Il ne lui aura fallu qu’un an après son ouverture pour rafler une étoile. Il faut dire que la table japonaise Chakaiseki Akiyoshi a de quoi réjouir les amateurs du genre, déroulant dans une atmosphère presque monacale le nec plus ultra des délices nippons. C’est donc dans le 15e arrondissement, à deux pas de la tour Eiffel, qu’a choisi de s’installer le chef Yuichiro Akiyoshi pour faire découvrir aux Parisiens l’art du thé et de la cuisine kaiseki. On vous raconte ?
Un dîner en micro-comité
C’est une véritable expérience gastronomique qui se trame chez Chakaiseki Akiyoshi, installant sur la rive gauche une atmosphère aussi raffinée que dans les plus belles adresses de Kyoto. Une fois installé·e·s à l’un des 10 comptoirs qui entourent le chef, la soirée commence. À 20h tapantes, pour tous les convives qui seront servis en même temps. Première remarque : il règne ici un calme olympien, un apaisement complet assurant une déconnexion immédiate. C’est à peine si l’on ose sortir son téléphone pour prendre son plat en photo ! Le personnel aux petits soins propose une sélection de sakés et de thés délicats (genmaicha au riz grillé, sobacha au sarrasin…) pendant que le cuisinier dégaine ses couteaux. Le spectacle commence.
Défilé de jolies assiettes
On démarre dans les règles de l’art avec du riz blanc de Toyama, une soupe miso blanc de Kyoto et tempuras d’asperge verte, des sashimis de daurade royale, épinards et gelée de ponzu. Suivent le shinjyo de crevettes (sorte de boule de surimi toute douce) et pousse de bambou (une découverte), puis les nouilles udon et sauce au foie d’ormeau, ciboulette et poutargue. La truite grillée au binchotan débarque ensuite, escortée d’un tempura de fleur pétasite et pimpée d’une généreuse cuillerée de caviar.
Les deux plats à suivre sont les stars du menu. D’abord, le bouillon garni de 15 légumes différents (“J'y ai passé beaucoup de temps !”, s’amuse le chef), d’apparence aussi simple qu’un potage de grand-mère et qui pourtant révèle des saveurs enchanteresses. Cet homme ne s’est définitivement pas expatrié pour plaisanter. Déboule alors le bombesque sushi au maquereau grillé sous nos yeux au binchotan, embaumant la pièce d’une bonne odeur de barbecue. On le dépose à la main dans une algue nori étonnamment craquante pour laisser le tout fondre dans la bouche : délice. Pour conclure les agapes salées : un riz blanc aux petits pois et pousses de bambou.
Coup de cœur en dessert pour le daifuku, petite boule de farine de riz fourrée à la pâte de haricot rouge elle-même garnie d’une fraise juteuse, à la texture “aussi douce que la peau d’un bébé” et qui a bien failli nous faire verser une petite larme !
La cérémonie du thé
Avez-vous déjà assisté à une vraie cérémonie du thé ? Celle-ci arrive à la toute fin du repas, dans un silence qu’aucun convive n’ose briser. Le chef prépare le matcha avec des gestes lents, précis, plongeant l’assemblée dans un état totalement méditatif. Le plus difficile ? Le retour à la réalité en sortant du restaurant.
Menu déjeuner : 160 €. Menus déjeuner et dîner : 240 €. Ouvert du mardi au dimanche, fermeture le lundi et les deuxième et quatrième mardis du mois. Un seul service au déjeuner à 12h et au dîner à 20h.
© Justin De Souza / Taisuke Yoshida / Nobu Hidetaka
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