Directrice artistique de Baby Dior et Dior Maison, la décoratrice Cordelia de Castellane vient de sortir son livre inspirant Ma Maison de Campagne (Rizzoli) et signe le décor magistral du tout nouveau Café Lapérouse, un bijou lové au cœur de l’Hôtel de la Marine.
Habitée par l’atmosphère de ces lieux parisiens magiques, impératrice du bon goût, l'aristocratique it-mum nous a livré ses inspirations et bonnes adresses déco. À vos moodboards !
Comment avez-vous réussi à transposer l’univers de Lapérouse à l'Hôtel de la Marine ?
C’était assez facile d’emmener le monde de La Pérouse [un explorateur du XVIIIe siècle qui a donné son nom au restaurant Lapérouse de Saint-Germain-des-Prés, ndlr], qui était un grand navigateur, à la Marine. Cela faisait sens puisqu’il y avait une histoire derrière tout ça. Par contre, j’ai un peu twisté l’affaire puisque celui-ci est un lieu de café : le grand restaurant gastronomique reste quai des Grands Augustins, on ne le touche pas, il a été restauré mais reste dans son jus avec tout son passé. J’ai importé son histoire... mais pas tout son décor.
Vous vouliez nous emmener en voyage ?
C’est ça ! Au fond du restaurant, on retrouve le décor Lapérouse avec son côté très boisé, les cuirs de Cordoue, les miroirs rayés (ou, en tout cas, j’espère que les gens vont les rayer avec le temps), etc.
Par contre, la partie centrale est l'œil du comte de La Pérouse : il y avait toujours deux bateaux qui se suivaient en mer, et j’avais envie que ce soit lui qui regarde son deuxième bateau le suivre au milieu de ces lagons. En vérité, La Pérouse n’est jamais revenu de ses navigations, il a disparu en mer, donc on peut tout imaginer de ce qu’il a pu voir en traversant les océans...
Quelles ont été vos inspirations ?
Je voulais faire rêver l’imagination du navigateur. Comme je sais qu’il est passé par les îles de Tahiti et de Pâques, j’avais envie de cette ambiance tropicale avec un côté évidemment très parisien : les tentes du bateau qui font penser à décor empire avec ces rayures au plafond, les salons début de siècle…
Avec, bien sûr, des rappels nautiques : bar et appliques en coquillage, poissons, tables de jeux comme on en mettait dans les bateaux, du rotin également pour rappeler le côté exotique. Et tous les éléments de ce décor ont été réalisés exclusivement par des artisans français !
Valoriser cet artisanat français, c’était important pour vous ?
C’était nécessaire pour moi de faire rayonner la France dans un lieu aussi central de Paris. Jean Roger s’est occupé de toutes les céramiques, les meubles et appliques poissons ont été dessinés par l’artiste Fleur de Galard, le bar tout en coquillages a été fait à la main à Paris par un artiste français qui s’appelle Thomas Boog... Le meilleur du savoir-faire français !
Et vous pouvez aussi vous ajouter dans la liste !
En effet : toute la frise et tous les tissus ont été dessinés par moi-même, jusqu’aux assiettes (réalisées à Limoges). Tout a été imprimé spécialement pour ici avec uniquement des fleurs que j’ai retrouvées dans les mémoires de La Pérouse, d’après ce qu’il racontait dans ses lettres. Quand il parle des décors, il évoque toujours des fleurs des îles...
Comment faire en sorte que l’on s’y sente aussi bien ?
Ce qui était extraordinaire chez Lapérouse et que je voulais conserver pour ici, c’est ce côté “you feel home”, comme à la maison. Pour moi, c’est ça Paris : quand on va chez les gens, il faut qu’il y ait un côté très naturel, comme si cela avait toujours été là. Confortable, raffiné mais pas “recherché”.
Donc j’ai voulu poser ci et là des meubles trouvés au fur et à mesure et qui ne vont pas forcément avec les autres. Je voulais ce désordre, ce mélange des genres. Et Lapérouse, pour moi, c’est ça : le mélange de la culture, des écrivains, des poètes, des hommes politiques, le côté également sensuel des rendez-vous amoureux !
Où le reste a-t-il été chiné ?
J’ai beaucoup chiné chez Lila K aux Puces de Saint-Ouen (marché Serpette) qui est géniale pour les meubles et a pu me fournir les éléments du début de siècle que je voulais.
Un coup de cœur particulier ?
J’adore la frise, je trouve qu’elle est très sympa, décorée avec ses appliques. J’en suis très fière !
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