De Gaulle : que vaut le film avec Lambert Wilson ?

Lambert Wilson dans De Gaulle

Quelques jours de juin 1940

Lambert Wilson le dit lui-même : ce qui est intéressant dans ce De Gaulle, c’est qu’il ne cherche pas à retracer une vie dans son ensemble, ni à réaliser une grande fresque sur la Seconde Guerre Mondiale. D’avril à juin 1940, on suit à travers la famille de Gaulle ces mois particuliers où les Allemands envahirent le pays. Et où les Français par millions, des vieux et des gamins, partirent sur les routes, abandonnant leurs maisons, leurs souvenirs, juchés sur des carrioles, perdus dans la campagne française pendant que l’ennemi s’installait.

Et c’est justement ce côté intime qui rend le récit si digeste, accessible même aux plus historiophobiques. Plongés au cœur de cette réalité palpable, dans laquelle on se projette bien mieux que sur les pages glacées des manuels scolaires, on prend conscience de ces événements un peu abstraits advenus il y a finalement si peu de temps.

Un homme amoureux

Isabelle Carré et Lambert Wilson dans De Gaulle

Le film s’ouvre sur Charles et Yvonne au lit, et pose là l’un des partis forts du film : mettre en avant l’amour véritable et pas forcément tradi de ce couple poussiéreux. De “tante Yvonne”, on a l’image d’une dame un peu boring qui sert la soupe à son mari, selon l’image qui nous a toujours été proposée par des médias qui ne se sont jamais gênés pour moquer cette supposée docilité féminine d’une autre époque.

Pourtant, le film de Gabriel Le Bomin dépeint un homme et une femme encore jeunes, amoureux, unis autour de leurs trois enfants, et notamment leur petite dernière, Anne, trisomique, pour laquelle le grand Charles nourrissait une tendresse infinie qui ne cesse de déborder sous le képi. Yvonne, elle, est ici clairement réhabilitée. Femme forte qui conduit sa voiture sur les routes de l’exil, gère seule la famille éparpillée alors que son homme d’État a rejoint Londres, Isabelle Carré met sa sensibilité et son talent au service de la première des premières dames de la Ve République.

L’Appel du 18 juin

Tim Hudson jouant Churchill dans De Gaulle

On croit qu’on sait tout de ce jour-là. Que, depuis Londres, le Général a appelé les Français à se battre, à refuser le renoncement de Pétain, la soumission à l’ennemi et l’échec annoncé. Et pourtant. Droit, très impressionné devant le véritable micro de la BBC qui servit à de Gaulle en ce jour historique, Lambert Wilson rejoue ce moment-clé de notre Histoire, et fait gonfler chez le spectateur un sentiment peut-être oublié, surtout ces derniers temps. La fierté, l’émotion et l’incrédulité, aussi, face à cet homme parti outre-Manche, tout seul et sans armée, lire son bout de papier crayonné dans une petite chambre, faisant ainsi basculer le destin de millions de nos aïeux.

Pourquoi (et avec qui) il faut le voir ?

On a adoré ce film humble, qui ne cherche ni à en faire des caisses ni à aller glaner crânement les récompenses. On plonge dans ce récit avec facilité, et l’on (re)découvre une partie de ce passé qu’on n’avait pas forcément imprimé au lycée. On n’hésite pas à emmener les kids (aucune scène violente ni olé olé), voire à se faire une toile dominicale transgénérationnelle avec la tribu au complet.

En salles le 4 mars

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