Et si on profitait des jours froids pour s’offrir une soirée théâtre dans les plus beaux fauteuils rouges de la capitale ? Visez les meilleurs spectacles du moment mettant en scène la crème des comédien·ne·s : Michèle Bernier brillantissime dans une comédie culte, Marina Foïs dans la pièce incontournable de Christophe Honoré, Swann Arlaud en plein triangle amoureux, François Cluzet dans le rôle d’un patient psychiatrique, Laure Calamy portant une peau d’homme pour infiltrer les tavernes locales, ou encore l’histoire signée David Foenkinos de celui qui n’a pas été choisi pour incarner Harry Potter au cinéma. À réserver de toute urgence avant le sold out !
Lily et Lily au Théâtre de Paris
Le pitch. Bienvenue à Hollywood ! En 1935, la star du cinéma, c’est elle : Lily Da Costa. Pour vous la décrire en quelques mots : diva charismatique et alcoolique, croqueuse d’hommes, ayant épousé un bel aristocrate espagnol sans le sou et dont l’agent ne supporte plus les caprices. Un ancien amant refait surface tandis que ses domestiques planifient maladroitement son enlèvement afin de toucher une rançon. Au milieu de ce sacré bazar surgit Deborah, la sœur jumelle de Lily. Cette authentique pécore, débarquée de son Minnesota avec son mari pasteur, compte bien remettre de l’ordre dans la vie de cette cause presque perdue. Quitte à devoir enfiler ses escarpins et ses robes à paillettes…
Pourquoi vous allez aimer ? Dire que Lily & Lily est une comédie culte relèverait de l’euphémisme. Incarnée par l’incomparable Jacqueline Maillan en 1985 (un carton plein ! ), cette pièce renaît aujourd’hui grâce à la merveilleuse Michèle Bernier, décidément Reine des planches capable d’enrober tout un public en quelques mots. La comédienne campe les deux personnages à la fois, enfilant tour à tour chapeau de paille et robes du soir à un rythme effréné. Quelle énergie ! Pour servir la mise en scène de Marie-Pascale Osterrieth : un décor de boudoir follement girly et une troupe qui dépote, déroulant avec brio un texte hilarant qui vous colle le sourire de bout en bout. Mention spéciale évidemment pour Francis Perrin, dont la complicité évidente avec Michèle Bernier vous flanquera forcément quelques fous rires.
Lily et Lily, Théâtre de Paris, 15 rue Blanche, Paris 9e. Jusqu’au 27 avril 2025.
Trahisons au Théâtre de l’Œuvre
Le pitch. Galeriste à Londres, Emma (Marie Kauffmann) est mariée à Robert (Marc Arnaud), un éditeur. La pièce commence par une scène d’aveu. Pas d’amour ou de sentiments cachés, mais un aveu d’Emma à son amant, Jerry (Swann Arlaud) : elle lui annonce avoir avoué à son mari qu’elle l’a trompé pendant sept ans avec Jerry, son meilleur ami (à lui). Une tromperie d’un soir ? Au contraire : les amants sont allés jusqu’à louer ensemble un appartement en dehors de la ville pour se retrouver. Dans quelles circonstances Robert apprend-il la trahison ? Comment l’angoisse de la découverte a-t-elle pris le pas sur l’excitation des débuts pour Emma ? Pourquoi avoir choisi de céder à cette relation extra-conjugale malgré le confort rassurant de son mariage ? Autant d’interrogations dont le dénouement implique une narration à contre-sens, de la fin jusqu’au début de la relation.
Pourquoi vous allez aimer ? Harold Pinter, prix Nobel de littérature en 2005 et auteur du roman dont la pièce a été adaptée, retrace les événements et les sentiments de ce triangle amoureux toxique dans une chronologie inversée, à rebours d’une trame narrative habituelle. Le pari n’était pas évident : comment surprendre le public alors que techniquement, il connaît la fin de l’histoire dès la première minute ? Il faut dire que le casting est absolument parfait : Marie Kauffmann campe une Emma angoissée, tiraillée entre le père de ses enfants et son amant ; Marc Arnaud joue jusque dans les moindres mimiques un mari trompé mais résigné ; quant à Swann Arlaud (Anatomie d’une Chute), il explose tout sur scène en jouant successivement l’amant délaissé, puis l’amant sensuel et enfin l’amant adorateur à cause de qui tout a commencé. Petit coup de cœur aussi pour la mise en scène ultra-épurée : le peu d’accessoires sur scène met l’emphase sur le jeu subtil des acteurs et nous plonge quasiment de force dans leurs angoisses et leurs tensions.
Trahisons, Théâtre de l’Œuvre, 55 rue de Clichy, Paris 9e. Jusqu’au 30 mars 2025.
© Caroline Bottaro
Les Idoles au Théâtre de la Porte Saint-Martin
Le pitch. Christophe Honoré nous offre une odyssée dans les années SIDA, en réanimant ses idoles du cinéma décédées de cette maladie qui a notamment provoqué une véritable hécatombe dans les milieux artistiques parisiens : le réalisateur des Nuits Fauves Cyril Collard, le critique de cinéma Serge Daney, le réalisateur Jacques Demy, l’écrivain Hervé Guibert, et les dramaturges Bernard-Marie Koltès et Jean-Luc Lagarce. Malgré la lourdeur du thème, on chante, on danse et on rit aux éclats devant Idoles, un spectacle poignant sur la maladie, le désir et la posture face à la mort. Le metteur en scène réussit à faire éclater les préjugés en menant une réflexion politique profonde sur les années 80-90’s, une époque clé de l’histoire de la communauté homosexuelle, qui souffre des deuils répétés et de la stigmatisation cruelle des médias et des politiques français.
Pourquoi vous allez aimer ? Un spectacle pointu, intellectuel et riche en émotions, on oscille entre les larmes et les gloussements pour se remémorer les temps forts d’une fin de siècle haute en couleur. Christophe Honoré (Marcello Mio, Les Chansons d’amour) réussit son pari et fait revivre les défunts du cinéma français le temps d’une soirée, en un véritable voyage à travers les époques. Marina Foïs, renversante, incarne (depuis 2018 où la pièce a été jouée au théâtre national de Bretagne puis au théâtre de l’Odéon, lui valant le Molière de la Comédienne en 2019) un Hervé Guibert détruit face à la mort de Michel Foucault. Jacques Demy est joué par la fabuleuse Marlène Saldana, qui nous livre une prestation de showgirl complètement déjantée comme on les adore. Un classique contemporain à voir une fois dans sa vie.
Les Idoles, Théâtre de la Porte Saint-Martin, 18 boulevard Saint-Martin, Paris 10e. Jusqu’au 6 avril 2025.
Roman Frayssinet à L’Olympia
Le pitch. Impossible de vraiment pitcher un spectacle de Roman Frayssinet ! Ce qu’on peut vous dévoiler, c’est que l’humoriste a encore des valises d’anecdotes hilarantes à nous raconter comme au café ! D’ailleurs, au café, il écoute les conversations de filles ignorant les red flags de leurs mecs. Il rit en repensant à ce monsieur à Monaco qui n’arrivait pas à sortir de sa Ferrari. Avoue que son appartement de banlieue est si grand que lui et son chat s’y perdent. Confesse avoir très envie de faire l’amour à une “grosse dame”. Raconte comme il perdait aux échecs contre le débile de son collège. S’émerveille de la pluie. Se méfie de son neveu élevé en Allemagne. Raconte n’avoir pas réussi à arrêter la clope. En clair : Roman raconte la vie comme personne, et on en redemande.
Pourquoi vous allez aimer ? On avait adoré ses premiers spectacles, entre les réflexions méta d’un Parisien sous psychotropes qui cherchait à apprivoiser son grand corps puis celles d’un humoriste que l’on reconnaît dans la rue, qui a troqué le chichon contre des soirées chill avec son chat sphynx. Les punchlines s’enchaînent sans fil apparent (et pourtant, le texte est ciselé) et l’impro semble s’imposer naturellement aux moments les plus opportuns dans ce petit bonbon qui file à la vitesse de la lumière.
Attention : ce nouveau seul-en-scène de Roman Frayssinet ne se joue pas en ce moment, mais il faudra être au taquet le 9 mars pour attraper les places de ses Olympia prévus pour novembre prochain. On vous prévient : le sold out va arriver très vite.
Roman Frayssinet dans Ô Delà, prochaines dates à partir du 26 novembre à l’Olympia, 28 boulevard des Capucines, Paris 9e. Réservations disponibles à partir du 9 mars.
© Quentin Eveno
ENcore une journée divine au théâtre des bouffes parisiens
Le pitch. Robert, un thérapeute et essayiste (qui adore parler de son roman), ne supporte plus de voir ses patients stagner sans aller mieux. Il abandonne les méthodes traditionnelles de réflexion et d’introspection, et met les pieds dans le plat. Interné en hôpital psychiatrique dans une chambre terne, froide et dénuée de décoration, il raconte à un confrère médecin et son infirmière ses ambitions de changer le monde, de révolutionner l’aide aux patients, de devenir riche et connu et d’enfin épouser Wendy. Mais Robert est-il vraiment interné par choix, pour son expérience ? Qu’est-il arrivé à son frère récemment disparu en mer, laissant derrière lui un frère éploré et une veuve ?
Pourquoi on a aimé ? Encore une journée divine sonne le retour de François Cluzet sur scène après 25 ans d'absence sur les planches. C’est un seul-en-scène captivant, dont l’intrigue est totalement déroutante : que croire lorsque le narrateur de l’histoire s’avère ne pas être fiable ? Le rôle campé par François Cluzet happe toute notre attention, car en réalité, le médecin de garde et l’infirmière n’apparaissent jamais sur scène : c’est au public qu’il adresse ses pensées. D’abord debout, agité et tonitruant, le personnage de Robert s’affaisse peu à peu, jusqu’à finir la pièce prostré et gémissant, absorbant totalement le public dans sa descente vers la folie. 1h30 de spectacle que l’on ne voit pas passer et qu’on voudrait déjà revoir !
Encore une journée divine au Théâtre des Bouffes Parisiens, 4 rue Monsigny, Paris 2e. Jusqu’au 18 avril 2025.
Peau d'homme au théâtre montparnasse
Le pitch. Venise, 16e siècle. Bianca doit épouser Giovanni, un homme dont elle ne connaît rien. Dévastée, elle consulte sa marraine, femme célibataire et inventrice un peu fofolle. Celle-ci lui révèle un secret : elle possède une peau d’homme, qui transforme quiconque la porte en garçon. Elle s’en vêtit, devient Lorenzo et part explorer le monde des hommes pour rencontrer et mieux connaître son promis. Mais c’est une révélation : les hommes vivent bien mieux que les femmes. Pourquoi eux peuvent-ils se baigner à la rivière, boire à la taverne et se faire pardonner l’adultère, alors que les femmes passent leurs journées silencieuses sur un tabouret à attendre un mari ou un bébé ? L’aventure de Bianca prend un tournant inattendu : son futur époux est gay, et il apprécie particulièrement Lorenzo, mais pas vraiment Bianca.
Pourquoi on a aimé ? On adorait déjà Laure Calamy dans Dix pour cent, dans Une Amie Dévouée ou encore dans Antoinette dans les Cévennes. Incarnant tantôt une Bianca ultra-féministe, tantôt un Lorenzo pas très familier avec les effusions de testostérone, elle nous fait rire à gorge déployée. Le clou du spectacle : les amis de Giovanni qui débarquent sur scène pour le carnaval de Venise… en drag. Peau d’homme est un spectacle féministe : après tout, la meilleure façon de dénoncer les privilèges des hommes, c’est en infiltrant leur milieu. Bonus : cette pièce de théâtre tend vers la comédie musicale, puisque les personnages s’élancent parfois en chansons, signées par nul autre que Ben Mazué ! De la commedia dell’arte en version 2025 !
Peau d’Homme au Théâtre Montparnasse, 31 rue de la Gaîté, Paris 14e. Jusqu’au 31 mai 2025.
numéro deux au théâtre tristan bernard
Le pitch. 1999, les auditions pour jouer le rôle de Harry Potter au cinéma sont ouvertes. Martin Hill, enfant de parents divorcés qui vit entre Londres et Paris, se retrouve le favori du casting. Motivé par son père adoré, il fait partie des deux finalistes, mais vous connaissez tous Daniel Radcliffe… car Martin Hill n’a pas été choisi. Peu après cet échec, sa vie devient un enfer. Son père décède en quelques mois d’une maladie, sa mère distante le récupère et se met en couple avec un homme qui le maltraite en secret. Martin grandit avec chaque année un nouvel opus de la saga qui lui rappelle la vie qu’il aurait pu avoir. Dépressif, isolé, il obtient un poste de vigile au Musée du Louvre, et rencontre Sophie. Comment Martin va-t-il dépasser ce mal-être que lui inspire son échec de casting vécu dix ans auparavant ?
Pourquoi on a aimé ? Que celui qui ne se programme jamais de marathon Harry Potter nous jette la première pierre philosophale. Numéro Deux, c’est un vrai retour en enfance, avec au programme : un gringalet aux lunettes rondes, la mélodie du générique si familière, les écharpes Gryffondor, les effets spéciaux de fumée et d’éclats de lumière. Mais loin d’être une réécriture de l’histoire du petit sorcier, cette pièce basée sur le livre de David Foenkinos raconte l’histoire fictive du dernier adversaire en lice pour le rôle d’Harry au cinéma. Cette infiltration dans les préparatifs de l’adaptation de la saga mondialement connue réjouit déjà les Potterheads de tous les âges !
Numéro Deux au Théâtre Tristan Bernard, 64 rue du Rocher, Paris 8e. Jusqu'au 2 mai.
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