Décrocher le job de ses rêves, vivre une love story incroyable et se sentir vraiment heureuse : un combo impossible ? C’est la question existentielle que pose le réalisateur norvégien Joachim Trier (Oslo, 31 août) avec Julie (en 12 chapitres), présenté en compétition officielle au Festival de Cannes en salles le 13 octobre et dont tout le monde parle, littéralement.
Une épopée digne de la série I May Destroy You
Notre vie ressemble rarement à ce qu’on écrivait dans notre journal intime quand on avait 15 ans. Un constat réaliste qui a inspiré à Joachim Trier le personnage de Julie, en mal de liberté et convaincue qu’elle peut changer de destin comme de chaussures.
Ça donne 12 séquences sous formes de chapitres et tranches de vie du quotidien : un tea time avec sa mère, un buzz Instagram en mode #metoo, une rupture, un week-end à la campagne entre potes, une fête ou encore un coup de foudre.
Autant de doutes et de désillusions d’une bobo trentenaire charmante mais rattrapée par sa peur de l’engagement et un certain attrait pour le sabotage. Ça ne vous rappellerait pas une certaine Bridget Jones ou I May Destroy You ?
Un drame romantique 2.0
Julie (Renate Reinsve) est une jeune femme brillante et idéaliste qui tatonne sur ses choix de vie et veut vibrer à chaque seconde. Après avoir passé ses diplômes de médecine puis enchaîné avec la psycho, elle se décide pour la photo.... Jusqu’au prochain revirement de situation. En parallèle, elle multiplie les conquêtes, du prof de psycho au mannequin de ses shootings…
Le tic tac des 30 ans approche. Désormais employée dans une librairie, elle rencontre Aksel (Anders Danielsen Lie), auteur de BD underground, intello et anti-conformiste avec qui elle tente de se poser. Il a 15 ans de plus qu’elle, des désirs d’enfant qu’elle ne partage pas, et des potes qu’elle déteste. Mais tant pis… en tout cas au début. Après quelques mois de vie à deux, Julie étouffe dans cette routine de couple qui ne lui convient pas.
Vivre intensément… ou ne pas être
Il fallait bien un peu de passion pour faire revivre cette héroïne en mal de sensations fortes... mais pas badass pour un sou.
Alors qu’elle décide de s’incruster à la soirée d’un inconnu, Julie flirte avec Eivind (Herbert Nordrum), en couple lui aussi. Le matin venu, chacun rentre chez soi, obsédé par cette nouvelle rencontre… Sauf qu’ils ne savent rien l’un de l’autre, et n’ont aucun moyen de se contacter.
Portrait d’une génération emprisonnée dans ses contradictions
Aux antipodes d’une fête, avoir 30 ans pour une femme symbolise la fin de la liberté, un point de rupture martelé par une société qui multiplie les injonctions et impose de faire des choix. C’est le propos de ce film libérateur et brillant à travers la période de vie que traverse Julie, éternelle ado qui refuse les codes du monde d’avant sans parvenir à vivre en phase avec ses aspirations.
Pur produit de la new gen #metoo qui rêve de s’affranchir des diktats, la trentenaire se noie dans ses paradoxes qu’on connaît par cœur. Julie se revendique comme “une fille hyper indépendante” mais incapable d’être seule plus de 2h, qui fuit la solitude et s’installe chez son nouveau mec au bout de deux jours. “Des enfants ? Peut-être, mais pas sûr”, alors qu’elle vit avec un homme plus âgé qui rêve de fonder une famille. Impossible de ne pas se reconnaître dans ce portrait sévère et empathique d’une génération en pleine crise existentielle. À méditer.
Julie (en 12 chapitres), en salle mercredi 13 octobre.
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