C’est le personnage féminin le plus badass et sulfureux de la littérature française. Sortie de l’imagination de Choderlos de Laclos, la Marquise de Merteuil a été interprétée au cinéma par les actrices les plus glam’ (Glenn Close, Jeanne Moreau, Catherine Deneuve…) et représente aujourd’hui une figure d’empowerment. Cette icône piquante fait l’objet de la pièce de théâtre Merteuil écrite par Marjorie Frantz, qui se tient en ce moment au théâtre du Lucernaire. On vous raconte tout.
Une histoire de vengeance
Dès les premières secondes, le ton est donné : sur une version clavecin de Bad Guy de Billie Eilish, la marquise entre en scène. Effet waouh garanti : c’est une immersion totale dans l’univers des Liaisons Dangereuses que propose la pièce. Cette histoire écrite et interprétée par Marjorie Frantz se veut une suite possible aux Liaisons, plongeant les personnages 15 ans après la fin du livre.
Petit récap’ pour celles et ceux qui s’ennuyaient en cour de français : à la fin, le vicomte de Valmont, ami ++ de la marquise de Merteuil, est tué lors d’un duel par Danceny, amant secret de Cécile Volanges, utilisée par la marquise et le vicomte pour ridiculiser son futur époux, le comte de Gercourt. C’est après cette mort que sont révélées les perversions de la marquise, qui fuit aux Pays-Bas.
Dans cette version inventée du texte, Merteuil, de retour de son exil, sera convoquée par un billet pour ressasser les blessures du passé. On ne vous dira pas qui, où et comment, mais un ancien personnage des Liaisons est prêt à en découdre avec elle…
Une histoire de la féminité
“Née pour venger mon sexe et maîtriser le vôtre”, écrivait déjà Mertueil au Vicomte de Valmont dans les Liaison Dangereuses. Le personnage de la marquise est une figure sublimissime d’émancipation et de pouvoir du désir féminin, qui permet à la pièce de magnifiques tirades sur les inégalités de genres.
Ce personnage, éduqué et éclairé, revendique sa liberté et son indépendance grâce à une compréhension fine du comportement masculin qu’elle sait tourner à son avantage. Ce texte dépasse les intentions premières de Choderlos de Laclos par sa modernité, en évoquant les thèmes du consentement et des limite du viol, porté par deux actrices sensibles et pleinement imprégénées de leur rôles. Marjorie Frantz et Chloé Berthier nous offrent un moment aussi drôle qu’émouvant, où les querelles salées vont de paire avec l’exposition de la souffrance féminine.
Une pièce à voir absolument pour se refaire un shoot de féminisme, et en reprendre une dose en achetant le texte original de Marjorie Frantz à la librairie du Lucernaire.
Merteuil, au Théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs Paris 6e, du 8 mars au 7 mai, du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 17h. 01 45 44 57 34. De 10 à 28 €.
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