Les femmes artistes des années folles en superstars au Musée du Luxembourg

Expo Pionnieres

©Tamara de Lempicka Estate, LLC / Adagp, Paris, 2022 - photo Association des Amis du Petit Palais, Genève / Studio Monique Bernaz, Genève

Pionnières, artistes dans le Paris des années folles, c’est le sujet de l’expo 100 % girl power à ne louper sous aucun prétexte.

C’est parti pour voyage il y a un siècle dans le Paris des Années Folles, capitale de la modernité, de l’art et de la liberté sexuelle, entre Montmartre, le quartier latin et Montparnasse.

Les pionnières sont des femmes artistes, militantes ou non, qui sortent des sentiers battus et vivent comme des hommes : libres. Grandes oubliées de l’Histoire, leur visibilité est restreinte, ainsi que cette décennie de liberté où leur rôle est passé sous silence à la fin de la guerre.

Des suffragettes aux garçonnes en maillot, l’expo fait le tour de ces femmes qui ont marqué l’époque entre grosses fêtes, champ’ à gogo et talons strassés.

Les femmes artistes avant-gardistes

Beaucoup plus avant-gardistes qu’il n’y paraît, les grandes femmes artistes proposent une vision du corps révolutionnaire dès les années 1920, loin des clichés de la femme au foyer que l’on retrouvera après la Seconde Guerre Mondiale.

À l’instar de l’écrivaine Colette, qui n’a pas de mal à assumer sa bisexualité, on retrouve toutes ces artistes comme la chanteuse Suzy Solidor en fond sonore dans l’expo, icône des LGBTQ+ encore aujourd’hui pour ses textes sans complexe où elle assume une ambivalence sexuelle dans un contexte pourtant peu propice à l’époque.

Des scènes de nus en veux-tu en voilà, la particularité étant que ces tableaux de nus féminins sont réalisés par des femmes à la façon d’odalisques modernes, comme sur Les Deux Amies de la grande star Tamara de Lempicka. À l’apogée du cubisme, Mela Muter agite les consciences avec son Nu Cubiste, dans la lignée de l’Origine du Monde, de Courbet (1866).

La garçonne, grand-mère des héroïnes non-binaires ?

© Association des Amis du Petit Palais, Genève / Studio Monique Bernaz, Genève © Kiran Nadar Museum of Art © Adagp, Paris, 2022 / photo Alberto Ricci, Paris.

Impossible de passer à côté de la
flapper girl, aussi connue sous le nom de garçonne. Affichant une silhouette ultra-chic et décontractée, à l’aube de la diffusion du sportswear, ces élégantes se caractérisent par une masculinité par touches : une longue cravate par-ci, un nœud pap’ glissé par-là sur un tailleur-jupe…

La nuit, elle se transforme en oiseau pailleté avec Joséphine Baker qui incarne ultimement cette tendance, comme en témoignent les vidéos de son célèbre show qui n’a pas pris une ride.

Cheveux courts plaqués, rouge à lèvres flamboyant et clope au bec, elles sont les icônes de leur génération, osent les aventures extra-conjugales olé-olé comme Marie Laurencin et Nicole Groult, qui revendiquent une émancipation économique, mais aussi la capacité à vivre de son art et fusionner les genres artistiques, comme en témoignent ses poétiques Femmes à la Colombe (1919).

L’art et la mode élevés à leurs sommets

Dans ce Paris hautement socialite, les échanges entre l’art et la mode sont à leur paroxysme. Sans limites, les métiers d’arts sortent de leurs champs et tentent des créations épatantes à la croisée des genres. Allant plus loin que Jacques Doucet, Worth ou Paul Poiret, ce sont maintenant aux femmes de se mettre en scène.

On retrouve évidemment Coco Chanel, sur un tableau signé Marie Laurencin de 1923.

Son rôle de mécène d’artistes est souvent oublié, mais elle fût une des premières à inverser les rôles. Partant de rien, alors entretenue par Etienne Balsan puis Boy Capel, elle sera dès la fin des années 1910 celle qui entretiendra des artistes hommes (dont elle est souvent la maîtresse) comme Diaghilev, Cocteau, Pierre Reverdy ou Picasso.

Autre anti-conventionnelle de l’époque : Sonia Delaunay, qui assume son aspect multifacettes. Une première à l’époque : son travail résulte de recherches entre l’art et la mode où la couleur et le mouvement sont les principes communs à l’origine de ses Robes simultanées. Ses créations hautement graphiques, telles Vêtement de bain (vers 1928), s’adressent à la femme active et moderne.

Femmes de pouvoir à Paris… et de l’Ailleurs

© Tamara de Lempicka Estate, LLC / Adagp, Paris, 2022 / photo François Fernandez

Clou du spectacle :
Gertrude Stein, la grande dame du marché de l’art, collectionneuse hors pair qui annonce les prémices des grandes galeries contemporaines avec son appartement-galerie où se rencontrent les plus grands (Picasso, Hemingway, Matisse, Fitzgerald...).

On quitte la capitale des lumières pour une dédicace aux femmes du monde qui ont peint l’Ailleurs, à une époque encore marquée par le colonialisme. La sublime plasticienne hungaro-indienne Amrita Sher-Gil propose une représentation réaliste et non fantasmée des femmes du lointain, comme son Autoportrait en tahitienne (1934).

Autre démonstration de génie, la Brésilienne Tarsila Do Amaral invite au rêve et à l’imaginaire par des compositions hyper colorées telles que La famille (1925) et ses décors de paysages canons.

Ouvert tous les jours de 10h30 à 19h, nocturnes les lundis jusqu’à 22h. Entrée 13 €, tarif réduit 9 €. Réservation en ligne.

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