Ses clichés ont rendu folles de rage les féministes et enchanté Anna Wintour, qui a fait appel à lui pour les shootings les plus sulfureux du Vogue US.
Helmut Newton, juif allemand né en pleine montée du nazisme et photographe de génie, fait l’objet d’un documentaire fort élogieux réalisé par le journaliste teuton Gero von Boehm qui sortira en salles ce 14 juillet. 3 bonnes raisons de foncer le voir...
Pour changer d’avis sur le photographe
Il fallait au moins les témoignages d'icônes badass comme Grace Jones, Claudia Schiffer, Isabella Rossellini, Charlotte Rampling et Anna Wintour pour rendre crédibles ce statut : Helmut Newton aimait les femmes. De façon voyeure certes, puisque le nu est rapidement devenu sa spécialité. Mais visiblement, aucune des mannequins qu’il a fait poser dans des positions improbables ne s’est sentie mal à l’aise ou dépréciée. Grace Jones s’en amuse même : “Il était un peu pervers, mais moi aussi, donc ça allait !”
Bien au contraire : toutes les créatures interrogées par Gero von Boehm s’alignent sur l’idée que ces séances les ont rendues plus powerful que jamais, les aidant à s’affranchir de leurs carapaces de jeunes premières, la plupart ayant commencé dans leur fraîche vingtaine, alors peu à l’aise dans leurs corps. En réalité, Newton photographiait des femmes dont la séduction devenait la force, à la fois fasciné et terrifié par le pouvoir qu’elles possédaient alors. D’ailleurs, il détestait photographier les hommes et suivait à la baguette les ordres de June, sa femme chérie qu’il adora toute sa vie...
Parce que son travail s’ancre dans l’histoire
Comme le précise à juste titre Anna Wintour (dont le témoignage est décidément le plus passionnant), le succès de son ami a parfaitement coïncidé avec les grands talents de la couture à l’époque, à savoir Karl Lagerfeld et Saint Laurent, dont la mode fonctionnait avec l’univers policé de Newton. C’est ainsi que le photographe a pu s’insérer dans l’histoire de la mode à partir des 70’s.
Mais Gero von Boehm va plus loin dans son arc historique, précisant en quoi l’imagerie nazie omniprésente dans son enfance a pu influencer son travail. Celui qui a grandi en Allemagne revendique d’ailleurs une fascination pour les œuvres sculpturales de Leni Riefenstahl, la photographe propagandiste du IIIe Reich. Or, bien plus tard, Newton s’est d’ailleurs amusé à shooter Jean-Marie Le Pen avec ses chiens dans la veine d’une photo de Hitler dont l’homme politique n’avait alors pas connaissance…
Pour l’énorme travail d’archives
Pour réaliser ce documentaire si fouillé, Gero von Boehm est allé chercher d’étonnantes vidéos d’archives à la fondation Helmut Newton à Berlin. Adepte du mauvais goût et de la provocation, celui qui est décédé en 2004 dans un accident de voiture livre à la caméra son humour décapant qui ne sera pas du goût des gens un rien premier degré.
On retrouve notamment des extraits filmés de shootings à Monaco, où un mannequin homme semble étouffer dans sa combi de plongée (“Eric, si tu veux tu peux respirer !”) ou celui d’une femme contorsionnée au sol qui doit garder un air naturel. Les directives et conversations de l’Allemand se révèlent tellement irréelles que les situations deviennent franchement drôles, à mille lieues de l’effet inquiétant qui se retrouvait finalement sur ses clichés cultes.
En salles le 14 juillet
© Helmut Newton, Helmut Newton Estate Courtesy Helmut Newton Foundation
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