Le coming out des lesbiennes, c’est un peu grâce à elle. Avec son one-woman-show phénomène La Lesbienne Invisible, Océanerosemarie sortait (enfin !) les filles gays du placard, au point d’en devenir une égérie des temps modernes, loin des clichés goudous.
Avec Embrasse-Moi, Océanerosemarie passe de la scène à la comédie romantique dans l’esprit d’un Coup de Foudre à Notting Hill ou d’une Bridget Jones gay avec Michèle Laroque et Alice Pol en tête d’affiche… L’occasion parfaite pour mettre en lumière une femme solaire, qui fait bouger les mœurs avec panache, humour et intelligence.
Qu’est ce que ça vous évoque quand on vous dit que vous êtes la Florence Foresti des lesbiennes ?
Ca me va bien, ça me fait marrer, c’est cool. Quand j’ai créé La Lesbienne Invisible en 2009, beaucoup de lesbiennes sont venues me voir, car c’était un spectacle bienveillant et auquel on pouvait s’identifier. On ne trouvait jamais de représentation positive de lesbiennes dans la fiction, que ce soit au théâtre, au cinéma ou à la télé...
Océanerosemarie, c’est vous ou un personnage imaginaire ?
Dans la vraie vie je m’appelle Océane. J’ai fusionné mes 2ème et 3ème prénoms Rose et Marie (qui sont tout pourris, comme tout le monde) pour en faire un nom comique, à la sortie de mon premier spectacle. Océanerosemarie, c’est ce qu’on appelle un persona dans le vocabulaire du théâtre, qui n’est ni vraiment moi, mais pas un personnage non plus. C’est-à-dire que c’est moi en pire ou moi en mieux, je ne sais pas, peut être un mélange des deux. En tout cas, c’est moi en plus plus plus, en excessif. J’aime moins les mojitos qu’elle dans la vraie vie et je me couche plus tôt !
© Magali Bragard
Racontez-nous les aventures d’Océanerosemarie...
Elle a d’abord existé avec le spectacle La Lesbienne Invisible, on va dire de l’enfance aux 30 ans d’Océane : cette fille qui galère un peu, qui essaie de rencontrer des filles, qui est encore une lesbienne invisible à ce moment là, un peu maladroite et tout…
Avec le film Embrasse-moi, c’est un peu la suite de ses aventures, comme Bridget Jones. On la retrouve peut être 5 ou 6 ans plus tard, elle a fait son chemin, elle a eu des histoires, ça y est, elle est passée de lesbienne invisible à lesbienne visible, elle a évolué. J’aime bien l’idée qu’il y ait une suite, mais qui ne soit pas forcément dans la même forme. Je ne sais pas si on la retrouvera sur scène ou au cinéma la prochaine fois.
Quelles sont vos comédies romantiques cultes ?
Coup de foudre à Notting Hill, Cyprien, mon co-scénariste, adore La Boum, sans oublier Pretty Woman qui est un peu un incontournable de la comédie romantique. Je suis particulièrement fan des films des frères Farrelly, en particulier de L’amour extra large, qui est un film où le héros est un con plein de préjugés qui n’aime que les nanas parfaites, alors que lui même ne ressemble à rien. Il tombe fou amoureux d’une fille qu’il voit comme si c’était Gwyneth Paltrow sans se rendre compte que la fille est obèse…
C’est quoi la différence entre une comédie romantique de lesbiennes et une comédie romantique hétéro ?
Justement, l’idée, c’est qu’il n’y ait aucune différence ! Mettre des héros homos dans des rôles habituels d’hétéros sans que ce soit un sujet en soit… C’est le projet du film.
Après, je me suis amusée dans mon film avec ce cliché qui dit que les lesbiennes sont parfois de grandes hystériques en amour. Fantine, qui incarne le stéréotype de l’ex folle furieuse, qui ne lâche jamais, manipulatrice, perverse narcissique, c’est un peu un cliché mais je dois avouer que, moi, ça me fait marrer parce que c’est quand même vrai. Les lesbiennes un peu psychopathes, elles existent, il faut l’avouer. En même temps, il y en a plein qui sont comme ça chez les hétéros aussi, en fait !
Pour une fois, un film gay qui ne parle pas de coming out !
Le problème des films qui ne traitent que du coming out, c’est que quelque part ça alterise les homosexuels comme si, eux, avaient un problème grave. L’homosexualité ne se résume pas au coming out...Mais merci, tout va très bien pour nous. On a des projets, du boulot, des amours...
Je trouve que c’est important de rappeler que si les homosexuels sont mis à part, ce n’est pas du fait de leur orientation sexuelle, mais à cause du regard de la classe dominante des hétérosexuels qui considère que ce sont les autres qui ne sont pas normaux.
On trouve beaucoup de personnages masculins gays dans la pop culture et les séries comme Sex and the City. Mais les lesbiennes, pas trop...
C’est un peu la double peine pour les lesbiennes, qui sont à la fois des homosexuelles et des femmes. Mais ça évolue en France, par exemple avec le personnage de Camille Cottin qui est gay dans la série Dix pour Cent, en prime time sur France 2. C’est un personnage assumé mais qui n’est pas une caricature pour autant… Même si, dans la 2ème saison, Camille Cottin couche avec un homme et ça a vraiment énervé toutes les lesbiennes de France. C’est dommage de retomber dans ce genre de clichés.
Justement : quel cliché sur les lesbiennes continue de vous gonfler ?
Quand on pense qu’en fait, nous sommes des femmes qui n’avons pas encore trouvé “le” bon.
La première chose qui risque d’arriver à deux lesbiennes qui s’embrassent dans la rue... c’est de se faire draguer (contrairement aux gays mecs qui, par exemple, peuvent se faire insulter ou casser la gueule).
Si on est un petit peu féminine et un peu mignonne, alors là, c’est puissance mille ! Tu deviens un fantasme d’hétéro avec 5 mecs qui viennent te proposer leurs services. Merci, on se débrouille toutes seules. C’est un cliché qui à la peau dure et c’est un peu énervant...
© Magali Bragard
Un conseil pour une petite Parisienne lesbienne
Je lui conseillerais de se faire confiance, de se dire qu’elle est belle, qu’elle est géniale, qu’elle est aussi bien que les autres (en tout cas que les hétéros) et qu’elle a une chance parce qu’elle a quelque chose qui est différent, qui permet d’avoir un regard un peu extérieur sur la société. Ça peut être un obstacle, surtout au début, mais au final ce sera toujours une richesse. Ce qui m’est arrivé de mieux dans ma vie, c’est d’être lesbienne !
Prochains projets ?
Je continue de jouer mon spectacle Chatons Violents, au festival d’Avignon du 7 au 31 juillet au théâtre des Béliers. J’ai aussi envie de développer un autre film ou jouer pour un réalisateur. Le cinéma a été une vraie révélation, j’ai adoré être actrice.