Chaud devant ! Prix Goncourt, Prix de Flore, Prix Médicis, Prix Renaudot, Prix Décembre... Comme chaque année, l’automne est synonyme de grands prix littéraires qui pleuvent jour après jour. Vous ne savez pas quel lauréat lire en priorité pour briller en soirée ou bouquiner devant un feu de cheminée ? Suivez le guide !
Et le Prix Goncourt est décerné à… Mohamed Mbougar Sarr pour La plus secrète mémoire des hommes
Le pitch. Difficile de résumer ce roman ambitieux qui remporte cette année le Graal des prix littéraires. Essayons tout de même. Diégane Latyr Faye, le narrateur, est un jeune écrivain sénégalais. Dans une mise en abyme narrative, il part à la recherche de l'écrivain malien T. C. Elimane, alias Yambo Ouologuem. Vous suivez ? On continue. La raison pour laquelle le narrateur enquête sur Yambo Oulologuem est simple : cet écrivain surnommé “le Rimbaud nègre”, d’abord encensé puis soupçonné de plagiat, est tombé en disgrâce après avoir remporté un prix Renaudot en 1938. Qu’est devenu cet auteur depuis ? Que s’est-il passé dans sa vie ? À travers l’investigation de Diégane Latyr Faye, Mohamed Mbougar Sarr évoque la littérature française et internationale pour leur faire une jolie déclaration d’amour.
Pour qui ? Contrairement à L’anomalie de Hervé Le Tellier (lauréat du Goncourt 2020), ce roman, moins grand public, s’adresse tout particulièrement aux féru·e·s de grande littérature et de romans contemplatifs. Comparé au grand écrivain chilien Roberto Bolano, le lauréat sénégalais de 31 ans se démarque par la portée politique de son livre et par sa plume sensuelle et parfois drôle.
Certes, ce roman est encensé (à raison) par la critique depuis sa sortie. Passez toutefois votre chemin si vous cherchez un roman moins cérébral ou un livre à l’intrigue bourrée de rebondissements.
La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr - Ed Philippe Rey (22 €)
Et le Prix Flore est décerné à… Abel Quentin pour Le voyant d’Etampes
Le pitch. Divorcé, alcoolique, insomniaque, un poil aigri et tout juste à la retraite, Jean Roscoff, un ancien universitaire, se lance dans l’écriture d’un ouvrage sur Robert Wislow, un poète noir américain mort et oublié. Très vite, le livre se retrouve victime d’un déferlement de critiques négatives. Pourtant bourré de bonnes intentions, ce boomer sexagénaire peine à comprendre le procès qui lui est intenté. Où cet ancien de SOS Racisme a-t-il péché pour les tenants du wokisme ?
Pour qui ? Ce roman, assez universel et profondément ancré dans l’actualité, devrait parler au plus grand nombre. Après Sœur, un premier roman sur une adolescente en perte de repère, l’auteur nous présente cette fois un anti-héros nostalgique des combats militants de sa jeunesse et légèrement has been sur l’évolution de la société. Spoiler : vous trouverez au moins un personnage auquel vous identifier dans ce roman grinçant qui interroge le politiquement correct dans une société où il est difficile de trouver sa place.
Le voyant d’Etampes de Abel Quentin - Ed de l’Observatoire (20 €)
Et le Prix Renaudot est décerné à… Amélie Nothomb pour Premier sang
Le pitch. Avec un père mort dans un accident de déminage, une mère peu attentionnée mais des grands-parents aimants, Patrick Nothomb grandit tant bien que mal dans une vie dont le sens lui échappe parfois. Tout juste devenu consul de Belgique au Congo, l’homme, devenu père, voit son existence prendre un goût tout particulier suite à un événement incontrôlable…
Pour qui ? Tout le monde ! Difficile de ne pas apprécier la langue et le récit de cette écrivaine prolifique dans cette autobiographie fictive si particulière où Amélie Nothomb parvient à se glisser dans la peau de son propre père. Une plume fluide, un récit sensible et émouvant sur un père admiré, un humour élégant, des rebondissements prenants… Un joli roman à mettre entre toutes les mains.
Premier sang de Amélie Nothomb - Ed Albin Michel (17,90 €)
Et le Prix Médicis est décerné à… Christine Angot pour Le voyage dans l’Est
Le pitch. Plus de vingt ans après la publication de L’inceste, l’auteure continue de démonter le mécanisme de ce crime indélébile. Ne vous y méprenez pas : si on peut, lors des premières pages, avoir l’impression d’avoir déjà lu ce livre, la suite déplace notre regard sur les mêmes faits.
Lorsqu’elle rencontre son père, la narratrice de quatorze ans est d’abord éblouie par cet homme brillant qu’elle admire. Mais tandis qu’il se montre de plus en plus libidineux, la jeune femme, piégée dans les griffes du prédateur, commence à s’éteindre à petit feu dans l’indifférence générale. Comment sortir du silence lorsque les adultes ne vous posent pas de question ?
Pour qui ? On conseille ce livre aux fans inconditionnel·le·s de l’écrivaine ou à celles et ceux qui souhaitent la découvrir pour la première fois dans ce concentré de talent. Articulé autour des mâchoires de l’emprise, écrit au scalpel : ce texte sur le poids du silence est certainement le plus puissant jamais écrit par Christine Angot, à l’heure où les langues se délient de plus en plus sur les violences sexuelles.
Le voyage dans l’Est de Christine Angot - Ed Flammarion (19,50 €)
Et le Prix Décembre est attribué à… Xavier Galmiche pour Le poulailler métaphysique
Le pitch. C’est l’histoire d’un professeur qui élève de la volaille en région parisienne. Parce qu’il a décidé de se rapprocher de la nature et de construire un poulailler pour subvenir à ses besoins alimentaires, le lecteur suit les déboires de ce citadin confronté pour la première fois à la campagne. Les scénettes s’enchaînent, parfois racontées du point de vue des poules qui s’interrogent sur des questions métaphysiques de la plus haute importance.
Pour qui ? Pour celles qui aiment les livres intelligents, originaux, drôles et philosophiques. Ne vous fiez pas au titre obscur du roman et faites-nous confiance : ce roman ne parle pas que de vagues histoires de basse-cour. Les réflexions du fermier narrateur invitent le lecteur à interroger sa propre humanité et à prendre de la hauteur sur notre monde parfois absurde.
L’avantage du Prix Décembre financé par la fondation Bergé-Yves Saint Laurent ? En s’élevant depuis 1989 comme “l’anti-Goncourt”, il nous permet de découvrir les oubliés des grands prix d’automne en décortiquant les ouvrages des petites maisons d’éditions ou les livres de primo-romanciers.
Le poulailler métaphysique de Xavier Galmiche - Ed Le Pommier (15 €)
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