“Ils ont voulu nous enterrer… Ils ne savaient pas que nous étions des graines”, clame une pancarte brandie, illustrant l’une des 200 pages de L’Atlas des femmes, un ouvrage passionnant et nécessaire paru aux éditions Robert Laffont. Depuis 2017 et le mouvement mondial qui a émergé des premières heures de #Metoo, la situation des femmes dans le monde connaît enfin une révolution. Parole libérée, prise de conscience collective, médiatisation des affaires de violences conjugales, de harcèlement, de féminicides, de sous-rémunération du travail féminin, la planète bouge. Pourtant, le chemin est encore long. Très long. En témoignent les chiffres recensés dans cet atlas ultra badass dont la première édition remonte à 1986. En voici sept. Il y en a plein d’autres, présentés de manière pas boring, grâce à une maquette pop, des schémas clairs et des textes courts. Une bible à faire tourner.
6 minutes
Ces dernières années, les hommes ont augmenté leur participation aux tâches domestiques de… 6 minutes. Wahou ! En France, ils consacrent en moyenne 2,4 heures par jour aux tâches domestiques non rémunérées contre 3,9 pour les femmes. En Irlande, on passe à 4,9 pour les femmes vs. 2,1 pour les hommes. Au Brésil ou au Japon, la participation masculine passe sous le seuil des 60 minutes quotidiennes symboliques (celles-ci n’incluant évidemment pas l’aspirateur ou la vaisselle du soir mais plutôt des tâches nobles type changement d’ampoule, devoirs ou réservation des vacances).
520 millions de femmes dans le monde ne savent pas lire
Si l’alphabétisation progresse, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir en la matière, et notamment pour les femmes. 780 millions de personnes ne savent pas lire dans le monde (sur 7,5 milliards d’individus), dont près des deux tiers sont des femmes. Une proportion qui, elle, n’a pas bougé depuis vingt ans, prouvant là une discrimination bien ancrée.
Entre 2000 et 2015, 210 000 mineures ont été mariées aux États-Unis
Les pays dits développés ne sont pas en reste côté mariages précoces. Aussi fou que ça puisse paraître, dans plus de la moitié des états américains, il n’existe pas d’âge minimum légal pour se marier. Résultat, sur les 210 000 mariages en question, 5 % concernaient des mineures âgées de moins de 15 ans. Dans le Tenessee, 3 d’entre elles avaient 10 ans. 86 % d’entre elles ont épousé des personnes majeures.
86 % des opérations de chirurgie esthétiques sont pratiquées sur des femmes
Partout dans le monde, le nombre d’opérations de chirurgie esthétique explose. La plus pratiquée à l’échelle planétaire est l’augmentation mammaire, et celle qui affiche le taux de croissance le plus rapide est la labiaplastie, qui consiste à retirer les tissus excédentaires des lèvres vaginales. Si, dans les pays riches, les hommes commencent à passer les portes des cliniques, 86 % des opérations mondiales restent encore aujourd’hui pratiquées sur des femmes. Et 85 % des chirurgiens plastiques certifiés sont… des hommes. Ou quand une partie de la planète modèle l’autre à son goût ?
En Egypte, 14 % seulement de la population considère qu’une femme doit pouvoir choisir sa tenue
En 2014, 50 pays disposent encore d’au moins une loi ou autre texte officiel qui réglemente la tenue vestimentaire des femmes sur une base religieuse. À la question “Les femmes devraient-elles s’habiller comme elles l’entendent ?”, 14 % des Egyptiens ont répondu oui. Au Pakistan, ils sont 22 %, contre 56 % en Tunisie (ce qui reste très peu !).
Quand les femmes “valident” les violences conjugales
Ces chiffres datent de 2011, et il est à espérer qu’ils ont évolué depuis. Interrogés sur le fait qu’un homme puisse légitimement battre sa femme pour une ou plusieurs de ces cinq raisons : repas trop cuit, dispute, sortie sans autorisation, négligence envers les enfants ou refus de rapport sexuel, des hommes et des femmes entre 15 et 49 ans ont répondu. Dans de nombreux pays, les femmes sont plus nombreuses à légitimer ces “punitions”. Ainsi en Indonésie, où 17 % des hommes les trouvent normales contre 35 % des femmes, au Rwanda (25 % des hommes vs. 58 % des femmes), en Ethiopie (45 % des hommes vs. 68 % des femmes) et dans bien d’autres…
Une femme sur quatre est une victime
Les violences conjugales sont au cœur des débats de notre société, et pour cause ! En 2019, 25 % des femmes en France déclarent avoir été victimes de violence physique de la part de leur partenaire sexuel au moins une fois dans leur vie ! Au Royaume Uni, elles sont 28 %, 32 % aux Etats-Unis, idem au Vietnam, 45 % au Cameroun et 65 % au Bangladesh.
L’Atlas des femmes, Joni Seager, traduit de l’anglais par Hélène Florea et Anna Postel. Editions Robert Laffont. Prix 22€