Le film de Michel Denisot sort enfin… Un long-métrage quasi autobiographique dans lequel Cédric Saint Guérande, aka CSG, le héros incarné par Franck Dubosc, est la star du 20h de la chaîne la plus regardée de France.
La genèse
“En écrivant le scénario, je me demandais si j’irais jusqu’au bout”, écrit-il dans Vanity Fair. Des mois, pour ne pas dire des années, qu’on entend parler du film de Michel Denisot. À 74 ans, l’éternel jeune homme le promet : dans ce long-métrage qui s’est imposé à lui un peu par hasard, tout est vrai.
Retour au Festival de Cannes, il y a trois ans. Il est 2h du matin. Comme à son habitude, le touche-à-tout pince-sans-rire raconte des anecdotes croustillantes du petit milieu cathodique qu’il connaît si bien. Brigitte Maccioni, la directrice générale d’UGC, en est persuadée : “Il faut en faire un film !”. D’abord décontenancé, Michel prend finalement la plume (ou son Macbook, on n’était pas là) et donne corps à Cédric Saint Guérande, roi du PAF et héros du film qui naîtra trois ans plus tard.
Le pitch
Cédric Saint Guérande, aka CSG, sous les traits de Franck Dubosc, est la star du 20h de la chaîne la plus regardée de France (La Grande Chaîne). Chauffeur, costumes griffés, deuxième épouse canonissime (Caterina Murino, plus Bond Girl que jamais), couvs de magazines qui pleuvent, audiences au top et public énamouré, le king de la Grand Messe tutoie les dieux.
On est en 2001 lorsqu’il entre pour la première fois dans les foyers français à l’heure où l’on balance enfin ses pompes et où l’on écoute religieusement les nouvelles. Dix-neuf ans plus tard, le grand CSG est toujours au firmament lorsqu’un nouvel actionnaire prend les commandes de la chaîne. S’il semble “indéboulonnable”, son hégémonie semblait-il éternelle pourrait bien vaciller (ça vous rappelle quelque chose ?).
Ce qu’on a aimé
- Le casting de ouf : PPDA, Claire Chazal, Michel Drucker, Joey Starr, Béatrice Dalle, Laurent Delahousse, Laurence Ferrari, Anne-Sophie Lapix, Nikos Aliagas, Sylvie Testud et même Alain Delon, question guests, on en prend plein les mirettes, avec cette impression d’avoir été gentiment incrusté dans une soirée privée.
- Dubosc, qui met la pédale douce côté patrickchiraquisme et enfile le costard de l’odieux néo-parisien qui bouffe à l’Avenue et oublie d’où il vient très honorablement.
- Marilyne Canto, l’assistante-nounou-secrétaire, trop rare.
- L’analyse fine et sans pitié d’un monde médiatique de vieux mâles blancs qui frémit alors que l’ère du numérique et de l’égalité femmes-hommes redistribue les cartes.
Ce qu’on a regretté
- Le côté 99 francs du petit écran un peu outrancier. Trop de coke et des personnages sans affect qu’une rédemption très tardive ne parvient pas vraiment à nous faire aimer.
- Un petit côté “entre-soi” que le popu Dubosc ne parviendra peut-être pas à lisser. “Ah bha elle est belle, la France d’en-haut”, s’exclame la gardienne de l’immeuble, jouée par Sylvie Testud. Et cela pourrait être la baseline de ce film auquel il manque un brin de liant narratif et émotionnel. Mais les familiers de l’impitoyable univers médiatico-politique adoreront ce long-métrage à clés.
Toute ressemblance, de Michel Denisot, en salles le 27 novembre.