En 8 minutes, j’ai perdu contre une fille que j’avais déjà battue plein de fois. A ce moment là, j’ai décidé d’arrêter ma carrière. J’avais 29 ans. C’était fini. En 2014, 2 ans après avoir monté ma boîte et eu ma fille, j’ai décidé de m’y remettre. J’avais trop de regrets. Objectif Rio 2016. J’ai tout donné pour essayer.
Boxeuse et maman, c’est compatible ?
Pour me préparer aux Jeux, je faisais mes séances cardio le matin avant que le bébé ne se réveille. Après le boulot, j’allais chercher ma fille à la crèche, et je l’emmenais avec la poussette à la salle de boxe qu’elle a transformée en salle de jeu. Je n’avais qu’une heure. C’est un peu l’entraînement anti-Rocky ! Les 3 premiers mois, c’était très dur. Physiquement, on perd vite quand on arrête... Les muscles fondent, et le cardio c’est dur ! Ma faille était mentale. Donc j’ai décidé de me blinder mentalement et de m'entraîner moins, mais mieux. J’ai été accompagnée par un coach mental sophrologue, je me suis libérée et sentie beaucoup plus forte !
Vous êtes la marraine de “Poursuis Ton Rêve Quoi Qu’il Arrive”... Quel rêve avez-vous poursuivi… et réalisé ?
Participer et gagner les Jeux Olympiques de Rio justement ! C’était lourd en organisation. Les gens ne comprennent pas pourquoi vous vous acharnez après avoir eu un enfant et déjà échoué en 2012. Au boulot, en famille, tout le monde vous met la pression et essaie de vous dissuader : “Mais qu'est ce que tu fabriques ? Tu vas te planter, il y a des jeunes qui ont pris la relève….”. Heureusement, j’ai eu une chance folle : mon mari a été là et m’a soutenu tout le temps. “Sarah, tu as un rêve, et même si tu n’as qu’1 % de chance de le réaliser, fonce !”. A cette époque, j’ai toujours continué à bosser en tant que salariée. C’est pour la boîte que j’avais développée que c’était un peu plus compliqué. Je me suis dit qu’il s’agirait d’une double réussite.
Vous êtes une figure du nouveau féminisme…
Mon parcours de boxeuse est un miroir grossissant de la société et de tous les combats que les femmes ont à faire pour s’imposer. Ma médaille olympique me donne un rôle de modèle. Si ça donne envie à des jeunes filles de se donner à fond pour faire ce qu’elles ont envie de faire, sans réfléchir à ce que les gens en pensent c’est génial !
Votre devise ?
“Sky is the limit” ! Parce que j’ai envie de faire sauter toutes les barrières. Ce que j’ai envie de transmettre à ma fille ? Ne jamais s’autocensurer, ne pas se poser de limites intellectuelles.
Quelles sont vos activités professionnelles depuis votre titre de Championne Olympique ?
J’ai plusieurs casquettes. Je suis porte-parole de la campagne “Poursuis Ton Rêve Quoi Qu’il Arrive” et parallèlement, je suis déléguée du gouvernement dans le 93 pour le sport, et vice-présidente du comité olympique. J’ai une entreprise dans la boxe et les gants connectés et, depuis 8 ans, j’ai une association. Ce sont des cours de boxes pour femmes avec une garderie…Ça permet de s’accorder du temps, surtout quand on n’en a pas. Et… J’ouvre ma première salle de boxe en janvier Porte d’Ivry !