À la recherche du pavé stylé qui va vous tenir en haleine au bord d’une piscine comme au coin de la cheminée ? Dernier chef-d'œuvre en date, la biographie de Jacqueline de Ribes, ultime parisienne et icône des 60’s.
Divine Jacqueline, portrait d’un cygne de Truman Capote
La promesse. Biographe à succès primée par le prix Goncourt, Dominique Bona revient avec le portrait de la divine Jacqueline de Ribes de ses jeunes années à sa renommée internationale : le mariage, l’élégance et l’argent à la conquête de Paris, puis du monde entier… jusqu’à la consécration en 2016 quand le MET à New York lui consacre une rétrospective : Jacqueline De Ribes, The Art of Style. Tout est dit !
Le pitch. La jeune comtesse vient de se marier mais s’ennuie sec chez ses beaux-parents. Pour s'occuper, Jacqueline trouve un emploi en cachette chez Paris Match où elle propose des conseils de mode. C’est le magazine Harper’s Bazaar de New York qui lui ouvre les portes de la jet-set, qui fera sa renommée de femme la plus élégante du monde. Cygne de Truman Capote, muse de Richard Avedon, Yves Saint Laurent et de Luchino Visconti : son portrait est celui d’un destin hors norme.
Pourquoi vous allez adorer ? Dans la lignée du documentaire culte sur Diana Vreeland (sa grande amie), des épisodes consacrés à Margaret dans The Crown ou du roman Les cygnes de la Ve avenue dont Jacqueline est une héroïne : le portrait de cet it-girl avant l’heure, dernière icône de “café Society” est une pépite qui devrait inspirer les meilleurs screenwriter de Netflix. Avec un style merveilleux et un sens du glamour inouï, Dominique Bona nous fait monter dans une machine à remonter le temps entre Paris et New York au cœur de la jet-set des 60’s, où l’aristocratie, le monde de l’art, de la politique et de la mode ne formaient qu’une bande… C’est surtout la chronique d’une époque résolument libre et frénétique que raconte Divine Jacqueline, titre éponyme de la collection printemps-été 1999 que Jean Paul Gaultier consacre à l'icône ultime de la mode au sommet de sa gloire de grand couturier.
Divine Jacqueline de Dominique Bona
© Jaqueline de Ribes par Horst P. Horst, 1984
et aussi
La familia grande, Camille Kouchner
La promesse : c’est le livre phénomène de la fille de Bernard Kouchner et Evelyne Pisier qui incrimine son beau-père Olivier Duhamel comme pédophile. Au cœur du scandalde : la dénonciation de l’inceste subi par son frère jumeau dans l’indifférence totale de leur mère et de l’intelligenstia “la gauche de la rive gauche” qui savait.
Le pitch : tout commence comme une délicieuse saga familiale. Camille et ses frères grandissent dans la liberté et la joie de vivre, élevée par leur mère, muse des 70’s et ancienne maîtresse de Fidel Castro. Séparée de leur père médecin Bernard, austère et toujours absent, Evelyne Pisier retrouve l’amour dans les bras du politologue Olivier Duhamel. Ils forment avec sa sœur chérie, l’actrice Marie-France Pisier et leur grand-mère féministe “La Grande familia”, une joyeuse clique qui ne vit qu’en bande entre le 6e et les étés à Sanary-sur-Mer où la maison est toujours pleine à craquer de copains. Il y est interdit d’interdire, on roule des pelles, on se baigne à poil, on danse, on parle politique et tous les points de vue sont admis, on boit, on fume et on rit... Jusqu’au suicide de la grand-mère qui laisse Evelyne dévastée et ravagée par l’alcoolisme. L’innocence de l’enfance s’efface et Victor confesse à sa sœur Camille les incursions de Duhamel dans sa chambre en lui faisant jurer de ne rien dévoiler.
Pourquoi vous allez adorer ? dotée d'une plume remarquable, Camille Kouchner dénonce un tabou de société avec un sens du récit merveilleusement maîtrisé qui donne un caractère universel à son histoire. C’est le propre des grandes œuvres littéraires. Splendeurs et misère chez les soixante-huitards : cette histoire de famille esquisse le portrait subtil d’une époque et d’un milieu qui autorise tout et même le pire au nom de la liberté. Victime indirecte, Camille Kouchner décrypte cliniquement l’emprise d’un beau-père adoré qui leur fait croire que l'enfer c’est normal, la complicité d’une mère qui préfère accuser ses enfants… Et le poids des secrets qui vous pourrit au fil des années, jusqu’au suffoquement.
La Familia Grande de Camille Kouchner
L’avocat était une femme, Julia Minkowski et Lisa Vignoli
La promesse : la femme de Benjamin Griveaux, elle-même avocate, et la journaliste Lisa Vignoli (Le Monde, Vanity Fair) dressent le portrait de 7 femmes puissantes qui ont su contourner le sexisme poussiéreux de leur profession pour devenir de grandes “ténoras” du barreau.
Le pitch : Céline Lasek, Cécile de Oliveira, Frédérique Pons, Caroline Toby, Frédérique Baulieu, Mariane Dosé… Les plus grandes pénalistes françaises racontent les procès qui ont marqué leur vie : l’affaire Bertrand Cantat, le Gang des barbares à l’origine du meurtre d’Ilan Halimi ou encore le procès du violeur en série Guy Georges.
Pourquoi vous allez adorer ? vous êtes adepte de faits divers, du doc Netflix sur l’affaire Grégory et du livre L’adversaire d’Emmanuel Carrère ? Ouvrez grands vos yeux. Car en plus de nous parler d'empowerment et de femmes d’exception, ce recueil de témoignages dévoile les backstages des cours d’assises les plus sensationnelles du XXème siècle. On y découvre par exemple que Guy Georges, le violeur et tueur en série, s’est confondu devant la cour en utilisant sa mauvaise main : alors qu’il prétendait être droitier, l’avocate de parties civiles l’a vu utiliser sa main gauche, comme le tueur, pendant le procès.
JC Lattès, 18 €
Over the rainbow, Constance Joly
La promesse : un roman bouleversant dans la lignée de 120 battements par minute sur le coming out d’un père de famille dans les années 80.
Le pitch : “Il fait partie des vieux homos qui sont morts les premiers” : des mots brusques qui poussent Constance à remonter le temps sur l’histoire de son père. Jacques, ce professeur d’italien passionné d’opéra qui trouvera un jour la force, après avoir vécu dans la honte, d’être celui qu’il est vraiment en assumant aimer les hommes. En quittant sa femme, Jacques profite de la vie qu’il a devant lui, de son appartement près des Grands Boulevards avec son amoureux passionné d’expos et de visites de châteaux, des couleurs arc-en-ciel aux voyages en Grèce jusqu’aux années 90 où il sera emporté par le sida.
Pourquoi vous allez adorer ? Impossible de rester de marbre à la lecture de ce texte autobiographique sensible et bouleversant. Avec une plume somptueuse et en revenant sur une superbe relation père-fille, Constance Joly (Le matin est un tigre) fait ici une magnifique déclaration d’amour qui semble raviver un père emporté trop vite par une maladie taboue à l’époque.
Flammarion, 180 pages, 17 €
Ce matin-là, Gaëlle Josse
La promesse : un livre coup de poing sur le burn out.
Le pitch : hyper-investie dans sa boîte, Clara ne retourne pas travailler ce matin d’octobre. La tête et le cœur en désordre, contrainte de mettre sa vie sur pause, la trentenaire laisse les messages vocaux de son entourage s’accumuler. Comment se réinventer pour enfin trouver sa place ? Avec la poésie qui lui est propre, l’écrivaine d’Une longue impatience continue de nous raconter une histoire particulière et parfaitement universelle.
Pourquoi vous allez adorer ? Parce qu’à moins d’être un robot, ce livre bouleversant saura vous parler. Qui ne s’est jamais réveillé avec un découragement vertigineux, une envie de tout plaquer, de tout envoyer valser ? La plume de Gaëlle Josse (Une femme en contre-jour) parvient à coller parfaitement aux émotions d’un cerveau agité.
Roman, Éditions noir sur blanc, 224 pages, 17 €
Les orages, Sylvain Prudhomme
La promesse : des nouvelles qui vous feront profiter de chaque moment.
Le pitch : une sœur aux rêves suspendus suite à l’annonce du cancer de son frère, un grand-père qui commence à perdre la mémoire, un père qui revit suite à la guérison miraculeuse de son fils mourant, un couple dont la passion s’étiole soudainement, un adieu à un appartement rempli de souvenirs… Autant de destins confrontés à des bouleversements intérieurs déterminants, à des moments où tout peut basculer vers le meilleur ou le pire.
Pourquoi vous allez adorer ? Vous avez déjà aimé Par les routes, ce roman de Sylvain Prudhomme qui avait décroché le prix Femina l’année dernière ? Vous allez adorer ce recueil de nouvelles peuplé de personnages profonds et attachants. Aussi sensibles qu’universels, les destins racontés connaissent des orages qui lavent les chemins pour laisser derrière eux le calme et la lumière. Des textes justes sur ce qui nous rend vivant.
Nouvelles, Gallimard, 192 pages, 18 €
Serge, Yasmina Reza
La promesse : la célèbre dramaturge d’Art revient avec un roman très attendu qui explore l’importance de la mémoire et des racines familiales, le lien et les places de chacun dans une fratrie aussi hétéroclite que soudée.
Le pitch : depuis que sa mère est morte d’un cancer, la famille de Jean, le narrateur, s’est déréglée. Mais dans une fratrie peuplée d’adultes aussi différents qu’attachants, Jean, le cadet, chérit les liens qu’il a avec sa sœur Nana, la chouchoute maniérée, et Serge, l’aîné meneur et ronchon depuis toujours.
Pourquoi vous allez adorer ? Chacun avec des vies en désordre ponctuées de ruptures, de joies, de déceptions et de maladies, c’est ensemble, pour l’éducation de la fille de Serge, que ces juifs non pratiquants d’origine viennoise se rendent à Auschwitz. Là-bas, dans ce lieu envahi de bus de touristes, les tensions familiales se cristallisent. Tandis que Jean lit Les Naufragés et les Rescapés de Primo Levi, il interroge son frère Serge : pourquoi n’ont-ils pas posé plus de questions sur l’histoire familiale ? Le silence sur ces histoires dépassées était-il imposé par leurs parents ? En mêlant le tragique au comique, Yasmina Reza (Babylone) scrute la famille avec brio dans une comédie humaine aux dialogues parfaits.
Flammarion, 20 €
** La vengeance m’appartient, Marie Ndiaye
S’il n’est pas le roman le plus addictif de la rentrée, le nouveau bébé de Marie Ndiaye (lauréate du Prix Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes) a le mérite d’être original. Le 5 janvier 2019, Gilles Principaux se présente au cabinet de Me Susane. Son souhait ? Que cette jeune avocate récemment installée à Bordeaux prenne la défense de sa femme Marlyne, qui dit avoir noyé dans la baignoire leurs trois jeunes enfants.
Roman, Gallimard, 240 pages, 19,50 €
** Tout peut s’oublier, Olivier Adam
L’auteur de Je vais bien ne t’en fais pas est plutôt en forme en cette nouvelle année avec un roman bien ficelé. Lorsqu’il apprend que Jun et leur fils Léo ont embarqué pour un vol vers le Japon, le pays natal de Jun, Nathan saute dans le premier avion. Mais comment faire valoir son droit de père dans un pays où les disparitions volontaires sont courantes et où l’autorité parentale ne peut être partagée ? Un roman prenant.
Roman, Flammarion, 272 pages, 20 €
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