© Montijo
Jusqu’à présent, les caves à manger étaient plutôt le monopole des bobos cool de l’Est parisien qui ne jurent que par les quilles en biodynamie et le locavorisme. Fleurissant désormais partout dans Paris jusqu’aux quartiers chics, ces sympathiques barav’ où l’on partage jusqu’à tard des assiettes créatives en débouchant des bouteilles de petits producteurs ravissent pour leur ambiance friendly et accessible. Zoom sur les nouvelles caves à manger parisiennes où l’on se retrouve en bande pour des apéros tanniques à rallonge.
Euphorie
Le lieu : situé dans une rue smart du 18e, ce nouveau spot d’épicuriens arbore une star de bar toute de vert vêtue qui prend la pose dans une mignonne salle boisée. Aux manettes, deux amis. Portés par leur passion de la vigne et de la bonne cuisine, Alexis Petit et Gautier Bouchart, ex-pensionnaires de La Défense, ont donné vie à ce repaire de copains et d’œnophiles. Le tout vibre sur du bon son qui passe du jazz à l’électro et fait danser toutes les tables le week-end !
Les assiettes. Euphorie, c’est une carte pour toutes les envies, proposant des picorages tradi’ piqués de finesse comme l’assiette de fromages taille S ou L (12 € et 19 €) ou de charcuterie avec terrine de canard au citron, rosette et jambon blanc à la truffe (13 €). Mais aussi et surtout, des petits plats de partage savoureux et créatifs comptant une douceur de crème de panais aux poires et noisettes torréfiées (7,50 €), des boulettes de saumon aux cornichons, citron et crème d’aneth (12 €) et une dinguerie de poulpe mariné à l’ail et au citron, piment et mayo à l’encre de sèche (14 €). Psst : gardez une petite place pour plonger la cuillère dans la brioche façon pain perdu au caramel au beurre salé (9 €).
À boire. Une carte de vins au casting 100 % français qui couvre les quatre coins de l’Hexagone et propose, en une soixantaine de références, une belle partition de notes. Parmi les quilles incontournables, le Pourquoi faire sans blanc, vin de la Loire très frais avec une belle acidité (6,50 € le verre). Le Brouilly, château de la Chaize, rouge léger au petit goût de fraise écrasée (6,50 € le verre). Et le Gaillac, un vin pétillant brut naturel aux arômes de pommes et de poires, super alternative au champagne (7,50 € le verre).
Le plus : en manque d’inspi ? La carte vous guide ! Sous chaque plat, deux propositions de vins qui jouent les accords parfaits.
Euphorie – Bar à vin, 61 rue Ramey, Paris 18e. Ouvert le mardi et mercredi de 18h30 à 00h, et du jeudi au samedi de 18h30 à 2h. 06 14 29 44 12.
Doublevie
Le lieu. Tout ce que Paris Nord compte de gens cool se rassemble à Doublevie, devenu en quelques mois le Q.G. des tablées de potes venues ripailler, trinquer et danser. Danser, oui, parce qu’au rez-de-chaussée, à peine en contrebas, les vinyles font swinguer les troupes à base de sons emballants. Mais à l’étage et celui encore au-dessus du côté de la giga table d’hôtes, ce sont bien les bons petits plats méditerranéens et les bouteilles de vin qui jouent les prolongations dans cette incroyable bâtisse des années 1940 recouverte de vitres, dont l’âme a été dépoussiérée par le D.A. et empereur du chill Laurent Laporte, fondateur du magazine Whereisthecool.
Les assiettes. On partage dans le désordre complet des petites et grandes assiettes ultra-bien pensées, du beau produit sourcé au condiment qui va bien : arancini comté burrata épinards (14 €), de fondants gnocchi de courge au parmesan servis dans un plat XXL (32 €), un coquelet entier, paprika fumé et ail noir (29 €) et, miam miam en dessert, un shortbread pomme verte et vanille dont vous nous direz des nouvelles (9 €).
À boire. Une sympathique sélection méridionale de vins naturels, bio ou en biodynamie parmi 50 références provenant des terroirs du Sud de la France, d’Italie et de Grèce. Comptez 7 € pour les vins au verre (Vinoceros, La Grange Saint-André, le pét’ nat’ Amos Baneres…) ou à partir de 29 € pour une bouteille, avec une petite passion pour le Tetramythos, un blanc minéral et salin provenant de Grèce (38 €).
Doublevie, 2 rue Poulet, Paris 18e. Ouvert tous les jours. Service cuisine tous les soirs de 19h à 00h30. Déjeuner samedi et dimanche de 12h à 16h.
© Géraldine Martens
Papi
Le lieu. Impossible de ne pas tomber sous le charme de ce petit bijou de restaurant de quartier affichant un décor brut et épuré imaginé par le célèbre cabinet Neri&Hu. Papi déclare son amour au design, deuxième passion après la cuisine du restaurateur et maître des lieux Etienne Ryckeboer. La meilleure table ? À côté de la grande baie vitrée. Et le soir, des vibes délicieusement romantiques sous les lueurs des bougies...
Les assiettes : labellisé Ecotable 2 étoiles, Papi c’est d’abord un super sourcing en filière courte. C’est aussi un chef italien, Anuar Laghlimi qui, chaque matin, fabrique sur place ses pâtes fraîches. Stars de la carte, elles s’offrent dans de multiples variations : les spaghettini à la daurade royale, citron et poutargue étaient parfaites (28 €). Avec un florilège d’entrées et de fromages qui fleurent bon la Botte : assiette de jambon de Parme (12 €), burratina cresson et champignons (9 €), mortadelle à la truffe (15 €), taleggio au lait cru (8 €)… Et des desserts charmeurs dont l’étonnant tiramisu maison revisité à la sauce nippone avec des biscuits imbibés au thé, du sucre noir d’Okinawa et une sauce soja : une tuerie (9 €).
À boire : des vins naturels, parfois biologiques, souvent français mais parfois d’ailleurs. Parmi eux, le Cos, un rouge de Sicile, léger mais avec beaucoup de profondeur (86 € la bouteille). Un rosé des Pouilles, Valentina Passalacqua, aux notes florales, légèrement salin (43 € la bouteille). Et un aromatique blanc d’Auvergne, Patrick Bouju, avec des notes d’abricot et d’écorces d’orange (63 € la bouteille). Vin au verre à partir de 8 €.
Papi, 46 rue Richer, Paris 9e. Ouvert du lundi au samedi de 12h à 14h30 et de 19h à 23h30. 01 71 27 77 65.
© @papi_restaurant - Instagram
Montijo
Le lieu. Direction l'Espagne dans un cadre digne d'une bodega installée du côté des Batignolles. On aime le vitrail XL aux allures rétro derrière le comptoir rempli de tapas prêtes-à-manger, sans oublier la véranda lumineuse remplie de belles plantes : un coin cosy où se prélasser depuis les grands canapés moelleux en velours… ¡Olé!
Les assiettes. Des tapas ultra-généreuses dont les classiques pan con tomato (4,50 €) ou bien la tortilla baveuse accompagnée de sa mayo (12 €). Pour un apéro afterwork, l'option de la planche mixte s'avère le must entre les tranches de jambon ibérique et de fromages de brebis (35 €). Pour continuer, des petits plats à partager ou à dévorer seul·e sont présentés à la carte comme l’ensalada rusa (12 €) ou les gambas de Nouvelle-Calédonie (12 €).
À boire. Une jolie carte de cocktails entre une sangria pimpée au sirop d’abricot et au tonic (12 €) ou le daiquiri relevé au sel fin, un délice (12 €). On y retrouve évidemment des vins
naturels avec le meilleur du bassin méditerranéen comme le vin orange bien fruité (9 € au verre) ou l’Indigeno, un vin italien aux arômes de fruits rouges qui se marie à la perfection avec la planche (9 €).
Montijo, 167 rue de Rome, Paris 17e. Ouvert tous les jours de midi à minuit. 01 44 29 06 07.
© Montijo
Grain(s)
Le lieu. C’est la nouvelle folie intimiste et germanopratine mitonnée par les Becs Parisiens (Chocho, Les fous de l’Ile, Colvert, Le Christine). Sur deux niveaux étroits, cette adresse de poche située en face du Marché Saint-Germain ne peut pas accueillir plus de quinze couverts : la réservation est vivement recommandée ! C’est au sous-sol, invisible depuis la rue mais qui donne sur une cour, que ça se passe vraiment : petit zinc, pierres apparentes, suspensions seventies, lumière tamisée, tomettes au sol et électro dans les enceintes, c’est parti pour une soirée sakément bonne ! Pardon pour le jeu de mots, mais cette cave à vins deale aussi… du saké.
Les assiettes. En cuisine, c’est Julien Avila, ex-Chocho, qui concocte de merveilleuses assiettes à partager - ou pas - simples et efficaces : brochette de caille laquée avec sauce bbq au coing fermenté totalement régressive (16 €), un sando-croque aux pleurotes grillés, à la mimolette et à la soubressade (14 €), des linguine maison au beurre fumé et à la sauge (15 €) ou un œuf mollet, chorizo et crème d’oignon (7 €). À picorer également : une sélection 4 étoiles de charcuteries ibériques de la maison Dehesa et de fromages en provenance de chez Cow.
À boire. Grains de raisins et grains de riz sont ici à l’honneur ! En salle et derrière le comptoir, Mathieu Guérin, ex-Mosuke, fait tinter les flacons, du vin dans une main, du saké dans l’autre, et y va de ses conseils avisés. Qui aurait cru qu’un breuvage japonais sublimerait un jambon Serrano ? On enchaîne un Junmai Karakuchi pétillant (10 € le verre), un Kaze no Mori (9 € le verre), un tramontane Côte catalanes (6 € le verre) ou un Mauzac vert de Plageoles (7 € le verre) sans broncher !
Grain(s), 6 rue Mabillon, Paris 6e. Ouvert du mardi au samedi à partir de 18h. 07 64 44 30 75.
© @dajasp - Instagram / © @grains.paris - Instagram / © Thomas Jaspers / © Leo Kharfan
Otto
Le lieu. Mi-bar à tapas, mi-izakaya - l’équivalent du bistrot pour les Japonais - Otto vient dynamiter le quartier Mouffetard trop longtemps abandonné aux adresses à touristes. Côté bar ou autour de la cuisine centrale bordée d’un comptoir, on vient tester autant son levé de coude que son coup de fourchette. Derrière cette adresse qui joue l’épure festive se cache un trio : les copains Stéphane Offner et Tony Alvarez-Parage, qui se sont associés à Eric Trochon, MOF et chef étoilé de Solstice situé non loin. Bon à savoir : pour les bandes de potes, une salle en bas déploie une grande tablée.
Les assiettes. Annoncées sur des bouts de papiers affichés un peu partout, les assiettes créatives sont préparées à la minute sous les yeux des convives. Le plus ? Les cuissons brutes au barbecue nippon binchotan et les condiments ultra-bien maîtrisés. Festin garanti autour de viandes, poissons et légumes qui frétillent en bouche au gré des saisons : couteaux beurre à l’ail (10 €), onglet chimichurri (14 €), beignets de patates douces et noisettes (9 €), brochettes de poulet teriyaki (13 €), dorade grillée (14 €), potimarron rôti, crémeux choux fleurs (9 €)... C’est si gourmand, qu’on a pas vraiment envie de partager ces petites merveilles qui arrivent dans le désordre !
À boire. Ouvert à l’heure du déjeuner avec une super formule à 19 €, le soir reste tout de même le meilleur moment pour se retrouver chez Otto autour d’une sélection de vins Made in France, nature, bio ou biodynamiques, mais triés sur le volet. Côté flacons, on lorgne sur un terrasse du Larzac, le domaine du Pas de l’Escalette (10 € le verre), un blanc du Sud-Ouest, domaine de la pierre levé (9 € le verre). Envie de nouvelles sensations gustatives, si vous vous laissiez tenter par un saké (14 à 16 € le verre) ?
Otto, 5 rue Mouffetard, Paris 5e. Ouvert tous les jours de 12h à 2h. Pas de réservation.
© Sadiksansvoltaire
Lolo bistrot
Le lieu. Après leur cave à manger de poche qui dépote, le tandem Loic Minel - dit Lolo- et Christophe Juville, le boss des cantines de chefs Spok, ont ouvert leur bistrot, toujours dans le trépidant 9e. Entre les deux adresses, notre cœur balance, alors pourquoi ne pas débuter l’apéro dans l’un et poursuivre les festivités gustatives à 10 minutes à pied ? Le soir, le lieu s’anime, les baffles envoient du son et les assiettes à partager s’arrosent de bons vins sans chimie. Dans ces deux repères aménagés par Atelier Calcaire, le studio de création de l’architecte d’intérieur Jeremy Chaillou et de Christophe Juville - encore lui ! - on se sent aussi à l’aise que chez soi, avec une vue plongeante sur les fourneaux en prime.
Les assiettes. Retenez bien ce nom : Zac Gannat. Cet ancien de Grégory Marchand (Frenchie Covent Garden & Pigalle) a d’abord pris son envol du côté de la cave à manger, qui vient de fêter ses trois ans, avant de céder sa place à la talentueuse cheffe Maud Saddok. Conscients du talent de leur chef, les deux associés lui ont confié les fourneaux de Lolo Bistrot, pour qu’il exprime sa créativité débridée pour le terre-mer. Ici le cochon se marie avec des moules ; les ailes de poulet frites avec des œufs de truite, le flat bread marie coques et burrata (14 €) et le scotch egg est escorté d’une saucisse épicée ‘nduja (11 €). Le chef sublime aussi les omelettes et les pâtes pour en faire des fleurons gastronomiques étonnants.
À boire. Côté cave et côté bistrot, la liberté est de mise ! Pas d’accord mets et vins, il faudra faire preuve de lâcher de prise et faire confiance aux conseils prodigués. Les vignerons français pro nature squattent la carte histoire de ne pas faire exploser l’empreinte carbone. Pour autant les prix restent raisonnables : un Chenin de la famille Vaillant à 36 € la bouteille ou un La Sorga à 46 €, c’est presque cadeau ! Sans compter les petites trouvailles toujours sélectionnées par Lolo, évidemment !
Lolo bistrot, 53 rue du Faubourg Poissonnière, Paris 9e. Ouvert midi et soir du mardi au samedi sur réservation.
Lolo cave à manger, 12 rue Châteaudun, Paris 9e. Ouvert du lundi au samedi de 19h à minuit, sans réservation.
© Valentin Le Cron
Anna
Le lieu. Le dernier bébé du Vertbois dans le quartier cool de 3e. Un bar bistronomique “new wave” ouvert par deux jeunes chefs, Giuseppe Craparotta et Alessandro Allegri, qui revisitent avec brio les classiques de l'Italie du Nord au Sud dans l'assiette et le verre. Mention spéciale pour la scéno' bicolore digne d'un décor de film, toute en carrelages noirs et blancs. Pensé par la designer italienne star Paola Pavone, on se croirait presque dans un clubbing rétro…
Les assiettes. En résumé : la fusion parfaite de la haute cuisine italienne twistée de touches bien franco-françaises. On commence par les pommes fondantes ANNA au beurre blanc (12 €) ou l’original pain perdu-céléri rave et anguille fumée à la cuisson au poil (17 €). Les plats à la carte envoient du lourd entre les tagliatelles au lapin (24 €) ou des maccheroni au poulpe (25 €). Coup de cœur ultime : l'osso buco whahou, tendre et crousti, un classique milanais d'une finesse improbable (24 €). Côté dessert, les becs sucrés trouveront leur bonheur entre la panna cotta à l’ancienne - CRUfiture de pommes-poires ou le tiramisu (10 €).
À boire. On commence pourquoi pas par un bon cocktail comme l’iconique Negroni Sbagliatissimo (11 €) ou le Crodino sans alcool (6 €). La très longue carte de vins présente des perles rares que seuls les fins connaisseurs reconnaîtront comme le Pietra Nera par Marco de Bartoli à Pantelleria (55 € la bouteille) ou un vin orange par Krasna Hora de Tchéquie en Moravie (45 € la bouteille). À noter : l’ouverture de la boutique juste à côté pour shopper un max de bouteilles d’origines européennes, suivi de l’arrivée d’Enzo, toujours au Vertbois, une sandwicherie en mode street food avec des pains fourrés à la caponata (11 €) ou aux panelle (5 €). On ne vous en dit pas plus…
Anna bar à vin, 13 rue du Vertbois, Paris 3e. Ouvert du lundi au samedi de 19h à 23h.
Arlette
Le lieu. “Bistro - Copains - Raisin.” : la messe est dite. Perché tout en haut du Marais près du Cirque d’Hiver, Arlette se fait d’abord remarquer par son décor léché à l’image d’une maison de campagne chic (carrelage rouge ancien, boiseries, meubles chinés…) et, fait rare dans une cave à manger : de l’espace ! On admire le chef brésilien Ricardo (les bars à cocktails Boteco, c’est lui aussi) derrière le bar en direct de la salle et on rêve déjà de pouvoir s’installer en terrasse dès les premiers rayons du soleil.
Les assiettes. Première découverte en apéritif, les joueuses bouchées de rillons sans cochon (9 €), des variantes végétales sucrées salées à base de tapioca et coco. En entrée, on opte pour l’œuf mi-cuit topinambours et émulsion de parmesan, et l’on poursuit avec l’échine de porc et pommes de terre confites bien fondantes. Joie ultime : la mousse au chocolat, fleur de sel et huile d’olive. Comptez 36 € pour le combo entrée plat dessert.
À boire. Quelques 40 références de vins dont 10 au verre ou au pichet, choisies par les associés de Ricardo également négociants indépendants, dont la principale volonté est de représenter toutes les régions françaises avec une sélection originale. Mention spéciale pour le Pouilly-Fumé Tronsec (55 €) ou le Château de Passavant (38 € la bouteille, 7 € au verre) en blancs, ou le pinot noir d’Alsace Les Sens (42 € la bouteille, 8 € au verre).
Arlette, 143 rue Amelot, Paris 11e. Ouvert du lundi au vendredi midi et soir. 09 84 02 65 95.
© @arlette_bistro - Instagram
Découvrez aussi Nellu, la nouvelle cave à manger de Clément Vergeat et Monbleu, la cave à manger du Marais pour les fanatiques de fromage.